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  • 27.09.2021

Élaboration d’une politique enseignante adaptée aux situations de crise : webinaire et consultation internationale

Face à l’augmentation des perturbations et des crises mondiales, il ne sera pas possible de garantir une éducation de qualité inclusive et équitable pour tous d’ici 2030 ( ODD 4) si la planification de l’éducation n’est pas adaptée aux situations de crise. Les enseignants, qui sont le facteur le plus important au sein de l’établissement scolaire pour influencer les résultats de l’élève, sont souvent en première ligne dans les situations de crise. C’est pourquoi il est impératif de donner la priorité aux enseignants, de les soutenir et de les protéger par le biais d’une politique et d’une planification de l’éducation adéquates.

En s’appuyant sur la Note d’orientation sur l’élaboration d’une politique enseignante adaptée aux situations de crise élaborée conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale du Travail (OIT) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en 2020 dans le cadre de l’Initiative norvégienne pour les enseignants (NTI), le webinaire sur les politiques enseignantes et la planification adaptées aux situations d’urgence et de déplacement qui s’est tenu le 16 septembre, a réuni des experts politiques, des représentants de pays et des enseignants pour mettre en évidence ce qui est nécessaire pour garantir une politique enseignante adaptée aux situations de crise.

Au cours d’une discussion qui a abordé les principaux aspects stratégiques du guide, les participants ont partagé les enseignements tirés des crises précédentes et actuelles, ont discuté du rôle des enseignants dans les contextes d’urgence et de déplacement, et ont plaidé pour un soutien accru des enseignants dans ces contextes.

Les déplacements créent des difficultés pour le recrutement, la formation et le déploiement des enseignants 

Si la COVID-19 a mis en lumière, à l’échelle mondiale, les difficultés auxquelles les enseignants sont confrontés lorsque la scolarité est perturbée, cette pandémie n’est qu’une des nombreuses situations de crise qui remettent en cause la continuité et la qualité de l’éducation à travers le monde. Selon le HCR (2021), fin 2020, 82,4 millions de personnes ont été déplacées de force en raison de conflits violents, de persécutions et de catastrophes naturelles.

Mme Angéline Neya Donbwa, secrétaire technique de l’Éducation en situation d’urgence au Burkina Faso, a fait écho au constat de Mme Alezuyo. Elle a ajouté qu’avec plus de 1,4 million de personnes déplacées et 2 444 écoles fermées au sein de son pays, le redéploiement d’enseignants depuis des zones ravagées par les conflits vers des villages déjà surpeuplés dans des zones plus sûres, représentait une difficulté majeure. Grace*, une enseignante déplacée originaire elle aussi du Burkina Faso, s’est exprimée sur les défis que pose l’enseignement à des enfants traumatisés. Elle a expliqué que certains de ses élèves rencontraient des difficultés à se concentrer en classe, avaient peur, ou réagissaient de manière agressive ou violente. Elle a également noté qu’au sein de sa classe, elle devait répondre non seulement aux besoins des enfants déplacés, mais aussi à ceux des enfants de la communauté du pays d’accueil.

Un soutien psychosocial et financier est primordial pour les élèves comme pour les enseignants

Un soutien psychosocial apparaît comme une dimension importante de la planification adaptée aux situations de crise. Mme Neya Donbwa a expliqué que la nécessité de recevoir cette forme de soutien avait été clairement exprimée par les communautés affectées par l’insécurité et la violence au sein de son pays. En plus d’avoir eux-mêmes besoin de soutien pour répondre aux épisodes traumatiques, les enseignants ont besoin de pouvoir faire face aux effets physiques et émotionnels de la crise sur leurs élèves. C’est ce qui a conduit l’équipe de Mme Neya Donbwa à élaborer un module pour faire face aux situations traumatiques. Ce dernier vient compléter leur formation « Safe Schools » (Écoles sûres), conçue pour préparer les enseignants aux situations de crises.  

En outre, la stabilité financière des enseignants est souvent mise à mal lors de situations de crises et d’urgence. Mme Neya Donbwa a expliqué que continuer à verser un salaire aux enseignants ayant dû fuir une zone à risques était l’une des dispositions de leur stratégie de gestion des enseignants en temps de crise. De même, Mme Alezuyo a précisé qu’en temps de crise en Ouganda, les enseignants des établissements publics avaient continué à recevoir leur salaire jusqu’à leur redéploiement. Cela n’était toutefois pas le cas des enseignants des écoles privées pendant la crise de la COVID-19, comme l’a souligné Mme Stella Turehe, une enseignante ougandaise. Mme Turehe a indiqué que les pressions financières auxquelles les écoles privées avaient été confrontées pendant cette crise avaient entraîné la fermeture de nombreuses écoles et la perte d’emploi d’enseignants.

