Aller au contenu principal
Blog
  • 28.06.2022

Transformer notre compréhension des enseignant.e.s réfugié.e.s et de l’enseignement dans les contextes de déplacement forcé

Chris Henderson, coprésident de la Inter-agency Network for Education in Emergencies (INEE) Teachers in Crisis Contexts (TiCC) Working Group et Teachers College, Columbia University.


Dans les zones d’installation de populations réfugiées, les enseignant.e.s contribuent plus que tout autre facteur scolaire à l’apprentissage et au bien-être des enfants. Les enseignant.e.s réfugié.e.s sont en outre armés de solides connaissances locales et d’une volonté d’améliorer la réponse aux crises, ainsi que les résultats sur le plan de la sortie de crise. Pourtant, malgré leur rôle crucial et le contexte difficile dans lequel ils assurent la continuité de l’apprentissage, les enseignant.e.s réfugié.e.s ne reçoivent pas toujours le soutien dont il.elle.s ont besoin.

Bien que visibles auprès des acteurs du secteur de l’éducation dans le domaine humanitaire, il.elle.s continuent d’être largement ignorés dans les examens sectoriels des systèmes éducatifs nationaux qui orientent la planification pluriannuelle de l’éducation, ainsi que dans les budgets qui prennent en compte les besoins des enseignant.e.s. Il convient donc d’accorder une plus grande attention aux difficultés que ces enseignant.e.s rencontrent et de les inclure dans les plans visant à la réalisation de l’ODD 4.

Des conditions d’enseignement difficiles

Les enseignant.e.s travaillant dans les zones abritant des populations réfugiées sont confronté.e.s à des conditions de travail particulièrement éprouvantes. En effet, les régions où les personnes réfugiées sont autorisées à s’installer sont souvent dépourvues de salles de classe adéquates, de matériel pédagogique et d’autres ressources de base. Les salles de classe sont plus susceptibles d’être surpeuplées, multi-âges, multi-aptitudes et multilingues, surtout dans les premières années, lorsque sont enseignées les compétences de base en matière de lecture, d’écriture et de calcul. Les enseignant.e.s sont souvent obligé.e.s d’enseigner par roulement, couvrant moins de matière en moins de temps, avec des attentes moindres en termes de résultats d’apprentissage. Il.elle.s peuvent également être amené.e.s à enseigner des matières dans une deuxième ou troisième langue, ou à recourir à des méthodes pédagogiques hybrides.

Par ailleurs, les enseignant.e.s réfugié.e.s travaillent avec des enfants et des jeunes qui ont vécu ou ont été témoins des souffrances aiguës et chroniques de leurs familles et de leurs proches. Ces enfants et ces jeunes sont plus susceptibles de présenter des troubles de l’apprentissage ou du comportement liés non seulement à l’interruption de leur éducation, mais aussi aux difficultés qu’il.elle.s rencontrent au quotidien.

Manque de possibilités de formation

Là où des opportunités de développement professionnel avant et pendant le service existent pour les enseignant.e.s réfugié.e.s, elles tendent à être sporadiques et de qualité variable. La diversité des acteurs non étatiques qui apportent un soutien à la gestion et au développement des enseignant.e.s dans des contextes de déplacement forcé limite également les réponses prévisibles et durables aux besoins professionnels, personnels et familiaux des enseignant.e.s.

Un parcours professionnel incertain

La plupart des enseignant.e.s réfugié.e.s vivent là où leur droit à la protection internationale est reconnu, ce qui signifie, en somme, qu’il.elle.s ont le droit de ne pas être renvoyés de force dans leur pays d’origine. Or, la protection des personnes réfugiées ne garantit pas nécessairement la reconnaissance des qualifications pour l’emploi, ni l’accès à des opportunités de développement professionnel continu lorsque les enseignant.e.s ne sont pas diplômé.e.s ou sont sous-qualifié.e.s.

Il est temps de reconnaître le rôle des enseignant.e.s réfugié.e.s

Il nous arrive si souvent de défendre la cause des enseignant.e.s et de rendre hommage à leur travail. Pourtant, en tant que responsables politiques et professionnel.le.s du secteur humanitaire, nous nous devons de joindre la parole à l’acte et de respecter notre engagement envers la profession en réimaginant et en transformant notre compréhension commune des enseignant.e.s et de la valeur de leur travail dans les contextes d’accueil de personnes réfugiées. Sans un soutien et une reconnaissance suffisants des enseignant.e.s réfugié.e.s, l’accès à l’éducation et les résultats d’apprentissage des enfants touchés par le déplacement forcé resteront précaires et l’objectif 4 des ODD ne sera pas atteint.

Il est donc temps d’accorder aux enseignant.e.s réfugié.e.s le statut et les conditions qu’il.elle.s méritent et dont il.elle.s ont désespérément besoin ; il est temps de donner une visibilité aux enseignant.e.s réfugié.e.s. Un mouvement vers l’inclusion des personnes réfugiées au sein des systèmes éducatifs nationaux suite à l’adoption du Pacte mondial sur les réfugiés (GCR) en 2018 offre une opportunité d’action. Il s’agit d’accorder un soutien prévisible et durable pour les enseignant.e.s réfugié.e.s, un développement professionnel continu et l’accès à des conditions de travail équitables et décentes.

