Aller au contenu principal
Blog
  • 08.08.2022

L’éducation au climat dans le cadre de #TeachersTransform : comment le Climate Action Project est devenu un mouvement mondial

Valise solaire portable avec batterie et panneau photovoltaïque, briques écologiques, électricité issue de l’eau de mer, récifs coralliens imprimés en 3D… Ce ne sont là que quelques-unes des solutions innovantes imaginées et mises en œuvre par les enseignants et apprenants participant au Climate Action Project.

Professeur d’informatique, le Belge Koen Timmers a créé le Climate Action Project en 2017. Il souhaitait ainsi créer une ressource pour aider les enseignants à intégrer le changement climatique dans leurs programmes. Il ne s’attendait pas à ce que son projet devienne un mouvement mondial en seulement cinq ans.

Le Climate Action Project contribue à transformer l’éducation et à soutenir les enseignants en intégrant le changement climatique et les modes de vie durables dans les programmes scolaires. Il promeut également une perspective mondiale, en encourageant le dialogue et la collaboration entre apprenants de différents pays.

À ce jour, plus de 10 millions d’apprenants de 107 pays ont participé à ce cours en ligne de six semaines soutenu par le Dr Jane Goodall, défenseur de l’environnement de renommée mondiale, mais aussi Amnesty International, Microsoft, le WWF, la NASA, l’UNESCO, le Programme des Nations Unies pour l’environnement et les Ministères de l’éducation de 16 pays.

L’enseignement transformateur encourage les apprenants à passer à l’action

« Le changement climatique est un phénomène qui touche tout le monde, partout. J’ai créé ce projet pour que les étudiants et les enseignants du monde entier puissent en discuter ensemble, apprendre les uns des autres et passer à l’action », explique Koen. Telle est, selon lui, la clé du succès de ce projet.

« On peut apprendre en consultant un manuel, en écoutant un enseignant, en lisant un journal. Mais dans tous ces cas, on se limite à un seul point de vue », déclare Koen. « En revanche, lorsqu’on discute avec une personne qui vit sur un autre continent et avec laquelle on partage des passions (comme le football ou la durabilité), une relation se construit. »

Utiliser la technologie pour transformer et étendre les plateformes d’enseignement

La passion de Koen a toujours été de contribuer à la transformation du domaine de l’éducation. « Je voulais exercer un métier en contact avec les gens. J’adore expliquer des choses et je voulais me consacrer à une activité utile à la société, alors je suis devenu enseignant. »

Depuis 2016, Koen a participé à la mise en place et à l’équipement d’un centre d’apprentissage dans le camp de réfugiés de Kakuma.  Grâce à ce centre, plus de 420 enseignants de 75 pays proposent des cours en ligne aux apprenants du camp de réfugiés.

« Dans ces cours, les apprenants de divers pays peuvent avoir des conversations enrichissantes avec les apprenants de Kakuma », explique Koen. « Ce dialogue aide tous les apprenants à adopter une vision globale et à déconstruire les stéréotypes. » 

C’est cette interaction en ligne entre apprenants du monde entier qui a inspiré Koen à créer le Climate Action Project.

Le Climate Action Project au service de la poursuite des ODD

Au-delà de créer une ressource pédagogique utile, Koen souhaitait que son projet contribue à l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) en offrant aux enseignants et aux apprenants une plateforme promouvant un changement positif dans le monde.

« Je voulais permettre aux étudiants du monde entier d’entrer en relation, de faire part de la manière dont le changement climatique les touche et de proposer des solutions. »

« Ce qui m’a le plus surpris à propos du Climate Action Project, c’est sans doute la diversité des histoires de chacun », déclare Koen.

En Irlande, des participants ont convaincu le gouvernement de créer un nouveau logo pour les plastiques recyclables, tandis que des apprenants en Inde ont fabriqué une voiture à énergie solaire. Au Malawi, des étudiants ont planté 60 millions d’arbres. Aux États-Unis, d’autres étudiants ont fabriqué une batterie portable à énergie solaire logée dans une valise. D’autres encore ont conçu leurs propres briques écologiques en Indonésie.

Koen et ses partenaires ont également créé l’application EarthProject qui permet aux utilisateurs de suivre leurs comportements respectueux du climat, tels que la réduction de la consommation de viande rouge, l’achat de téléphones reconditionnés ou le covoiturage. L’application calcule la réduction d’émissions de carbone que permet chacune de ces actions.