Le respect des mesures sanitaires demande de la flexibilité et de l’innovation

Le respect des mesures sanitaires de lutte contre la COVID-19 s’est également montré difficile pour les écoles et a parfois conduit à leur fermeture complète. En Ouganda, les mesures émises par le ministère de la Santé ont limité à 20 le nombre d’élèves par enseignant. Selon Mme Turehe, les écoles des camps de réfugiés — qui ont un taux d’inscription élevé — ont eu du mal à rouvrir. Cependant, en réponse à ces mesures, des enseignants ont mis en place un certain nombre d’actions avec le soutien d’organisations non gouvernementales, parmi lesquelles la création d’un système de double vacation pour permettre la réouverture des écoles, la promotion de l’apprentissage en ligne par le biais de tablettes, et de l’apprentissage en groupe dans les communautés d’étudiants réfugiés.

De plus, les enseignants ont également fait preuve d’innovation pour soutenir l’ensemble de la communauté scolaire pendant la crise de la COVID-19 en Ouganda. Ils ont organisé des campagnes promouvant le retour à l’école, mis en place des comités pour établir des liens avec les apprenants et les parents, créé des clubs d’étudiants et offert des conseils aux adolescents.

L’importance des mécanismes de communication et de consultation

Les mécanismes de communication et de retour d’information des enseignants sont essentiels afin de s’assurer que les décideurs politiques sont suffisamment informés des conditions en évolution constante qui caractérisent les situations de crise. Mme Alezuyo a expliqué qu’il existe différents niveaux de communication entre les décideurs politiques, les enseignants et les communautés de son pays. Elle a précisé de quelle manière ces niveaux sont propices à la planification d’une éducation adaptée aux situations de crise. Le système d’information sur la gestion des enseignants recense les niveaux de formation et d’expérience, ce qui facilite le déploiement des enseignants et une planification efficace pendant les crises. La communication au niveau de l’établissement scolaire et de la communauté s’est adaptée, y compris par le biais de téléphones portables, de radios et de plateformes de réseaux sociaux.

Consultation pour un nouveau module sur la politique enseignante adaptée aux situations de crise.

Le webinaire a par ailleurs lancé une consultation internationale afin de développer un nouveau module sur la politique enseignante et la planification adaptées aux situations de crise qui vient compléter le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante rédigé par l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030. 

Le projet de module est disponible pour commentaires et suggestions d’études de cas au lien ci-dessous.

https://docs.google.com/document/d/1NC8h2fNfjYj3CxSI2jkQWOYjy2v5Zz1N/edit

Veuillez envoyer vos commentaires et suggestions avant le 1er octobre à sm.richter@unesco.org.


*Pour des raisons de sécurité, ce nom a été modifié.

Crédit photo : HCR/Eduardo Soteras                                                                     

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  • 06.09.2021

Assurer l’inclusion et l’équité dans les politiques et pratiques relatives aux enseignants : une stratégie de relance durable au lendemain de la pandémie

Auteurs : James O’Meara, CIPE, et Purna Shresta, VSO.


Le Sommet mondial sur l’éducation, qui s’est tenu au mois de juillet, a permis de mobiliser 4 milliards de dollars US, un montant record qui permettra d’assurer l’apprentissage de 175 millions d’enfants.  Cet impressionnant investissement est un exemple de ce qui peut être accompli lorsque des gouvernements travaillent de concert avec l’Organisation des Nations Unies et d’autres entités intergouvernementales, aux côtés d’organismes d’aide au développement et d’organisations de la société civile et du secteur privé. Le déploiement de tels efforts concertés pourra nous aider à atteindre les cibles communes fixées par l’objectif de développement durable (ODD) 4, à savoir assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.

Une éducation inclusive et permettant à chacun d'avoir une chance équitable d'apprendre n'est pas possible sans garantir à chacun l'accès à des enseignants de qualité. Pour ce faire, il est indispensable de mettre en œuvre des politiques et des pratiques qui favorisent l’inclusion et l’équité pour les enseignants, quel que soit le contexte éducatif, et qui tiennent compte du genre, du statut socioéconomique, du lieu, des capacités de chacun et d’autres facteurs pouvant conduire à l’exclusion.