Vers une compréhension commune des enseignant.e.s dans les contextes d’accueil de réfugié.e.s

Afin d’inclure les points ci-dessus à l’ordre du jour de la Piste d’action 3 – enseignants, enseignement et profession enseignante – du Sommet « Transformer l’éducation », et d’œuvrer en faveur d’une compréhension commune des enseignant.e.s et de l’enseignement dans les contextes d’accueil des réfugiés, le HCR, l’INEE et l’Internationale de l’Éducation (IE) organiseront conjointement une réunion dans le cadre du prochain pré-Sommet « Transformer l’éducation » à Paris.

Nous réunirons les représentant.e.s de gouvernements, des Nations Unies, des organisations internationales non gouvernementales et des organisations de la société civile aux côtés d’enseignant.e.s et de jeunes réfugié.e.s du Tchad, du Kenya et du Venezuela pour discuter et débattre des défis suivants :

  1. Qui considérons-nous comme des « enseignant.e.s » dans les contextes d’accueil des réfugié.e.s ? De nouvelles définitions et conditions préalables à l’entrée dans la profession pourraient-elles constituer une partie de la solution à la pénurie mondiale d’enseignant.e.s ?
  2. Comment, le cas échéant, reconnaître et régulariser les enseignant.e.s communautaires et réfugié.e.s comme partie intégrante du corps enseignant professionnel dans les contextes d’accueil des réfugié.e.s ?
  3. Quelles sont les limites ou les obstacles des cadres juridiques et des mécanismes de financement actuels, et quelles sont les approches innovantes qui existent pour surmonter les difficultés de financement ?

Cette session sera également l’occasion de donner la parole aux enseignant.e.s et aux jeunes réfugié.e.s afin de leur permettre de partager leurs expériences et de contribuer à l’élaboration d’un programme de transformation des services d’éducation dans les contextes de crise à l’échelle mondiale.

L’un des principaux résultats de cette réunion consistera en un ensemble de recommandations, élaborées par les facilitateur.rice.s de la réunion représentant l’INEE, le HCR et l’IE, et soumises à l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 en vue de leur examen et leur inclusion dans les déclarations ultérieures du sommet Transformer l’éducation relatives à la Piste d’action 3.

Nous vous invitons à participer en personne ou via webcast à cette importante réunion qui se tiendra le jeudi 30 juin de 13h00 à 15h00 CET. Nous avons besoin de votre voix pour rendre visibles et mettre en valeur les enseignant.e.s réfugié.e.s lors du sommet Transformer l’éducation qui se tiendra à New York en septembre.

Pour plus de détails, veuillez consulter le programme du pré-sommet ici.

Crédit photo: M'Bera refugee camp, Mauritania. EU/ECHO/José Cendón

Nouvelles
  • 17.12.2021

Les enseignants dans les contextes de crise : Investir dans leurs forces, et non se reposer sur elles

Ce billet de blog a été initialement publié le 5 octobre 2021 à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s par le Réseau Inter-agences pour l’Éducation en Situations d’Urgence (INEE) et rédigé par Danni Falk et Chris Henderson du Teachers College, de l’Université Columbia (États-Unis).


« Tout comme les enfants à qui j’enseigne, je sais ce que l’on ressent lorsqu’on perd sa maison et qu’on est contraint de fuir une guerre qui n’est pas la nôtre. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai voulu venir travailler ici et jouer un rôle auprès de ces enfants. » – Francis Ocaya, enseignant en Ouganda.

Les enseignants sont au cœur de l’apprentissage, du bien-être et du développement holistique des enfants. Cette année, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s , nous reconnaissons que « les enseignants se trouvent également au cœur de la reprise de l’éducation  alors que les systèmes scolaires à travers le monde entier sont toujours durement touchés par la pandémie de COVID-19 qui se poursuit». Bien que l’ampleur et la portée de la pandémie soient sans précédent –perturbant l’enseignement et l’apprentissage de 1,6 milliard d’étudiants et plus de 100 millions d’enseignants et de membres du personnel scolaire – cela fait plusieurs décennies que d’innombrables éducateurs enseignent dans des situations de conflit, de crise et de déplacement (Sherif, Brooks et Mendenhall, 2020). 

Les enseignants comme Francis, qui a grandi et a été scolarisé au sein d’un camp de personnes déplacées situé dans le nord de l’Ouganda, pendant la guerre civile et les actes de violence perpétrés par l’Armée de résistance du Seigneur, ne le savent que trop bien. Francis enseigne aujourd’hui à des enfants et à des jeunes sud-soudanais dans un camp de réfugiés, au sein de la communauté où il a lui-même été déplacé. Cette expérience commune, que Jackie Kirk et Rebecca Winthrop désignent par l’expression « qualification alternative » des éducateurs qui travaillent dans les contextes de crise, a donné à Francis l’envie de travailler avec des enfants et des jeunes réfugiés, et  le met dans une position unique pour comprendre et aborder les difficultés auxquelles font face ses apprenants.

