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Note d'orientation
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  • 25.01.2023
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Enseignants réfugiés : Guide rapide

Ce guide fournit des recommandations de base en matière de planification et de programmation pour la gestion des enseignants réfugiés. Il est particulièrement adapté aux camps où les enseignants sont...
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  • 24.01.2023

"Investir dans les personnes et donner la priorité à l’éducation": ce que cela signifie pour un chef d’établissement

Cet entretien a été initialement publié par l’Institut international pour la planification de l’éducation de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) le 23 janvier 2023, en amont de la Journée internationale de l’éducation.


ShapeIl reste sept ans et 17 objectifs à atteindre pour respecter l’échéance des Objectifs de développement durable (ODD) pour les personnes, la planète et la prospérité. L’horloge tourne et la priorité doit être donnée à l’éducation pour accélérer les progrès vers la réalisation de l’ensemble des ODD, en particulier dans un contexte d’inégalités croissantes et de défis en rapide évolution. 

À l’occasion de la Journée internationale de l’éducation, l’Institut international pour la planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO s’est entretenu avec des responsables de la planification du secteur de l’éducation et des décideurs politiques afin de connaître leurs objectifs, alors que 2030 approche à grands pas. Leurs témoignages marquent également le début d’une année de célébration à l’occasion du 60e anniversaire de l’IIPE, qui permettra d’ouvrir une réflexion sur l’avenir de la planification de l’éducation et de l’apprentissage pour tous. 

Hyacinth Bramble-Browne est directrice adjointe de l’unique école secondaire de l’île de Montserrat, dans les Caraïbes. Elle est également responsable de la planification de l’éducation et a occupé les fonctions de Présidente de l’Association des futurs enseignants de l’IIPE de l’UNESCO, tout en participant à un programme de formation d’une année au sein de l’Institut, de 2015 à 2016. Mme Bramble-Browne nous fait part de son point de vue sur cette journée importante pour l’éducation. 

La Journée internationale de l’éducation est importante pour moi, car elle constitue une occasion – non seulement au niveau local, mais aussi pour tous les éducateurs – de se pencher sur les problèmes auxquels l’éducation est confrontée et de chercher des solutions. Cette journée nous permet de planifier et d’organiser des discussions axées sur la recherche de solutions et le partage des bonnes pratiques avec nos parties prenantes, tout en étant à l’écoute de ce qui se passe au niveau régional et international. Nous espérons tirer parti des bonnes pratiques partagées et obtenir des avancées positives pour la réalisation des objectifs 2030 en matière d’éducation. 

Dans le cadre de mes fonctions actuelles, je dois veiller à ce que l’éducation secondaire réponde aux besoins de l’ensemble des élèves, et à ce que chaque enfant soit valorisé. À Montserrat, le système éducatif est inclusif et universel. Tous les élèves sont les bienvenus et les cours proposés par les écoles primaires publiques et l’unique établissement secondaire public sont gratuits. Cela signifie qu’en tant que chef d’établissement, je dois apporter mon soutien aux enseignants afin de veiller à ce qu’ils se sentent en confiance et à ce qu’ils disposent des outils nécessaires pour présenter le contenu pédagogique, mais aussi véhiculer des valeurs morales et sociales qui permettront aux élèves de trouver facilement leur place dans le monde du travail et de se montrer efficaces dans la poursuite de leurs études. 

Le monde doit investir dans l’éducation, car un enseignement de qualité apporte une valeur ajoutée à chaque pays. Des recherches indiquent qu’améliorer la qualité et le niveau d’éducation dans un pays contribue à accroître son produit intérieur brut (PIB). Indépendamment de ce constat, un enseignement de meilleure qualité a des répercussions positives dans le domaine de la santé et dans d’autres secteurs sociaux, entraînant ainsi une amélioration généralisée du niveau de vie. Si nous ne consacrons pas les fonds nécessaires à la mise en place d’un système éducatif de qualité et approprié, nous serons alors contraints de dépenser cet argent dans d’autres secteurs sociaux tels que la santé, les services sociaux, le logement, les prisons, etc. 


L’ensemble des entretiens réalisés par l’IIPE de l’UNESCO en vue de déterminer le sens que les responsables de la planification et les décideurs politiques attribuent à l’expression « investir dans les personnes et donner la priorité à l’éducation » sont disponibles ici

Crédit photo : Hyacinth Bramble-Browne 

Légende : Hyacinth Bramble-Browne, directrice adjointe de l’unique école secondaire de Montserrat, dans son bureau. 