 Garantir l'accès de tous à des enseignants de qualité nécessite des niveaux d'investissement importants, en particulier dans les pays les moins développés et les petits États insulaires en voie de développement. Ainsi,  afin d’assurer une éducation de qualité pour tous d’ici à 2030, l’Afrique subsaharienne, région comptant le plus grand nombre de pays parmi les moins développés, devra recruter et former 15 millions d’enseignants supplémentaires.

Assurer à tous la possibilité de bénéficier d'enseignants de qualité requiert de :

En permettant à 175 millions d’enfants d’apprendre, nous nous rapprochons de la vision commune exprimée par l’ODD 4. La communauté internationale de l’éducation pourra ainsi maintenir la dynamique initiée par le Sommet mondial de l’éducation – et contribuer à garantir l’accès à un enseignement de qualité pour tous les apprenants – à l’occasion du 13e Forum de dialogue politique et des réunions de gouvernance de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 (TTF), qui se tiendront à Kigali, au Rwanda, et en ligne du 1er au 3 décembre 2021. Ces réunions constituent le cadre idéal pour se réunir à nouveau et investir dès maintenant dans les enseignants pour garantir une reprise durable après la crise de la COVID-19 et préparer les apprenants d’aujourd’hui au monde de demain.

Participez vous aussi à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques d’enseignement

Le groupe thématique Inclusion et Équité dans les politiques et pratiques relatives aux enseignants prévoit de lancer une série de discussions en ligne synchrones (septembre 2021) et asynchrones (octobre et novembre 2021). Ces discussions sont conçues pour que vous permettre de contribuer à l’élaboration de politiques et de pratiques qui encouragent l’instauration de conditions équitables pour tous les enseignants. En partageant votre expérience, vous pouvez contribuer à combler les lacunes croissantes en matière de recrutement, de préparation et de déploiement des enseignants, qui ont été exacerbées par la crise de la COVID-19.

Votre participation à ce dialogue politique inclusif permettra aux enseignants et aux organisations qui les représentent de mieux faire entendre leur voix dans les processus d’élaboration des politiques. Vous pouvez prendre part à ces discussions a et où vous le souhaitez, et ainsi proposer différentes perspectives sur la manière d’offrir des voies vers l’enseignement à destination des personnes défavorisées, vulnérables et sous-représentées (notamment les migrants, les personnes en situation de handicap, les populations autochtones, les personnes issues de minorités ethniques et les personnes démunies) et ainsi pallier à la pénurie d’enseignants à travers le monde.


Des informations sur la première session synchrone du 24 septembre seront prochainement publiées sur le site Web de la TTF. Si vous êtes déjà membre de la TTF, rendez-vous sur le site Web de la TTF et rejoignez le groupe thématique Inclusion et équité dans les politiques et pratiques relatives aux enseignants en vous connectant à l’espace de travail réservé aux membres avant le début de l’événement. Vous pourrez ainsi recevoir des informations relatives aux événements de la TTF. Si vous n’êtes pas membre de la TTF, veuillez contacter directement les coordinateurs du groupe thématique : Purna Shrestha à purna.shrestha@vsoint.org ou James O’meara à  president@icet4u.org .


Photo : Une enseignante et ses élèves dans une école primaire au Rwanda. Crédit : Partenariat mondial pour l’éducation.

Nouvelles
  • 27.07.2021

La pénurie persistante d’enseignants en Afrique subsaharienne compromet la reprise de l’éducation

Les nouvelles prévisions publiées le 21 juillet révèlent qu’il faut investir mieux et davantage dans les enseignants et l’enseignement pour permettre aux enfants et aux jeunes africains d’accéder à une éducation de qualité. Selon de nouveaux calculs, l’Afrique subsaharienne a besoin de 11 millions d’enseignants supplémentaires pour garantir une éducation de qualité à tous les apprenants. Pour atteindre les objectifs en matière d’éducation d’ici à 2030, la région devra recruter 15 millions d’enseignants supplémentaires.