Malgré les compétences et qualités de Francis en matière d’enseignement, nous ne pouvons pas attendre de lui ou de ses collègues qu’ils assument seuls ce travail. Pourtant, les enseignants se sentent trop souvent délaissés et insuffisamment soutenus. Les enseignants qui travaillent dans les contextes de crise – qu’il s’agisse d’enseignants nationaux travaillant avec des apprenants réfugiés, d’enseignants déplacés ou d’enseignants réfugiés – ont amenés à travailler avec des classes particulièrement difficiles et complexes et reçoivent rarement le soutien dont ils ont besoin pour mener à bien leur travail. 

De multiples ouvrages attestent qu’en période de crise, le perfectionnement professionnel des enseignants est irrégulier, non coordonné et de qualité variable (Burns et Lawrie, 2015), que les politiques de gestion des enseignants limitent fréquemment la rémunération, les avantages et l’engagement à long terme dans la profession (Mendenhall, Gomez et Varni, 2018), et que le bien-être des enseignants est négligé malgré le stress lié à leur travail (Falk et al, 2019, 2021 ; INEE, 2021). En outre, les divers acteurs qui travaillent en étroite collaboration avec les enseignants – notamment leurs superviseurs et les chefs d’établissement – ne bénéficient pas d’un perfectionnement professionnel suffisant pour instaurer un climat scolaire positif qui permettrait aux enseignants d’accomplir efficacement leur travail (Mendenhall et al, 2021). Cette situation doit changer dès maintenant. 

À cette fin, l’initiative collaborative d’Enseignants en situation de crise (TiCC) du Réseau Inter-agences pour l’Éducation en situations d’urgence (INEE) a rassemblé un groupe d’acteurs du secteur humanitaire et du développement en vue d’élaborer un premier appel à l’action visant à transformer le soutien apporté aux enseignants par le secteur dans les contextes de crise. Constitué de cinq mesures autour de la gestion des enseignants, leur développement professionnel et leur bien-être ainsi que la direction et la gouvernance des écoles, cet appel à l’action exhorte la communauté internationale à :

  1. Accorder la priorité aux enseignants dès le tout début des situations d’urgence et jusqu’au rétablissement et au développement, en augmentant les investissements financiers, en améliorant les données ainsi qu’en planifiant efficacement afin que des effectifs suffisants d’enseignants, y compris les femmes et les membres de minorités, soient en mesure d’exercer là où et quand ils sont le plus nécessaires.
  2. Respecter les enseignants, y compris les volontaires et les animateurs, en tant qu’individus et professionnels, en mettant en œuvre des politiques de recrutement ainsi que des conditions de rémunération, d’emploi et de travail adéquates et équitables.
  3. Permettre aux enseignants d’apporter leur soutien à l’ensemble des apprenants en investissant constamment et de façon significative dans la préparation des enseignants ainsi que dans leur développement professionnel et leur soutien continus.
  4. Soutenir le bien-être des enseignants en reconnaissant l’impact des crises sur leur propre vie et leur capacité à accomplir leur travail, ainsi qu’en leur apportant un soutien global aux niveaux individuel, scolaire, communautaire et national.
  5. Se tenir à l’écoute de l’expertise, des expériences et des opinions des enseignants en les intégrant aux organes de décision et aux mécanismes de coordination, à la conception et la mise en œuvre des programmes ainsi qu’aux travaux de recherche.

Au cours des prochains mois, l’initiative collaborative TiCC, en partenariat avec la Fondation LEGO, l’Internationale de l’Éducation, Oxfam, l’UNESCO et l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030, vous invite à participer à une série d’événements qui alimenteront, amélioreront et promouvront ce nouvel appel à l’action. La série d’événements TiCC 2021-2022 nous donnera à tous l’occasion d’améliorer cet appel à l’action de manière collective et efficace, et de nous y engager. Elle nous aidera également à comprendre la meilleure façon de mettre en œuvre ce programme mondial en vue d’améliorer le soutien apporté aux enseignants tout au long de leur carrière.

À l’occasion de plusieurs réunions virtuelles prévues entre 2021 et 2022, la série d’événements TiCC vous invite chaleureusement à :

  • Écouter et apprendre : auprès d’enseignants, de praticiens, de décideurs, de chercheurs et de donateurs qui partagent des approches prometteuses et des défis persistants en matière de législation, de pratique et de recherche. Contribuez à cette discussion et créez une base de données probante sur les meilleures stratégies en matière de soutien aux enseignants en réalisant une étude de cas sur la gestion des enseignants, leur développement professionnel et leur bien-être, ainsi que sur la direction et la gouvernance des écoles d’ici le vendredi 15 octobre.
  • Collaborer et s’engager : auprès de diverses parties prenantes des secteurs humanitaire et du développement afin d’examiner, réviser et améliorer ce nouvel appel à l’action. Aidez-nous à formuler des recommandations à l’attention des parties prenantes sur la meilleure façon de mobiliser et mettre en œuvre ce programme mondial en vue de transformer la manière dont nous soutenons les enseignants. 
  • Encourager et habiliter : les enseignants à partager leurs points de vue et leurs expériences en rédigeant et transmettant leurs récits d’enseignant, que nous partagerons tout au long de la série d’événements. Ces efforts permettront d’attirer davantage l’attention sur le rôle essentiel des enseignants et de les identifier comme les personnes les plus à même de définir leurs rôles et responsabilités ainsi que le soutien dont ils ont besoin pour accomplir efficacement leur travail tout au long de leur carrière.