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  • 21.11.2022

#LesEnseignantsTransforment les écoles qui ont du mal à recruter : une enseignante aide ses élèves à réussir envers et contre tout

« Il y a tellement d’enseignants prêts à redoubler d’efforts, mais ils ne devraient pas avoir à risquer leur vie. Afin qu’ils puissent accéder aux outils dont ils ont besoin pour aider leurs élèves, des dispositifs et des structures de soutien doivent être mis en place. »

Il y a tout juste dix ans, le lycée d’Oke-Odo de Lagos, au Nigeria, était l’un des établissements les moins performants du pays, et l’un des plus difficiles à pourvoir en personnel. Aujourd’hui, les élèves qui y sont inscrits s’illustrent brillamment dans les concours internationaux, et le lycée affiche des taux de réussite aux examens qui en font de lui un modèle à suivre pour les autres établissements. 

Comment ce changement a-t-il été possible ?

Situé dans le district d’Alimosho, le lycée d’Oke-Odo dessert, aux côtés de trois autres établissements d’enseignement secondaire, une communauté défavorisée qui compte plus de 1,3 million de personnes. Il se trouve à quelques kilomètres de deux des marchés les plus importants du pays, et à proximité de l’une des principales décharges de la région. Au premier abord, il peut s’avérer difficile de faire abstraction du bruit, de l’agitation et de l’odeur dégagée par les déchets en décomposition. 

Pourtant, quand Adeola Adefemi a commencé à enseigner dans l’établissement en 2013, elle ne s’est pas attardée sur le décor et a su déceler le potentiel de ses élèves.

« J’ai examiné leur visage, et je me suis dit : “Ce n’est pas leur faute.” L’endroit où ils sont nés ne devrait pas avoir d’incidence sur leur avenir. Je me suis rendu compte à quel point ils étaient résilients, et j’ai su que ma mission était d’amorcer le changement en eux, afin qu’ils puissent transformer leur communauté. »

Le lycée d’Oke-Odo n’est qu’un exemple parmi les milliers d’établissements scolaires dans le monde qui rencontrent des difficultés pour attirer des enseignants qualifiés. Des travaux de recherche menés par le Center for Global Development montrent que les écoles des quartiers pauvres qui obtiennent de mauvais résultats ont du mal à recruter du personnel. Les établissements implantés dans des zones urbaines très défavorisées disposent parfois de fonds discrétionnaires moins importants ou d’équipements plus limités. Cela pose des difficultés récurrentes en matière d’embauche et de rétention du personnel enseignant, notamment en ce qui concerne les professionnels les plus qualifiés.

Donner aux élèves l’occasion de briller

Adeola n’a pas laissé le manque de moyens disponibles dans son établissement faire obstacle à l’exercice de son métier. Bien au contraire, elle a créé plusieurs groupes proposant des activités extrascolaires axées sur la poésie, l’écriture, l’éloquence, l’art du débat et le théâtre au sein du lycée. Elle a ensuite commencé à inscrire ses élèves à des concours interscolaires ou organisés aux niveaux local et national afin de leur donner confiance en eux. 

En moins d’un an, le lycée avait remporté plus de 30 compétitions locales et internationales.

« Dès le tout début, l’une de mes priorités a été de tisser des liens avec mes élèves. Beaucoup d’entre eux vivent dans des conditions très difficiles. Certains sont les principaux soutiens financiers de famille : ils viennent à l’école pendant la journée puis vont travailler au marché le soir.

Je voulais aider mes élèves à croire en eux et à réaliser qu’ils ne sont pas prisonniers de leur milieu. C’est pour cela que j’ai lancé le programme de mentorat Every Child Counts et la campagne Child Not Bride, qui s’appuie sur la poésie et le théâtre pour éveiller les consciences au sujet des risques liés aux mutilations génitales féminines et au mariage d’enfants.

L’une de mes expériences les plus encourageantes a été de voir un élève surmonter son bégaiement et ses difficultés d’apprentissage afin de représenter le Nigeria lors d’un concours organisé au Royaume-Uni », se souvient Adeola. « Il a remporté le concours d’expression écrite ! Aujourd’hui il suit des études pour devenir ingénieur en métallurgie.