La note de sensibilisation Closing the gap – Ensuring there are enough qualified and supported teachers in sub-Saharan Africa est publiée par l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030, hébergée au Siège de l’UNESCO. Elle montre que malgré les avancées obtenues ces cinq dernières années, le recrutement de nouveaux enseignants a progressé trop lentement, et que beaucoup de pays devront accroître le nombre d’enseignants engagés chaque année.

Parmi les pays de la région, le Mali, le Niger, la République centrafricaine et le Tchad devront réaliser la plus forte augmentation du nombre d’enseignants recrutés par an au niveau primaire (6 % ou plus de croissance annuelle). En ce qui concerne le secondaire, une croissance annuelle encore plus élevée est nécessaire : plusieurs pays, dont le Burundi, le Mozambique, le Niger, la République centrafricaine, la République-Unie de Tanzanie et le Tchad doivent atteindre une croissance annuelle supérieure à 10 %.

Les pays ont besoin d’enseignants dotés des compétences nécessaires pour fournir aux enfants et aux jeunes une éducation de grande qualité. Or, en raison de la croissance des taux de scolarisation des dernières décennies, de nombreux enseignants n'ont pas de qualifications. En 2000, 84 % des enseignants du primaire, en moyenne, détenaient les compétences requises, contre 65 % en 2019.

En Afrique subsaharienne, le ratio élève/enseignant qualifié s’est amélioré dernièrement dans le primaire, mais reste élevé. En moyenne, on compte un enseignant qualifié pour 58 élèves dans le primaire, tandis que pour le secondaire, ce ratio avoisine les 43 élèves par enseignant qualifié. Or, plus le rapport élève/enseignant qualifié est élevé, plus le temps d’enseignement présentiel et personnalisé est réduit, et plus l’offre d’éducation de qualité est faible. 

L’Afrique subsaharienne reste la région qui présente le plus bas pourcentage d’enseignantes dans le primaire, avec à peine 50 %. Dans le secondaire, elles représentaient 30 % des effectifs en 2018. Au niveau national, la pénurie d’enseignantes est particulièrement marquée dans les zones rurales, ce qui a des répercussions considérables pour la scolarisation des filles, car les enseignantes jouent un rôle positif pour les inciter à s’inscrire et à rester à l’école.

Des ressources sont nécessaires pour recruter en nombre de nouveaux enseignants, mais aussi pour retenir ceux qui débutent et ceux déjà en poste. L’enquête montre que, même lorsque les pays prennent en charge la majeure partie de leurs dépenses d’éducation, les pays à faible revenu auront besoin d’une aide financière extérieure pour couvrir les dépenses hors salaire essentielles, notamment celles liées à la formation initiale et continue des enseignants, la préparation pour l’apprentissage mixte, l’accès aux TIC et l’amélioration des conditions de travail. Le Burkina Faso, par exemple, fait face à un déficit de financement de 97 millions de dollars des États-Unis pour assurer la formation des enseignants et mettre en œuvre d’autres interventions pour la période 2021-2025.

Pour offrir aux enseignants cette indispensable formation initiale et continue, il faudra augmenter le financement au niveau national ainsi que l’aide internationale. Il conviendra en outre d'instaurer des politiques et une gouvernance plus performantes afin de garantir la rentabilité et l’efficacité des dépenses.

La crise de la COVID-19 a mis en lumière l’importance des enseignants, mais aussi leurs conditions de travail difficiles. Les données font état d’une lourde charge de travail et de niveaux élevés d’épuisement professionnel, étant donné qu’il leur a été demandé de soutenir les communautés et de garantir la continuité pédagogique avec une préparation et un accompagnement faibles, voire nuls. Les pays et la communauté internationale se concentrent désormais sur la relance des systèmes d’éducation, par le biais d’ambitieux programmes de rattrapage visant à combler les retards d’apprentissage, ce qui signifie que le soutien et la préparation des enseignants seront, plus que jamais, vitaux. Mais sans investissements supplémentaires en matière de perfectionnement des enseignants, de gouvernance et de responsabilisation, il est peu probable que ces ambitions se concrétisent.