Aujourd’hui, à l’occasion de la Journée mondiale des enseignant(e)s, la communauté internationale célèbre leur incroyable travail. Nous devons également réfléchir aux défis auxquels ils sont confrontés et reconnaître notre responsabilité collective d’apporter aux enseignants le soutien qu’ils méritent. Pour cela, nous devons reconnaître les compétences et les connaissances que les enseignants comme Francis apportent dans les salles de classe des communautés touchées par les crises à travers le monde. 

Cependant, cette célébration du travail des enseignant ne doit nous amener à une certaine autosatisfaction. Nous devons reconnaître les enseignants en tant qu’acteurs principaux de la réponse de leurs communautés aux catastrophes, du relèvement après les guerres ainsi que de la préparation aux changements climatiques, tout en donnant la priorité aux conditions qui les empêchent d’effectuer leur travail au meilleur de leurs capacités. 

Au cours de l’Assemblée générale des Nations Unies de cette année, les dirigeants du monde entier se sont engagés à verser 138,1 millions de dollars américains à l’initiative « Éducation Sans Délai », le fonds pour l’éducation dans les situations d’urgence. La même semaine, la Fondation LEGO a promis de verser 150 millions de dollars américains à l’UNICEF dans le cadre de ses efforts visant le retour à l’école des enfants. Alors que nous travaillons à la mise en place d’un monde post-pandémique, l’éducation occupe le devant de la scène da cette sortie de crise sanitaire. 

Nous devons saisir cette occasion pour investir dans les qualités des enseignants, et non les négliger. Nous devons surmonter les obstacles structurels et systémiques, et non les contourner ou nous contenter d’un statu quo.

Rejoignez-nous dans la série d’événements TiCC pour poursuivre ce travail avec et pour les enseignants afin de transformer le soutien sectoriel aux éducateurs dans les contextes de crise. Pour en savoir plus sur les modalités de participation à la série d’événements TiCC, veuillez contacter : eventseries@inee.org.


Photo : Un enseignant en Colombie, 2016. Copyright Edgar León/NRC.

Les appellations employées dans cet article et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de l’UNESCO ou de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les idées et les opinions exprimées dans cette publication sont celles de ses auteurs. Elles ne reflètent pas nécessairement les vues de l’UNESCO et n’engagent pas l’Organisation.

Nouvelles
  • 31.05.2021

L’Équipe spéciale sur les enseignants appelle le monde à augmenter les financements en faveur du corps enseignant

1 juin – L’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 lance une campagne appelant les gouvernements et la communauté des donateurs à accroître de toute urgence leurs financements en faveur des enseignants et de l’enseignement. Cette augmentation est essentielle pour aider les systèmes éducatifs à se relever de la crise de la COVID-19 et à renforcer leur résilience. Par ailleurs, elle est indispensable pour pouvoir atteindre les objectifs de développement durable, en particulier celui relatif à l’éducation ainsi que les cibles connexes.

Des enseignants qualifiés et motivés sont les principaux vecteurs d’une éducation de qualité dans les écoles. Cependant, à l’échelle mondiale, les enseignants sont trop peu nombreux et une grande partie d’entre eux n’ont pas été suffisamment formés.

Les personnes déjà désavantagées sont touchées de manière disproportionnée par cette situation. Les zones reculées et pauvres sont confrontées à une grave pénurie d’enseignants, entraînant une augmentation des effectifs dans les classes et une diminution du temps d’apprentissage. Cette pénurie, tant quantitative que qualitative, constitue l’un des plus grands défis en matière d’éducation dans le monde.

Les systèmes éducatifs ont été confrontés à des difficultés sans précédent en raison de la crise de la COVID-19 et de la fermeture des écoles qui en a découlé. La pandémie menace de ralentir considérablement les progrès réalisés vers la concrétisation de nombreux objectifs de développement mondiaux, en particulier ceux en lien avec l’éducation. Elle devrait également exacerber la crise mondiale de l’apprentissage et accentuer les inégalités mondiales en matière d’éducation, étant donné que ses conséquences touchent de façon disproportionnée les plus démunis. Les budgets de l’éducation sont mis à rude épreuve, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. La réduction des dépenses publiques s’accompagne de tensions financières touchant les ménages, à mesure que la récession s’installe dans le monde.

Cette crise montre de façon évidente qu’il faut maintenir et accroître les investissements nationaux et internationaux en faveur des enseignants et de l’enseignement, s’agissant notamment des salaires, la dépense la plus importante imputée aux budgets d’éducation. Des investissements supplémentaires sont nécessaires afin de permettre aux enseignants d’être préparés et soutenus pour faire face aux difficultés engendrées par la crise, mais aussi pour organiser des cours de rattrapage et faire en sorte qu’une génération entière d’élèves ne soit pas sacrifiée.