Elle montre que l’intégration d’une initiative telle que le Climate Action Project dans les programmes scolaires est un moyen de transformer l’éducation et d’atteindre les ODD.

« Les élèves ne font pas qu’approfondir leurs connaissances du changement climatique. Ils passent à l’action et trouvent des solutions durables. »

Faire des enseignants et des apprenants une priorité est à la clé de  la transformation de l’éducation

Bien que Koen soutienne l’utilisation des technologies en tant que ressource pédagogique, il est convaincu que rien ne remplace un enseignant passionné et compétent.

« Nous devons revaloriser la rémunération des enseignants afin de réintégrer les meilleurs enseignants dans les salles de classe. Pour réussir dans la vie, il faut savoir résoudre des problèmes, filtrer les fake news et nouer des relations avec des personnes différentes de soi. C’est ainsi que les enseignants peuvent aider leurs élèves à adopter une perspective globale. Là est, à mon sens, l’avenir de l’éducation. »

En savoir plus sur la campagne #TeachersTransform dans le cadre du Sommet sur la transformation de l’éducation.

Note d'orientation
  • pdf
  • 01.09.2023
  • EN  |  ES

Former des enseignants compétents en Amérique latine

Cette note d’orientation synthétise le débat mondial sur la formation d’enseignants compétents et le relie au contexte latino-américain. Elle aborde diverses approches de la sélection des enseignants...
Note d'orientation
  • pdf
  • 01.09.2023
  • EN  |  ES

Former des enseignants compétents en Amérique latine

Cette note d’orientation synthétise le débat mondial sur la formation d’enseignants compétents et le relie au contexte latino-américain. Elle aborde diverses approches de la sélection des enseignants...
Blog
  • 06.07.2022

Les enseignants ont besoin de formation et de soutien, et pas seulement d’une connexion Internet, pour assurer un enseignement à distance de qualité

Cet article se fonde sur les résultats du rapport Apprentissage à distance et formation des enseignants – Leçons tirées des Caraïbes, publié récemment par l’Équipe spéciale sur les enseignants. Il a été rédigé par Anna C. Conover, consultante.


L’enseignement et l’apprentissage à distance ont rapidement pris de l’ampleur depuis la pandémie de COVID-19 et les premières fermetures d’écoles en 2020. Cette transition a mis en évidence la grande fracture numérique qui existe dans de nombreux pays où l’accès universel a été rendu impossible par un manque d’accès aux appareils électroniques, aux contenus en ligne et à une connexion Internet. Tout aussi cruciale, la transition a mis en lumière la nécessité de mieux former les enseignants aux compétences numériques et aux compétences pédagogiques associées.

Cependant, malgré ce besoin urgent, les ministères de l’Éducation de nombreux pays en sont seulement à l’intégration des normes et des compétences liées aux technologies de l’information et de la communication dans leurs politiques relatives aux enseignants. En outre, les programmes traditionnels de formation des enseignants n’abordent pas toujours suffisamment les compétences numériques et les compétences pédagogiques liées à ce domaine, que ce soit dans le cadre de la formation initiale ou dans le cadre de la formation professionnelle continue.

La formation des enseignants peut contribuer à améliorer l’expérience de l’apprentissage à distance pour les apprenants et les enseignants

Afin de répondre à la demande de formation à l’apprentissage à distance et à l’intégration des technologies dans les petits États insulaires en développement (PEID) des Caraïbes, le projet d’enseignement à distance et de formation des enseignants dans les PEID des Caraïbes a été créé afin de renforcer les capacités des systèmes éducatifs nationaux. L’Équipe spéciale sur les enseignants, la Coalition mondiale pour l’éducation de l’UNESCO, Blackboard, le Centre caribéen pour la planification de l’éducation, le bureau de l’UNICEF en Jamaïque et le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement ont collaboré afin d’élaborer, de mettre en œuvre et de suivre ce programme.

Ce programme, qui s’appuie sur le projet pilote Développement professionnel des enseignants pour l’apprentissage mixte et les stratégies en ligne lancé en 2020, a été créé afin de renforcer les compétences numériques des enseignants ainsi que leurs compétences pédagogiques dans ce domaine. Le programme a suivi une approche holistique et adaptée au contexte pour renforcer la capacité des enseignants à garantir que les élèves les plus vulnérables ne soient pas laissés pour compte pendant la crise.