L’Équipe spéciale sur les enseignants lance un appel à investir davantage dans les enseignants et l’enseignement pour garantir que tous les apprenants aient accès à un enseignant qualifié et soutenu à l’horizon 2030. Elle recommande aux gouvernements et aux partenaires de prendre les mesures suivantes :

  • Élaborer des politiques holistiques relatives aux enseignants et les chiffrer correctement, plus particulièrement dans les pays où la pénurie est la plus grave. Ces politiques aideront les pays à déterminer où les besoins d’enseignants sont les plus importants, notamment dans les régions défavorisées, ainsi qu’à identifier les interventions les plus rentables et les arbitrages à effectuer.
  • Augmenter les ressources nationales destinées à l’éducation et garantir aux enseignants un salaire décent. Les budgets nationaux de l’éducation doivent être augmentés ou maintenus pour faire en sorte qu’ils atteignent le niveau de référence convenu à l’échelle internationale, qui est de 15 à 20 % du PIB.
  • Augmenter le financement international de l’éducation en mettant davantage l’accent sur les enseignants et l’enseignement, notamment en matière de formation initiale et continue.
  • Améliorer la préparation, le soutien et les conditions de travail des enseignants pour réduire le taux d’abandon et retenir, en particulier, les jeunes enseignants. Il faut agir d’urgence pour protéger les enseignants, que ce soit des attaques contre les écoles ou de la COVID-19. 
  • Recueillir davantage de données comparables sur le plan national et international, pour améliorer la planification relative au financement de l’éducation et aux enseignants et garantir que les investissements produisent les résultats escomptés.

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L’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 est un réseau mondial de plus de 155 membres (pays, membres des Nations Unies et organisations régionales, organisations de la société civile, corps enseignant et fondations) œuvrant en faveur des enseignants et des questions liées à l’enseignement. Son secrétariat est hébergé au Siège de l’UNESCO à Paris.

Consulter la note de sensibilisation Closing the gap—Ensuring there are enough qualified and supported teachers in sub-Saharan Africa.

Pour plus d'information, contactez Anna Ruszkiewicz (ae.ruszkiewicz@unesco.org).

 

Événement
  • 11.06.2021

Atelier régional virtuel de renforcement des capacités sur le développement des politiques des enseignants en Afrique

Regardez les enregistrements.

L'UNESCO, son Institut international pour le renforcement des capacités (IICBA) en Afrique et l’Équipe Spéciale Internationale sur les Enseignants (TTF), organisent une série de réunions en 2021 pour les décideurs nationaux et autres partenaires de l’éducation en Afrique, afin d'accroître leurs connaissances et leurs capacités en matière du processus d'élaboration des politiques enseignantes, les dimensions de la politique enseignante, et la manière dont le travail d'élaboration des politiques peut être mieux opérationnalisé au niveau national. Il s'agit d'un domaine critique qui nécessite une attention particulière pour assurer le développement des politiques enseignantes holistiques et complètes qui soient alignées sur les cadres nationaux et les plans du secteur de l'éducation, qui définissent les rôles et les droits des enseignants et déterminent leur travail.

Pendant ces réunions, deux ressources clés seront discutées : le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignant (TPDG) et le guide contextualisé régionalement de l'IICBA, Politiques enseignantes et résultats d'apprentissages en Afrique Subsaharienne: résultats et modèles. Sur la base des contributions de la première session virtuelle, un ou plusieurs ateliers de suivi seront planifiés entre septembre et décembre 2021 sur des sujets spécifiques de l'élaboration de politiques relatives aux enseignants.

L'atelier se déroulera en anglais, français et arabe avec interprétation simultanée. Il comprendra également des groupes de travail spécifiques aux langues pour discuter plus en profondeur des questions liées à l'élaboration des politiques relatives aux enseignants.

Pour plus d'informations, veuillez consulter la note conceptuelle.

Pour participer à l'événement, veuillez vous inscrire ici.

Photo : Peter Wallet

Nouvelles
  • 04.06.2021

Encourager le dialogue social dans l’éducation : quatre enseignements tirés des initiatives menées en Afrique subsaharienne

La participation des enseignants aux décisions politiques est essentielle à l’émergence de solutions communes et au renforcement de la gouvernance dans le secteur de l’éducation. Le dialogue social peut également contribuer à harmoniser les mesures politiques et à améliorer la coopération entre les pouvoirs publics et les enseignants qui appliquent les normes et politiques nationales dans leurs pratiques éducatives. On peut donc considérer l’efficacité du dialogue social comme un facteur déterminant de la qualité de l’éducation. Pourtant, durant la pandémie de COVID-19, qui a perturbé le travail de plus de 100 millions d’éducateurs et d’auxiliaires à travers le monde, les enseignants et les organisations qui les représentent ont rarement été consultés au sujet des décisions relatives à la fermeture ou à la réouverture des établissements scolaires.