La campagne de l’Équipe spéciale sur les enseignants entend obtenir le soutien de la communauté internationale pour accroître considérablement le nombre d’enseignants qualifiés d’ici 2030, notamment au moyen de la coopération internationale pour la formation d’enseignants dans les pays en développement, surtout dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. L’Équipe spéciale sollicitera des financements plus importants en particulier pour :

  1. maintenir les salaires et améliorer les conditions de travail en vue d’attirer les candidats compétents ;
  2. poursuivre le développement professionnel des enseignants ;
  3. préserver la santé et assurer la sécurité des élèves et des enseignants, et leur apporter un soutien psychosocial.

Le temps est venu d’investir pour les enseignants afin de garantir une reprise durable après la crise et de préparer dès maintenant les élèves au monde de demain. Nous vous invitons à vous joindre à nous pour appeler les décideurs nationaux et les organismes internationaux de financement à investir autant qu’ils le peuvent dès maintenant en faveur des enseignants, afin de préparer l’avenir.

Consultez la page consacrée à la campagne pour en savoir plus et signer l’appel.

Blog
  • 23.03.2021

Vacciner les enseignants est crucial pour assurer un bon retour à l’école

Cet article a été initialement publié le 15 mars 2021 sur le site du Partenariat mondial pour l’éducation.

A l’heure où les pays mettent en œuvre des plans de vaccination de leurs populations contre la COVID-19, le besoin de vacciner les enseignants semble de plus en plus urgent. La pandémie a paralysé les systèmes éducatifs du monde entier.

En avril 2020, la plupart des écoles à travers le monde étaient fermées. Pour accélérer leur réouverture, les pays doivent agir pour protéger la santé, la sécurité et le bien-être des enseignants. C’est un préalable essentiel à la « renormalisation » de l'enseignement et de l'apprentissage en personne et au retour si nécessaire de la fonction de socialisation de l'éducation.

En décembre 2020, l'UNESCO et l'Internationale de l'Éducation (IE), la fédération mondiale des syndicats de l'éducation, ont lancé un appel aux gouvernements et à la communauté internationale pour qu'ils examinent l'importance vitale de la vaccination des enseignants et du personnel scolaire.

Comme le disent la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, et le Secrétaire général de l’IE, David Edwards, dans leur message vidéo commun : « réouvrir les écoles et les institutions éducatives en toute sécurité et les maintenir ouvertes le plus longtemps possible est un impératif. Dans le contexte actuel et face aux développements positifs en matière de vaccination que nous constatons, nous pensons que les enseignants et le personnel d’appui des établissements scolaires doivent être considérés comme un groupe prioritaire ».

Dès mars 2020, l’Équipe spéciale internationale sur les Enseignants pour l’Éducation 2030 avait lancé un appel international à l'action pour les enseignants dans le but de mettre en évidence les mesures critiques que les pays devraient prendre concernant les enseignants dans ce contexte de pandémie, en recommandant notamment d’assurer la « protection de la santé, de la sécurité et du bien-être des enseignants et des élèves ».

Cela a d’ailleurs été réaffirmé lors de la session extraordinaire de la Réunion mondiale sur l'éducation (RMSE 2020), convoquée par l'UNESCO en octobre 2020. Au cours de cette réunion, les chefs d'État et les ministres se sont engagés à soutenir tous les enseignants et le personnel de l'éducation en leur qualité de travailleurs en première ligne ; et à accorder la priorité à leur santé et leur sécurité.

 

Quels pays vaccinent les enseignants ?

L’Équipe spéciale sur les enseignants note que, malgré l’urgence de protéger les enseignants et les autres personnels de l’éducation et les efforts de la communauté internationale pour promouvoir le caractère prioritaire de la vaccination des enseignants, ces derniers ne sont pas véritablement considérés comme tels dans les plans nationaux de vaccination. Une situation en partie dû à un déploiement de la vaccination plutôt lent à l’échelle mondiale.

Là où des plans de déploiement bien définis existent, la plupart des pays ont tendance à donner la priorité aux agents de santé, aux personnes âgées et à ceux dont l'état de santé les expose à un risque élevé d’attraper le virus.

Il existe cependant une exception : la juridiction de New Delhi en Inde, où toutes les personnes, y compris les enseignants, ayant été activement impliquées dans les efforts de gestion de la COVID-19 dans la ville seront vaccinées en priorité, car considérés comme travailleurs en première ligne.

Le Chili a relativement bien réussi son programme de vaccination des enseignants. Pour préparer le retour dans les salles de classe, le gouvernement chilien a impliqué très tôt les enseignants et les travailleurs de l’éducation dans la campagne de vaccination massive du pays. Au cours des deux semaines précédentes, plus de la moitié des 513 000 enseignants et travailleurs de l’éducation à travers le pays ont été vaccinés à temps pour le début de l’année scolaire.

UNICEF/ Raphael Puget/UNI342143
Pendant la pandémie, cette enseignante donnait des cours d'arabe dans un centre pour filles victimes de violences sexistes à Nouakchott, en Mauritanie.
Credit: UNICEF/ Raphael Puget/UNI342143

 

Des enseignants dans la deuxième vague de vaccination

Dans d'autres pays, les enseignants font partie du deuxième groupe prioritaire pour la vaccination. C’est le cas notamment en Argentine, en Colombie et en Turquie. Au Vietnam, les enseignants sont encore mieux lotis car, ils seront vaccinés dans le même groupe que les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques, au même titre que d'autres travailleurs fournissant des services essentiels et des diplomates.