Le projet visait à relever plusieurs défis, notamment à maintenir les niveaux de mobilisation et d’interaction lors de l’apprentissage, à transformer des contenus en formats adaptés à l’apprentissage en ligne, à relever les défis liés à la gestion des écoles, comme le respect des horaires scolaires, et à travailler auprès d’étudiants aux besoins différents. Le soutien apporté dans ces domaines a également permis de se pencher sur le bien-être psychosocial des enseignants. En effet, le passage abrupt à l’enseignement en ligne a perturbé les vies professionnelle et privée des enseignants, entraînant de nombreux bouleversements émotionnels et incertitudes.

Une formation élaborée avec soin, des supports éducatifs modulables et une communauté solidaire sont essentiels à un apprentissage efficace

Le programme a permis de tirer une leçon clé : il est primordial d’appliquer des normes exigeantes pour la conception et le contenu des programmes d’études, et de garantir d’importantes capacités de collaboration et de mise en œuvre. Les plateformes en ligne et les systèmes de gestion de l’apprentissage doivent être intuitifs et faciles d’utilisation, les cours doivent prévoir différentes formes d’interaction et d’échanges entre les étudiants et les enseignants, et il convient de consacrer du temps et un espace à la collaboration, à la réflexion et à l’expérimentation. Puisque la participation des parents est essentielle au bon fonctionnement de l’apprentissage à distance, les cours doivent comprendre des guides pour les parents, ainsi que des moyens fiables leur permettant de communiquer avec les enseignants.

L’une des tâches les plus chronophages et complexes pour les enseignants qui passent à l’apprentissage à distance est de préparer et d’adapter les supports éducatifs. Les formations des enseignants devraient donc comprendre des guides sur les outils à utiliser afin de faciliter leur travail, par exemple des exercices interactifs permettant d’évaluer les apprenants à distance. Si possible, les programmes devraient utiliser des supports disponibles en open source, ou mentionner explicitement les conditions liées aux droits d’auteur lorsque cela est nécessaire, afin de faciliter leur déploiement à grande échelle et de permettre aux enseignants de les réutiliser plusieurs fois.

Les enseignants qui ont participé au programme de formation ont particulièrement aimé faire partie d’une communauté de pratique, car cela leur a permis de prendre contact avec des experts de l’enseignement à distance, mais aussi avec d’autres enseignants se trouvant dans des situations similaires, dans leur pays et dans leur région. Ce sentiment d’appartenance à un réseau de soutien et leurs compétences récemment acquises ont renforcé leur confiance professionnelle et personnelle et les ont poussés à utiliser les technologies numériques et les compétences associées dans leurs classes.

La formation des enseignants à l’enseignement à distance doit préparer les enseignants à créer des environnements d’apprentissage inclusifs en ligne

L’éducation inclusive doit être l’une des priorités de l’apprentissage à distance. Même si ce type d’apprentissage restreint les interactions entre les enseignants et les étudiants (puisqu’il limite, par exemple, les communications plus spontanées et gestuelles), il peut aussi représenter une occasion de promouvoir l’inclusion. Il est essentiel d’élaborer les cours en gardant en tête leur accessibilité afin de créer des environnements d’apprentissage inclusifs. Par exemple, afin de répondre aux besoins des apprenants présentant un handicap, il convient de prévoir plusieurs manières pour les participants d’accéder aux supports éducatifs et de participer aux cours. Il est par exemple possible de proposer des discussions asynchrones* ou synchrones** ainsi que des méthodes multimodales (visuelles, orales, textuelles, etc.) pour transmettre les informations, et de proposer des contenus téléchargeables et des contenus en direct.

Dans les contextes multilingues, il est essentiel de s’adapter aux besoins linguistiques des enseignants. Dans le programme relatif aux PEID, le contenu des cours était souvent disponible uniquement en français et en anglais. Cependant, afin de permettre aux participants de mener des discussions dans la langue dans laquelle ils sont les plus à l’aise, les animateurs doivent leur permettre de créer des sous-groupes en ligne afin qu’ils puissent participer en utilisant une autre langue.