Une table ronde virtuelle organisée à l’occasion de la conférence 2021 de la Société internationale d’éducation comparée (CIES) a mis en lumière des moyens de renforcer le rôle des enseignants en matière de dialogue social, à partir d’exemples provenant d’Afrique subsaharienne. Cette table ronde réunissait des experts et des représentants de l’Internationale de l’Éducation, de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030, du projet FORSYNC au Togo, un représentant syndical de la République démocratique du Congo, ainsi qu’un expert indépendant du domaine de l’éducation en Afrique subsaharienne. Elle se proposait de recenser les difficultés rencontrées et les occasions à saisir pour favoriser un dialogue social plus constructif en s’appuyant sur l’expérience acquise sur le terrain et les enseignements tirés en la matière.

 

Qu’entend-on par dialogue social ?

Le dialogue social est un concept central de la négociation collective, largement reconnu dans de nombreux pays. Selon la définition de l’Organisation internationale du Travail, ce terme désigne « tous types de négociation, de consultation ou simplement d’échange d’informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs selon des modalités diverses, sur des questions relatives à la politique économique et sociale présentant un intérêt commun ». Dans le secteur de l’éducation, cela inclut les échanges entre les pouvoirs publics et les enseignants représentés par leurs syndicats. Les principaux problèmes de ce secteur pourraient être résolus grâce à des mécanismes et des processus de dialogue social efficaces, c’est pourquoi ceux-ci devraient être institutionnalisés et protégés juridiquement. Il peut également s’agir de dispositifs informels ou d’une combinaison des deux.

Dennis Sinyolo, coordonnateur principal du Bureau régional africain de l’Internationale de l’éducation, a souligné l’importance des échanges entre pouvoirs publics et enseignants, affirmant que « le dialogue social est essentiel à l’établissement d’un consensus professionnel et à la participation démocratique du corps enseignant, à travers une négociation collective réunissant les principales parties prenantes du secteur de l’éducation. »

Plus récemment, une attention particulière a également été accordée au rôle de la participation sociale dans l’éducation. Cette notion, dont la définition n’est pas aussi consensuelle, renvoie au fait que d’autres partenaires prennent part au dialogue politique et influencent les décisions et leurs effets : organisations de la société civile, organisations non gouvernementales, associations de bénévoles, parents et élèves, organisations confessionnelles, fondations, entreprises du secteur privé, etc. La participation sociale est considérée comme distincte mais complémentaire des processus et mécanismes traditionnels de dialogue social. L’ampleur de la participation de ces acteurs peut varier, de même que le pouvoir d’action et les moyens d’expression des personnes directement concernées par les politiques éducatives. Quelle que soit sa forme (simple consultation, dialogue ou véritable délibération, voire administration, redevabilité et suivi conjoints), cette participation a toujours pour objectif d’améliorer continuellement la qualité et la pertinence de l’enseignement.

Au cours de la conférence, les membres du panel ont livré quatre enseignements de premier plan sur les moyens d’encourager un véritable dialogue social en Afrique subsaharienne.

 

Enseignement numéro 1 : les représentants du personnel enseignant doivent être formés afin de développer leurs compétences techniques

Dans de nombreuses régions d’Afrique subsaharienne, les syndicats ne disposent pas des capacités nécessaires pour contribuer activement et de façon constructive à l’élaboration et au suivi des politiques éducatives et des plans sectoriels. Au vu de ce constat, le projet Formation syndicale (FORSYNC) a entrepris de renforcer les capacités techniques des syndicats mais également des organisations d’enseignants grâce à des formations sur le plaidoyer, la mobilisation et la conduite de consultations et de négociations. Ces formations visent également à mieux faire connaître le système éducatif et ses diverses filières aux membres des syndicats.