Pendant ce temps, au Royaume-Uni, les enseignants feront partie du deuxième groupe prioritaire dans lequel on retrouve également les premiers intervenants, les militaires, les personnes travaillant dans le système judiciaire, les travailleurs su secteur des transports et les fonctionnaires essentiels à la riposte à la pandémie. Des citoyens remettant en question ce classement ont lancé une pétition en ligne pour demander au Parlement de donner la priorité aux enseignants et au personnel des écoles et garderies.

L'Afrique du Sud a conçu un plan en trois phases dans lequel les enseignants font partie d’un très grand groupe de personnes prioritaires de deuxième niveau qui comprend environ 17 millions de personnes dont des travailleurs essentiels tels que les policiers, les personnes vivant dans des lieux de confinement comme les prisons et les refuges, les personnes âgées de 60 ans et plus et les personnes atteintes de comorbidités diverses.

Certains pays ont donné la priorité aux enseignants de manière indirecte, en adoptant une approche qui donne la priorité aux travailleurs au sens large, afin de stimuler les différents secteurs de l’économie jusqu’ici paralysés par la pandémie. En Indonésie, par exemple, les enseignants et les personnes âgées forment un deuxième groupe prioritaire dans le plan national de déploiement. Le pays a pour objectif de vacciner 5 millions d'enseignants d'ici juin.

De même, au Bangladesh, il a été annoncé début février que tous les enseignants du primaire seraient vaccinés et que, d’ici la fin du mois [de mars], les enseignants de moins de 40 ans inscrits sur la liste de la direction de la santé pourraient s’inscrire en ligne pour recevoir le vaccin.

Avec un déploiement de plus en plus important à l’échelle mondial, des engagements majeurs ont été pris un peu partout. Aux États-Unis, par exemple, il a été demandé à tous les États de donner la priorité aux enseignants dans leurs plans de vaccination, conformément à l'objectif de faire en sorte que tous les enseignants et les intervenants de la chaine éducative, de la maternelle au secondaire, reçoivent leur premier vaccin d'ici la fin du mois de mars.

De même, le ministère de l'Éducation à Singapour a annoncé qu'il commencerait à vacciner 150 000 enseignants et autres membres du personnel des établissements d'enseignement à partir de début mars.

Peu d'informations sont disponibles sur les pays africains. Cependant, le Rwanda, qui a reçu 347000 doses de vaccin de l'initiative COVAX (soutenue par l'ONU) début mars, a mis l'accent sur la vaccination des enseignants, le ministère de la Santé déclarant que « les enseignants font partie des travailleurs en première ligne qui seront [parmi les premiers à être] vaccinés contre la COVID-19. »

Ailleurs sur le continent, comme en Ouganda par exemple, les enseignants seront inclus dans le deuxième groupe prioritaire après les agents de santé et le personnel de sécurité. Le Kenya a également placé les enseignants dans un groupe hautement prioritaire, après les agents de santé et le personnel de sécurité, mais avant les personnes âgées de plus de 58 ans et celles présentant potentiellement des comorbidités.

 

Les enseignants encore ignorés ailleurs

Dans d'autres pays comme l'Italie et le Brésil, les enseignants sont relégués à une position inférieure dans les plans nationaux de hiérarchisation des personnes devant recevoir des vaccins. Le Brésil a placé les enseignants dans le même groupe que les agents de sécurité et le personnel pénitentiaire, ce qui a conduit à des grèves à Sao Paulo pour protester, entre autres, contre les problèmes de santé auxquels les enseignants sont confrontés dans les écoles.

En Fédération de Russie, une certaine méfiance à l'égard du vaccin peut entraver les efforts de vaccination des enseignants, en dépit du fait que ces derniers aient été classés dans un groupe de priorité élevée, aux côtés du personnel médical et des travailleurs sociaux au tout début de la vaccination de masse.

De nouvelles statistiques ont révélé que les deux tiers des pays les plus pauvres seront confrontés à des réductions de leur budget alloué à l'éducation. Ceci est problématique pour de nombreuses raisons, deux des principales étant la nécessité de vacciner les enseignants et de recruter du personnel pour faire face aux défis liés à l'augmentation de la charge de travail des enseignants, la fatigue et la maladie.

Il est peu probable que de nombreux pays à faible revenu obtiennent des doses suffisantes pour vacciner leurs enseignants pendant un certain temps. Cela met une pression énorme sur les enseignants qui devraient enseigner en présentiel sans avoir été vaccinés, mettant ainsi leur santé et celle des autres en danger.

Une étude récente révèle qu’à défaut d’une plus grande coopération internationale, plus de 85 pays pauvres n'auront pas un accès généralisé aux vaccins contre le coronavirus avant 2023.