La flexibilité est un élément clé de la planification de la formation des enseignants

La formation à l’enseignement en ligne destinée aux enseignants doit être flexible ; en effet, les enseignants ont souvent plusieurs tâches, parfois imprévues, à gérer. Le contenu des cours, le rythme et les tâches doivent être adaptés tout au long du programme en fonction des besoins changeants des participants. Cet aspect est particulièrement important lors de situations d’urgence. Pour garantir la transparence de l’accréditation et entretenir la motivation des enseignants, les cours doivent s’adapter à leurs contraintes temporelles et leur offrir différents niveaux de certification et de micro-certificats portant sur des compétences spécifiques aux technologies de l’information et de la communication.

Une planification minutieuse qui tient compte des calendriers scolaires et des besoins d’accessibilité des enseignants et l’organisation de bonnes campagnes de communication sont essentielles pour garantir une participation importante et la présence durable des enseignants lors de la formation. L’inscription doit être facile et accessible en ligne et ne doit pas poser de difficultés particulières. De manière générale, les formations dédiées aux enseignants ne doivent pas être prévues au début ou à la fin de l’année scolaire, car il s’agit de périodes durant lesquelles les enseignants sont très occupés. Il faut également éviter les vacances d’été, pendant lesquelles de nombreux enseignants ne sont pas disponibles.

Les partenariats jouent un rôle important dans l’élaboration de programmes de formation à l’enseignement à distance

Les partenariats sont particulièrement importants dans le cadre de l’enseignement à distance, car celui-ci exige de maîtriser d’importants savoir-faire et de disposer de nombreuses ressources, notamment d’appareils coûteux, d’une bonne connexion Internet, de logiciels éducatifs, de ressources éducatives libres, ainsi que d’une expérience pédagogique et organisationnelle. Étant donné que l’accessibilité à une connexion Internet et la disponibilité des appareils constituent souvent un obstacle à l’éducation en ligne, les gouvernements et les parties prenantes devraient développer des partenariats avec les entreprises technologiques et les fournisseurs d’accès à Internet afin d’identifier des solutions, tout en veillant à ce que la sécurité des données et la vie privée des participants soient respectées.

Les technologies éducatives se sont révélées très utiles pour assurer la continuité de l’éducation dans les situations d’urgence. De plus en plus présentes dans toutes les sociétés, elles font également partie des outils de base nécessaires pour participer pleinement à la vie de notre monde contemporain. Cependant, il ne servira à rien d’investir dans ces technologies si nous n’investissons pas dans les compétences numériques et pédagogiques des enseignants. La formation initiale et continue des enseignants doit donc être repensée afin d’intégrer ces compétences et ces technologies. Les enseignants, qui ont vécu en première ligne les difficultés liées à l’enseignement à distance, mais également les possibilités qu’il offre, doivent participer à l’élaboration, à la mise en œuvre et au suivi de l’apprentissage à distance et de l’intégration de ces technologies. Ils doivent donc être au cœur de la transformation générale de l’éducation.

Glossaire 

*Apprentissage en ligne asynchrone : Enseignement et apprentissage qui se déroulent en ligne à un moment différent de celui où l’enseignant dispense ses cours.

*Apprentissage en ligne synchrone : Enseignement et apprentissage qui se déroulent en ligne au même moment, mais pas au même endroit que les enseignants et/ou les autres apprenants.

Crédit photo : Abir Roy Barman/Shutterstock.com

Blog
  • 28.06.2022

Transformer notre compréhension des enseignant.e.s réfugié.e.s et de l’enseignement dans les contextes de déplacement forcé

Chris Henderson, coprésident de la Inter-agency Network for Education in Emergencies (INEE) Teachers in Crisis Contexts (TiCC) Working Group et Teachers College, Columbia University.


Dans les zones d’installation de populations réfugiées, les enseignant.e.s contribuent plus que tout autre facteur scolaire à l’apprentissage et au bien-être des enfants. Les enseignant.e.s réfugié.e.s sont en outre armés de solides connaissances locales et d’une volonté d’améliorer la réponse aux crises, ainsi que les résultats sur le plan de la sortie de crise. Pourtant, malgré leur rôle crucial et le contexte difficile dans lequel ils assurent la continuité de l’apprentissage, les enseignant.e.s réfugié.e.s ne reçoivent pas toujours le soutien dont il.elle.s ont besoin.