Son histoire est très motivante pour moi, mais aussi pour les autres élèves. Imaginez ce que nous pourrions accomplir si nous avions accès à un soutien et des moyens supplémentaires ! »

Les obstacles qui nuisent à l’attractivité des écoles 

Outre le faible salaire accordé aux enseignants, Adeola pense qu’il existe trois obstacles majeurs qui poussent les enseignants qualifiés et passionnés par leur métier à ne pas s’orienter vers des établissements scolaires tels que le lycée d’Oke-Odo. 

« L’un des problèmes principaux tient au fait que les classes sont surchargées. Non seulement il est difficile d’enseigner lorsqu’il y a trop d’élèves dans une classe, mais cela crée aussi du travail supplémentaire. Les enseignants se retrouvent parfois obligés de corriger plus d’un millier de copies par semaine. C’est tout bonnement impossible. »

Adeola est également convaincue que la sécurité constitue un enjeu essentiel pour les écoles qui ont du mal à recruter. 

« Lorsque l’on enseigne dans un établissement comme celui-ci, on fait face quotidiennement à un grand nombre de problèmes sociaux ou liés à la sécurité. Dans des quartiers aussi surpeuplés et défavorisés, il y a beaucoup de violence dans les foyers, et cela s’immisce dans les classes. J’ai déjà aidé plusieurs de mes élèves à signaler des abus sexuels, et il m’a fallu trouver des services adaptés pour les accompagner dans la gestion de leur traumatisme. J’ai également dû rendre visite aux parents d’une jeune fille pour les convaincre de la laisser continuer ses études au lieu de se marier. J’ai été très souvent exposée à des risques, au sein du lycée comme à l’extérieur. »

Adeola considère également qu’il est crucial de fournir un soutien aux enseignants. « Nous avons besoin d’être soutenus pour pouvoir faire notre métier. Nous devons avoir accès tant aux ressources de base, comme les livres et les fournitures de bureau, qu’aux outils numériques, aux structures d’aide sociale et à l’appui des pouvoirs publics.

Nous assumons de lourdes responsabilités envers les apprenants. Notre mission ne se limite pas à enseigner. Nous défendons la cause de nos élèves et les aidons à construire une vie meilleure. Nous avons besoin de savoir que lorsque nous signalons des problèmes, par exemple des cas de viol ou de mariage forcé dans nos classes, ceux-ci seront traités rapidement par les autorités.

« Il y a tellement d’enseignants prêts à redoubler d’efforts, mais ils ne devraient pas avoir à risquer leur vie. Des dispositifs et des structures de soutien doivent être établis afin que nous puissions accéder aux outils dont nous avons besoin pour aider nos élèves. »

Comment attirer davantage d’enseignants vers les écoles qui ont du mal à trouver du personnel ?

Pour contribuer à la résolution des problèmes liés aux surcharges de classes et au manque de soutien, des financements publics supplémentaires peuvent être alloués aux établissements scolaires des zones les plus pauvres en vue de les aider à accroître leurs effectifs d’enseignants, à construire des salles de classe supplémentaires et à mettre en place de nouvelles structures d’appui. 

La recherche montre que dans les pays à faible revenu, la part des ressources de l’enseignement public destinée aux enfants les plus pauvres ne s’élève qu’à 10 %, alors que cette proportion s’élève à 38 % pour les enfants les plus favorisés. Les pouvoirs publics doivent adopter des politiques d’affectation des ressources expressément destinées aux enfants les plus vulnérables. 

La boîte à outils, élaborée par l’Institut international de planification de l’éducation à l’intention des enseignants, souligne les difficultés rencontrées pour attirer le personnel enseignant féminin et assurer sa sécurité. Pour qu’il soit possible de créer des espaces d’enseignement et d’apprentissage protégés au sein des écoles, les politiques scolaires doivent s’attaquer à la violence liée au genre, encourager la création d’un réseau permettant aux enseignants de se soutenir mutuellement, et prévoir des programmes de mentorat. 

La réussite des élèves d’Adeola prouve que les enseignants qui se passionnent pour leur métier peuvent contribuer à transformer la vie des apprenants et de leur communauté. Il convient toutefois de se demander combien d’enfants supplémentaires pourraient voir leur vie s’améliorer si l’on mobilisait davantage de moyens pour répondre aux besoins des enseignants dans les écoles connaissant des difficultés de recrutement.

« Je pense que le souhait le plus cher de chaque enseignant est de bénéficier d’un soutien : celui des autres membres de la profession, de la direction de son établissement, des parents, de la communauté, et des pouvoirs publics. Nous avons besoin de savoir que nous ne sommes pas seuls. »

Pour en savoir plus :

Crédit photo : Adeola Adefemi