Quelques recommandations

Compte tenu de la situation mondiale décrite plus haut, l’Équipe spéciale internationale sur les Enseignants pour l’Éducation 2030 formule les recommandations suivantes :

  • Comme demandé par l'UNESCO et l'Internationale de l'Éducation, les enseignants doivent être considérés comme des travailleurs en première ligne et comme un groupe hautement prioritaire à vacciner tôt pour garantir que les écoles puissent rouvrir en toute sécurité pour la reprise des enseignements en présentiel.
  • Les gouvernements devraient travailler avec les syndicats d'enseignants pour s'assurer que toutes les écoles continuent de respecter strictement les règles de sécurité de fonctionnement et que les enseignants non vaccinés ont accès à des soins psychologiques et socio-émotionnels, à des congés maladie et au soutien des chefs d'établissement et des autorités au niveau central et au niveau décentralisé.
  • Là où des groupes hautement prioritaires doivent être identifiés pour accéder au vaccin, les ministères en charge de l’éducation doivent s'assurer que les listes d'enseignants sont correctes et que ces derniers sont identifiés de manière adéquate.
  • Les leçons tirées des pandémies précédentes devraient éclairer les plans de vaccination, afin de garantir que les mécanismes de diffusion sont effectivement mis en place et gérés de manière efficace pour que tous les enseignants y aient accès, y compris ceux des régions éloignées.
  • Les gouvernements devraient veiller à ce que des fonds adéquats soient disponibles pour soutenir le déploiement de la vaccination, afin de garantir la sécurité des enseignants et du personnel d’appui à l’éducation d’une part ; et la réouverture des écoles en toute sécurité d’autre part.

***

Crédit de la photo de couverture : Bret Bostock/Flickr
Légende : Une seringue médicale contenant des doses de vaccin

 

Nouvelles
  • 09.09.2020

Soutenir les enseignants dans les efforts de retour à l’école : guide d’utilisation à l’intention des chefs d’établissement

La réouverture des établissements fermés en raison du COVID-19 suscite de nombreuses questions chez les chefs d’établissement. Ils ont pour priorité absolue d’assurer la santé et la sécurité de la communauté scolaire. Parallèlement, ils doivent veiller à ce que les employés en « première ligne » – les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation – bénéficient de l’aide, de la protection et des outils nécessaires pour reprendre leur travail.  Les enseignants ont joué un rôle majeur à la suite de la fermeture des établissements en assurant la continuité de l’apprentissage et en maintenant le contact avec les élèves et leur famille. Ils seront tout aussi importants lors de la réouverture des établissements.

L’UNESCO, l’Équipe spéciale sur les enseignants et l’Organisation internationale du Travail ont publié un guide pour aider les chefs d’établissement à soutenir et à protéger les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation lors de la réouverture des établissements. Le guide complète le Cadre pour la réouverture des écoles, une initiative conjointe, et les Orientations à l’intention des décideurs publiées par l’Équipe spéciale sur les enseignants le mois dernier. Il regroupe les sept dimensions énoncées dans les orientations stratégiques en une série de questions directrices et de conseils réalisables.

À l’heure où les établissements rouvrent leurs portes, nous améliorons sans cesse nos connaissances sur les problèmes et les occasions que rencontrent les chefs d’établissement et l’ensemble de la communauté scolaire. Au cours des prochains mois, nous ferons en sorte d’être à l’écoute des personnes en première ligne afin de relayer leur expérience et les enseignements tirés auprès des lecteurs.

Figure 1. Les sept dimensions de l’aide au personnel et aux enseignants lors de la réouverture des établissements

Figure 1. Seven dimensions to support teachers and staff as schools reopen

Le guide reconnaît l’importance du contexte local. Dans de nombreux pays, la pandémie évolue de jour en jour. Un vaste éventail de facteurs influe sur les décisions locales au sujet de la date de réouverture des écoles ; ce qui convient pour une école peut ne pas s’appliquer à une autre. Quel que soit le contexte, les chefs d’établissement devront fixer des priorités et reconnaître que des compromis pourront s’avérer nécessaires. Pour faciliter la distanciation physique, les établissements seront peut-être amenés à, par exemple, réduire le nombre d’enseignants et d’élèves présents sur place en rouvrant sur une base sélective et en échelonnant le retour par classe ou par niveau. Il leur faudra peut-être privilégier certaines catégories de population ou certains groupes d’apprenants, tels que les élèves vulnérables et à risque et les enfants de travailleurs essentiels. Dans certains cas, il pourra être envisagé de fermer à nouveau les écoles. Parallèlement, les ressources disponibles pourront être réaffectées afin de faire en sorte que les bâtiments scolaires et les équipements de sécurité soient prêts à être utilisés, ou de mieux préparer les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation.

Le guide met en lumière que les chefs d’établissement doivent tenir compte d’aspects clés concernant les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation tandis qu’ils adaptent les directives nationales relatives à la réouverture des établissements.

 

  • L’importance de la consultation et de la communication

Les enseignants, le personnel scolaire et leurs organisations représentatives doivent prendre activement part à l’élaboration des politiques et des plans de réouverture des écoles, y compris des mesures de sécurité et de santé au travail visant à protéger le personnel. Communiquer avec les enseignants, les apprenants et le personnel de soutien à l’éducation au sujet de la réouverture des écoles peut permettre de clarifier ce qui est attendu d’eux et de mettre en avant leur rôle dans la réussite des efforts déployés pour garantir un retour à l’école sûr et inclusif, y compris un bien-être général, et le rétablissement de l’enseignement et de l’apprentissage.