Bien que visibles auprès des acteurs du secteur de l’éducation dans le domaine humanitaire, il.elle.s continuent d’être largement ignorés dans les examens sectoriels des systèmes éducatifs nationaux qui orientent la planification pluriannuelle de l’éducation, ainsi que dans les budgets qui prennent en compte les besoins des enseignant.e.s. Il convient donc d’accorder une plus grande attention aux difficultés que ces enseignant.e.s rencontrent et de les inclure dans les plans visant à la réalisation de l’ODD 4.

Des conditions d’enseignement difficiles

Les enseignant.e.s travaillant dans les zones abritant des populations réfugiées sont confronté.e.s à des conditions de travail particulièrement éprouvantes. En effet, les régions où les personnes réfugiées sont autorisées à s’installer sont souvent dépourvues de salles de classe adéquates, de matériel pédagogique et d’autres ressources de base. Les salles de classe sont plus susceptibles d’être surpeuplées, multi-âges, multi-aptitudes et multilingues, surtout dans les premières années, lorsque sont enseignées les compétences de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul. Les enseignant.e.s sont souvent obligé.e.s d’enseigner par roulement, couvrant moins de matière en moins de temps, avec des attentes moindres en termes de résultats d’apprentissage. Il.elle.s peuvent également être amené.e.s à enseigner des matières dans une deuxième ou troisième langue, ou à recourir à des méthodes pédagogiques hybrides.

Par ailleurs, les enseignant.e.s réfugié.e.s travaillent avec des enfants et des jeunes qui ont vécu ou ont été témoins des souffrances aiguës et chroniques de leurs familles et de leurs proches. Ces enfants et ces jeunes sont plus susceptibles de présenter des troubles de l’apprentissage ou du comportement liés non seulement à l’interruption de leur éducation, mais aussi aux difficultés qu’il.elle.s rencontrent au quotidien.

Manque de possibilités de formation

Là où des opportunités de développement professionnel avant et pendant le service existent pour les enseignant.e.s réfugié.e.s, elles tendent à être sporadiques et de qualité variable. La diversité des acteurs non étatiques qui apportent un soutien à la gestion et au développement des enseignant.e.s dans des contextes de déplacement forcé limite également les réponses prévisibles et durables aux besoins professionnels, personnels et familiaux des enseignant.e.s.

Un parcours professionnel incertain

La plupart des enseignant.e.s réfugié.e.s vivent là où leur droit à la protection internationale est reconnu, ce qui signifie, en somme, qu’il.elle.s ont le droit de ne pas être renvoyés de force dans leur pays d’origine. Or, la protection des personnes réfugiées ne garantit pas nécessairement la reconnaissance des qualifications pour l’emploi, ni l’accès à des opportunités de développement professionnel continu lorsque les enseignant.e.s ne sont pas diplômé.e.s ou sont sous-qualifié.e.s.

Il est temps de reconnaître le rôle des enseignant.e.s réfugié.e.s

Il nous arrive si souvent de défendre la cause des enseignant.e.s et de rendre hommage à leur travail. Pourtant, en tant que responsables politiques et professionnel.le.s du secteur humanitaire, nous nous devons de joindre la parole à l’acte et de respecter notre engagement envers la profession en réimaginant et en transformant notre compréhension commune des enseignant.e.s et de la valeur de leur travail dans les contextes d’accueil de personnes réfugiées. Sans un soutien et une reconnaissance suffisants des enseignant.e.s réfugié.e.s, l’accès à l’éducation et les résultats d’apprentissage des enfants touchés par le déplacement forcé resteront précaires et l’objectif 4 des ODD ne sera pas atteint.

Il est donc temps d’accorder aux enseignant.e.s réfugié.e.s le statut et les conditions qu’il.elle.s méritent et dont il.elle.s ont désespérément besoin ; il est temps de donner une visibilité aux enseignant.e.s réfugié.e.s. Un mouvement vers l’inclusion des personnes réfugiées au sein des systèmes éducatifs nationaux suite à l’adoption du Pacte mondial sur les réfugiés (GCR) en 2018 offre une opportunité d’action. Il s’agit d’accorder un soutien prévisible et durable pour les enseignant.e.s réfugié.e.s, un développement professionnel continu et l’accès à des conditions de travail équitables et décentes.