Selon Aichath Sidi, représentante du projet FORSYNC au Togo, ce renforcement des compétences techniques et des connaissances est essentiel à l’instauration d’un dialogue social effectif permettant d’améliorer les politiques éducatives. Les échanges et les consultations menées auprès des syndicats ont en effet révélé que

[l]es formations doivent porter sur l’élaboration des politiques éducatives et leur suivi (examens sectoriels conjoints) ; sur l’utilisation des indicateurs de l’enseignement et des enquêtes auprès des enseignants ; sur les évaluations des acquis, l’établissement de rapports sur les résultats et l’analyse des répercussions de crises telles que celle de la COVID-19 (conséquences et perspectives pour l’enseignement à distance). Ces formations doivent en outre adopter une approche inclusive et soucieuse de l’égalité des genres, qui tienne compte des personnes les plus vulnérables et les plus marginalisées. »

 

Enseignement numéro 2 : les syndicats d’enseignants doivent bénéficier d’une autonomie plus accrue

L’instauration d’un dialogue social est hautement tributaire de l’autonomie, de l’influence et de la légitimité des syndicats d’enseignants. L’exemple de la République démocratique du Congo (RDC) montre que la réussite du dialogue social peut être compromise par la perception, au sein des ministères gouvernementaux, d’une « politisation » des différents syndicats d’enseignants. L’échec du dialogue social peut aussi s’expliquer par la multiplication et la fragmentation des syndicats, et par l’absence d’une représentativité établie.

Les syndicats d’enseignants doivent être puissants et unifiés pour surmonter les difficultés existantes, en particulier lorsque les pouvoirs publics ne sont pas disposés à engager un dialogue social constructif et une véritable négociation collective. Les syndicats doivent donc trouver le juste équilibre : protéger leur autonomie et accroître leur influence politique, sans pour autant être considérés comme « trop politisés » par les gouvernements.

Le renforcement des compétences techniques et la formation peuvent également contribuer à dépolitiser les syndicats, affirmer leur autonomie, et de ce fait consolider le dialogue social. Comme l’explique Jacques Taty, représentant syndical en RDC,

[n]ous organisons depuis le début de l’année des séances de formation et d’information sur les fondamentaux du syndicalisme à l’intention des différents membres des organisations syndicales afin que ces organisations gagnent en compétences et que les enseignants, une fois formés, puissent défendre leurs propres intérêts et contribuer activement à l’élaboration des politiques éducatives et au suivi de leur mise en œuvre. »

 

Enseignement numéro 3 : l’environnement politique joue un rôle important

La progression de la participation sociale, de la démocratie et de la gouvernance n’est possible que si le contexte national ou local permet un dialogue politique transparent, participatif et responsable. Il faut également que les principales activités favorisant le dialogue social (partage d’informations, consultation, négociation) puissent être organisées régulièrement en toute transparence et qu’elles génèrent des résultats positifs.

Le projet FORSYNC a toutefois mis en évidence une sous-représentation des femmes dans les différents syndicats d’enseignants, alors même que celles-ci constituent une large majorité du personnel enseignant dans de nombreux pays. Les syndicats doivent donc veiller à ce que les femmes, compte tenu de leur poids démographique, bénéficient d’une représentation plus équitable dans le dialogue social. Des études antérieures ont en outre montré que les femmes jouent un rôle déterminant dans la cohésion des syndicats et sont généralement moins enclines aux querelles de pouvoir, souvent sources de conflit et de dissensions (Bureau international du Travail, 2010).

D’autres stratégies s’avèrent également prometteuses pour parvenir à un dialogue social constructif et combattre la réticence des ministères à y prendre part. La Fédération nationale des enseignants et éducateurs du Congo et l’Union nationale des travailleurs du Congo (FENECO/UNTC) ont par exemple adopté des stratégies visant à former les syndicalistes, mais également à faire pression sur les ministères de l’éducation en préparant et en diffusant des communiqués de presse ainsi que des émissions de radio et de télévision.

 

Enseignement no 4 : les autres acteurs de l’éducation doivent également être impliqués (participation sociale)

En République démocratique du Congo, le dialogue social dans le secteur de l’éducation repose sur des principes fondamentaux inscrits dans la législation (loi no 14/004 du 14 février 2014 sur l’enseignement national, par exemple), ce qui garantit une approche partenariale en vertu de laquelle l’État associe les différents acteurs pour mettre en commun les ressources humaines, matérielles et financières. Cette approche coopérative, qui encourage la participation sociale dans le secteur de l’éducation, vise à impliquer tous les acteurs dans la conception et la gestion de l’enseignement national : parents, défenseurs des établissements privés agréés de l’enseignement national, représentants des confessions religieuses, communautés locales, autorités des différentes provinces, entités territoriales décentralisées, entreprises nationales publiques et privées, organisations non gouvernementales,etc.