Lorsque les autorités centrales décideront de rouvrir les établissements scolaires, il sera important de communiquer rapidement, clairement et régulièrement avec les parents et les communautés scolaires pour comprendre leurs préoccupations et renforcer l’appui aux plans de réouverture. Les parents souhaiteront connaître les mesures de protection mises en place pour limiter les risques sanitaires. Ils auront également besoin d’en savoir davantage sur l’engagement continu de l’école à l’égard des grands principes et objectifs pédagogiques. Les enseignants étant souvent le premier point de contact avec les parents, ils devront être préparés de façon à garantir que chacun reste constamment informé de la situation.

 

  • Rassurer les enseignants et le personnel scolaire quant à leur santé, leur sécurité et leurs droits

Le bien-être des enseignants, du personnel de soutien à l’éducation et des élèves est au cœur de la prise de décisions. Il est important de contrebalancer le souhait de rouvrir les établissements scolaires avec la prise en considération des risques (et des besoins) auxquels font face les enseignants, le personnel de soutien à l’éducation et les apprenants, de façon à fournir une réponse efficace aux membres les plus vulnérables de la communauté scolaire.

Une évaluation et un soutien psychologiques et socioémotionnels continus à destination des enseignants et des apprenants peuvent faire partie des interventions menées à l’échelle scolaire pour parer à ces problèmes. Les chefs d’établissement et les enseignants doivent avoir la possibilité de répondre à leurs propres besoins, de prendre soin d’eux et de gérer leur stress. Les chefs d’établissement peuvent aider les enseignants à développer des compétences en matière de gestion du stress et d’adaptation, qui leur permettront d’exercer leur profession efficacement et d’apporter aux apprenants le soutien psychosocial dont ils ont grand besoin. Il est par ailleurs essentiel de comprendre que les établissements scolaires sont un lieu de travail et qu’il importe plus que jamais de respecter les droits et la situation de leurs employés.

 

Avant la réouverture des écoles, les enseignants avaient peur de reprendre le travail et de contracter le virus, tout comme les parents. Nous n’avions pas d’installations d’eau, d’hygiène et d’assainissement, ni de masques, et les classes étaient nombreuses. Discuter avec le personnel de santé nous aurait été d’un grand secours. Par ailleurs, il aurait été rassurant que des psychologues assurent une prise en charge psychosociale dans les écoles. Finalement, nous avons pu obtenir suffisamment d’installations sanitaires et de masques auprès d’une ONG internationale pour que tous les élèves d’une certaine année retournent à l’école pour préparer leurs examens. Les classes étaient scindées en deux », a déclaré le directeur d’une école primaire à Ouagadougou, au Burkina Faso.

 

  • S’appuyer sur l’expertise des enseignants dans le nouvel environnement des salles de classe

Dans la plupart des contextes, le retour dans les salles de classe ne sera pas anodin. Dans certains cas, seuls certains élèves seront présents, dans d’autres, les classes seront alternées. Les plans de cours, les évaluations et les programmes d’enseignement globaux seront adaptés, et il faudra préparer et assurer des cours de rattrapage.

Les chefs d’établissement doivent veiller à ce que les enseignants aient les moyens de prendre des décisions à l’égard de l’enseignement et de l’apprentissage. Ils peuvent, en collaboration avec ces derniers, modifier les programmes d’enseignement et les évaluations en fonction des calendriers scolaires révisés et des instructions émanant des autorités centrales. Les chefs d’établissement doivent également aider les enseignants à réorganiser les salles de classe pour promouvoir une stratégie d’apprentissage accéléré et de rattrapage, tout en respectant les réglementations en matière de distanciation physique.

Les enseignants continuent de jouer un rôle crucial dans l’identification des lacunes d’apprentissage et l’élaboration de réponses pédagogiques. Ceci est particulièrement vrai pour les groupes vulnérables, notamment les familles modestes, les filles, les personnes ayant des besoins particuliers ou présentant un handicap, les minorités ethniques ou culturelles et les personnes vivant dans des zones rurales reculées privées d’accès à un enseignement à distance.

Pour mener à bien la réouverture des établissements, il est important que les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation bénéficient d’une préparation professionnelle appropriée afin de pouvoir assumer leurs responsabilités et de répondre aux attentes. La formation, l’apprentissage entre pairs et la collaboration avec d’autres enseignants, aussi bien au sein de l’école qu’en dehors, seront essentiels. De tels soutiens seront particulièrement importants si les enseignants sont amenés à exercer en face à face et à distance et voient augmenter leur temps de travail.

Ceci est la première édition du guide à l’intention des chefs d’établissement, lequel vise à soutenir les enseignants et le personnel éducatif au cours de la pandémie de COVID-19, dans le cadre de leurs efforts de retour à l’école. Il s’agit d’un document évolutif. Il sera mis à jour fin juillet 2020 à l’aide des dernières informations et des nouveaux enseignements tirés au fur et à mesure de l’évolution de la crise et de l’intervention déployée pour y faire face.

Téléchargez le guide.