Vers une compréhension commune des enseignant.e.s dans les contextes d’accueil de réfugié.e.s

Afin d’inclure les points ci-dessus à l’ordre du jour de la Piste d’action 3 – enseignants, enseignement et profession enseignante – du Sommet « Transformer l’éducation », et d’œuvrer en faveur d’une compréhension commune des enseignant.e.s et de l’enseignement dans les contextes d’accueil des réfugiés, le HCR, l’INEE et l’Internationale de l’Éducation (IE) organiseront conjointement une réunion dans le cadre du prochain pré-Sommet « Transformer l’éducation » à Paris.

Nous réunirons les représentant.e.s de gouvernements, des Nations Unies, des organisations internationales non gouvernementales et des organisations de la société civile aux côtés d’enseignant.e.s et de jeunes réfugié.e.s du Tchad, du Kenya et du Venezuela pour discuter et débattre des défis suivants :

  1. Qui considérons-nous comme des « enseignant.e.s » dans les contextes d’accueil des réfugié.e.s ? De nouvelles définitions et conditions préalables à l’entrée dans la profession pourraient-elles constituer une partie de la solution à la pénurie mondiale d’enseignant.e.s ?
  2. Comment, le cas échéant, reconnaître et régulariser les enseignant.e.s communautaires et réfugié.e.s comme partie intégrante du corps enseignant professionnel dans les contextes d’accueil des réfugié.e.s ?
  3. Quelles sont les limites ou les obstacles des cadres juridiques et des mécanismes de financement actuels, et quelles sont les approches innovantes qui existent pour surmonter les difficultés de financement ?

Cette session sera également l’occasion de donner la parole aux enseignant.e.s et aux jeunes réfugié.e.s afin de leur permettre de partager leurs expériences et de contribuer à l’élaboration d’un programme de transformation des services d’éducation dans les contextes de crise à l’échelle mondiale.

L’un des principaux résultats de cette réunion consistera en un ensemble de recommandations, élaborées par les facilitateur.rice.s de la réunion représentant l’INEE, le HCR et l’IE, et soumises à l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 en vue de leur examen et leur inclusion dans les déclarations ultérieures du sommet Transformer l’éducation relatives à la Piste d’action 3.

Nous vous invitons à participer en personne ou via webcast à cette importante réunion qui se tiendra le jeudi 30 juin de 13h00 à 15h00 CET. Nous avons besoin de votre voix pour rendre visibles et mettre en valeur les enseignant.e.s réfugié.e.s lors du sommet Transformer l’éducation qui se tiendra à New York en septembre.

Pour plus de détails, veuillez consulter le programme du pré-sommet ici.

Crédit photo: M'Bera refugee camp, Mauritania. EU/ECHO/José Cendón

Blog
  • 24.06.2022

Sommet sur la transformation de l’éducation 2022

Publié le 22-06-2022 sur la plateforme Penseurs des Émirats

À la mi-septembre prochaine se tiendra le Sommet sur la transformation de l’éducation 2022, auquel sont conviés de nombreux chefs d’État, au siège de l’Organisation des Nations Unies à New York. En amont de cette réunion internationale, les ministres de l’Éducation se réuniront fin juin au siège de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris afin de préparer le Sommet, qui définira les priorités dans le domaine éducatif et pédagogique, ainsi que les différentes dimensions du processus éducatif au niveau mondial.

Des groupes de travail ont été mandatés pour coordonner les efforts et les préparatifs en vue de l’organisation de cet évènement mondial. En tant que membre du Comité sur les conventions et les recommandations qui seront présentées au Sommet, je passerai en revue dans cet article le déroulement des travaux préliminaires du Comité, ainsi que ses principaux axes.

Tout d’abord, l’importance du Sommet pour la transformation de l’éducation 2022 réside dans les nouveaux défis auxquels le secteur de l’éducation est confronté à l’échelle mondiale. Les conséquences de la pandémie de COVID-19 auxquelles ont dû faire face les pays et les gouvernements, ainsi que l’utilisation accrue des technologies d’enseignement à distance pendant la pandémie, ont eu une incidence sur le système éducatif. À quoi ressemblera l’éducation future ? Quels sont les principaux défis auxquels elle est confrontée dans le monde ? Ce sont les principaux thèmes du prochain sommet, qui s’articulent autour de cinq grands axes thématiques :

- Axe thématique 1 : les écoles inclusives, équitables, sûres et saines. En d’autres termes, il s’agit de favoriser un environnement éducatif sain et sûr qui tient compte de l’égalité des genres dans l’enseignement, garantit un apprentissage adéquat pendant les catastrophes et les crises mondiales, et satisfait aux conditions d’intégration des enfants handicapés dans l’enseignement public et dans des centres de réhabilitation adaptés à leurs besoins. L’environnement scolaire doit tenir compte des conditions de santé de la population générale et garantir aux élèves une alimentation saine qui réalise le principe « un esprit sain dans un corps sain ».