Selon M. Taty,

la participation d’autres partenaires est également indispensable, c’est pourquoi les syndicats doivent sortir de leur rôle traditionnel, qui, cantonné aux exigences et aux revendications, a montré ses limites. »

À l’heure de la mondialisation, il est nécessaire de repenser les alliances, et les syndicats doivent nouer des partenariats avec de nouveaux acteurs tels que les centres de recherche et les universités, ce qui pourra contribuer à l’établissement de réseaux en faveur de l’apprentissage, de la recherche et des échanges.

Le projet FORSYNC est soutenu par le Centre de recherche et de sondage d’opinion (CROP), une organisation indépendante et non politisée de chercheurs africains travaillant dans différents domaines. Partenaire national du réseau de recherche de l’Afrobaromètre pour le Togo depuis 2012, le CROP a déjà conduit quatre séries d’enquêtes au Togo parallèlement à d’autres études. Ces enquêtes prennent le pouls de l’opinion publique concernant des sujets économiques, politiques et sociaux sur tout le continent africain. Plus récemment, le projet a également organisé des discussions avec les syndicats et publié des articles afin d’améliorer la visibilité des syndicats et de leurs besoins. En outre, des formations ont déjà été dispensées en collaboration avec la FENECO, et d’autres séances de formation sont prévues, notamment sur le suivi et l’évaluation des politiques éducatives.

 

Conclusion

Le dialogue social entre pouvoirs publics, employeurs et syndicats d’enseignants est essentiel pour façonner un environnement de travail positif et trouver des solutions concertées et consensuelles. C’est également un élément indispensable pour éviter les approches trop verticales dans le secteur de l’éducation, comme certains pays ont pu en faire l’expérience au plus fort de la crise de la COVID-19.

Pour améliorer les conditions de vie et de travail des enseignants et la qualité de l’enseignement en général, les syndicats d’enseignants et les autres acteurs doivent être en mesure de proposer des idées différentes et innovantes en complément de celles proposées par les gouvernements et les établissements d’enseignement privés. À cette fin, les syndicats doivent faire preuve d’autonomie et être moins fragmentés, plus investis et mieux armés. La formation par différents partenaires peut contribuer à combler bon nombre de ces lacunes et donner aux syndicats les moyens de collaborer à l’élaboration de solutions communes. Les mécanismes et processus traditionnels de dialogue social peuvent par ailleurs être complétés par une ouverture à d’autres partenaires et une coopération continue en matière de dialogue politique et de participation sociale.

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Crédit photo : The Sunday Times/Antonio Muchave
Légende : Teachers from independent schools and members of the SA National Civic Organisation protest outside the Gauteng education department about the non-payment of salaries.

Événement
  • 23.03.2021

Les syndicats d'enseignants et les crises (de l'éducation) : L'efficacité du dialogue social en Afrique francophone

Rejoignez-nous pour une table ronde sur les syndicats d'enseignants et les crises (de l'éducation) : L'efficacité du dialogue social en Afrique francophone à la Conférence CIES 2021. La discussion aura lieu sur Zoom Room 128 le mercredi 28 avril de 8h00 à 9h30 PDT (17h00 à 18h00 heure de Paris)

Inscrivez-vous ici. L'événement est uniquement ouvert aux membres du CIES. 

La discussion se tiendra en anglais et en français avec une transcription en direct et un sous-titrage automatique en anglais. 

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Ce panel explorera les différentes formes de dialogue social et l'implication des syndicats d'enseignants dans le développement des politiques éducatives dans les pays africains francophones. Par les enseignements tirés de différents cas, ce panel vise à questionner le dialogue social tout en identifiant les questions relatives à la participation des enseignants dans différents pays et sa relation avec les différentes économies politiques. De plus, la variété des cas peut apporter une perspective sous-régionale du contexte et vise à inviter les chercheurs à approfondir ce sujet peu exploré.

Les différents points de vue et expériences comprennent trois présentations complémentaires. Premièrement, un aperçu d'une recherche en cours menée par le Groupe de travail international sur les enseignants pour l'éducation 2030 qui fera la lumière sur le dialogue social dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Deuxièmement, le projet FORSYNC met en lumière des approches pratiques pour favoriser les capacités techniques des syndicats dans six pays d'Afrique subsaharienne. Troisièmement, une étude de cas empirique critique de la République démocratique du Congo apporte des nuances à la fois aux leçons apprises et aux approches innovantes en examinant la situation concrète dans un contexte politique difficile.