- Axe thématique 2 : l’apprentissage et les compétences pour la vie, le travail et le développement durable. Cet axe porte sur les connaissances et les compétences clés de la vie, qui vont au-delà des compétences nécessaires au marché du travail, notamment les compétences liées à la création d’emplois qui réalisent le développement durable.

- Axe thématique 3 : les enseignants, l’enseignement et la profession enseignante. Cet axe traite des pénuries d’enseignants dans le monde, du niveau de professionnalisme qui leur ait demandé, ainsi que de leur formation et de leur perfectionnement continus tout au long de l’exercice de leur métier. En d’autres termes, il s’agit de leur offrir un environnement de travail approprié, en plus d’encourager les dirigeants éducatifs à promouvoir la création et l’innovation.

- Axe thématique 4 : l’apprentissage et la transformation numériques. Cet axe s’intéresse aux questions liées à la transformation numérique de l’école, ainsi qu’aux moyens de fournir un enseignement numérique à tous, en mettant notamment des ressources gratuites à disposition des apprenants, tout en garantissant la sécurité de l’enseignement numérique, le droit à la vie privée et la sécurité des élèves dans le cadre de l’utilisation des technologies (principes de la citoyenneté numérique).

- Axe thématique 5 : le financement de l’éducation. Cet axe porte sur l’allocation de budgets adéquats pour l’éducation dans tous les pays du monde. La réalisation des objectifs visés par chacun de ces axes dépend fortement de la disponibilité de budgets adéquats. Il est essentiel que les fonds consacrés à l’éducation soient alloués à ce secteur et non à d’autres domaines qui ne bénéficient pas aux étudiants. Comme le dit le proverbe, « si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ».

Ainsi, le Sommet sur la transformation de l’éducation 2022, avec ses cinq axes, définit les prochaines étapes du développement de l’éducation à l’échelle mondiale, et représente une occasion importante de réimaginer l’éducation et d’en accélérer les progrès pour réaliser les objectifs de développement durable.

 

Événement
  • 30.05.2022

Sommet Transforming Education – deuxième consultation publique sur le document de travail sur les enseignants

Veuillez vous inscrire ici.

Dans la préparation du sommet Transforming Education 2022, deux consultations publiques sont organisées dans le cadre de la piste d'action thématique 3 sur "Les enseignants, l'enseignement et la profession enseignante".

La première consultation mondiale tenue le 24 mai a donné lieu à une discussion sur le projet de document de travail et s'est concentrée sur les pénuries d'enseignants, les conditions de travail et la préparation des enseignants et la formation et le développement du leadership des enseignants.

La deuxième consultation approfondira ces sujets et se concentrera sur deux questions :

  1. Quelles pratiques nationales, régionales et internationales ont réussi à relever ces défis ? Lesquelles peuvent être étendues pour être recommandées en tant qu'initiatives mondiales ?
  2. Quelles initiatives, partenariats et coalitions existants ou futurs possibles peuvent être développés pour apporter la transformation que nous recherchons ?

La piste d'action thématique 3 du Sommet Transformer l'éducation sur « Les enseignants, l'enseignement et la profession enseignante » abordera les questions clés suivantes : (a) remédier aux pénuries d'enseignants ; (b) améliorer les conditions de travail et professionnelles des enseignants ; (c) améliorer la préparation et la formation des enseignants et (d) favoriser le leadership des enseignants. Il identifiera les interventions politiques réussies, compilera un catalogue de bonnes pratiques pour inspirer et, surtout, mobilisera la communauté mondiale de l'éducation pour prendre des engagements concrets et agir, en s'appuyant si possible sur les initiatives, partenariats et coalitions existants.

Il est dirigé par des représentants de deux États membres (Nigéria et Roumanie) et l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 qui a été officiellement désignée comme co-responsables de cette piste d'action. Le travail de la piste d'action est soutenu par l'équipe d'appui des Nations Unies, composée de l'Organisation internationale du travail (ancre) et de l'UNESCO (suppléant), de l'UNICEF, du HCR, de l'UNRWA et de la Banque mondiale.