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Blog
  • 01.06.2022

Nous devons prêter attention aux grèves d’enseignants en Afrique de l’Ouest

par Anna C. Conover, consultante, et Peter Wallet, administrateur de projet, Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030


Les grèves d’enseignants récurrentes qui ont eu lieu dans toute l’Afrique de l’Ouest au cours des six derniers mois, notamment au Ghana, en Guinée, en Mauritanie, au Niger, au Nigéria, au Togo et au Sénégal, témoignent de difficultés importantes en matière de relations de travail et nuisent à la qualité de l’éducation. Les plaintes et les réclamations des enseignants portent notamment sur le non paiement des salaires, des arriérés de salaires et des indemnités ; les mauvaises conditions de travail ; la longueur et la lourdeur des processus de promotion ; le manque de personnel et les classes surchargées ; et les difficultés liées à la certification et à l’absence de reconnaissance professionnelle.

Les causes de cette situation sont multiples. Dans les faits, nombre des pays de la région ont accompli des progrès considérables en matière d’amélioration de l’accès à l’éducation au cours des deux décennies écoulées. Par exemple, le taux de scolarisation net a doublé au Burkina Faso et au Niger, atteignant respectivement 76 % et 59 % en 2020, une tendance observée dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest à des degrés divers.

Cependant, dans la course pour améliorer l’accès, les efforts visant à élever le statut de la profession se sont arrêtés. Les pays de la région ont fait des compromis politiques incluant le recrutement massif d’enseignants contractuels, qui touchent généralement un salaire moins élevé et ne bénéficient pas du même niveau de soutien que leurs homologues fonctionnaires. Les piètres conditions de travail, exacerbées par l’absence de stratégie visant à intégrer les enseignants contractuels dans la fonction publique, font monter les frustrations et ont souvent entraîné des grèves. Plus récemment, l’effet disproportionné de la pandémie de COVID-19 sur les enseignants non fonctionnaires a aggravé la situation en raison du non paiement ou du retard de paiement des salaires des enseignants contractuels.

Perturbations et mécontentement

De manière inévitable, les grèves d’enseignants réduisent le temps passé en salle de classe pour les élèves et viennent s’ajouter à d’autres facteurs qui nuisent à la qualité de l’éducation et aboutissent à une perte d’apprentissage, tels qu’un financement inadéquat, des pénuries d’enseignants, des infrastructures défaillantes, et ainsi de suite. Par exemple, en Guinée-Bissau, au cours des cinq années écoulées, les grèves d’enseignants ont eu des répercussions négatives sur au moins un tiers de l’année scolaire. Dans plusieurs autres pays d’Afrique de l’Ouest, la frustration a atteint un tel point que les élèves ont manifesté dans la rue pour revendiquer leur droit à l’éducation. C’est ce qui s’est passé au Sénégal en janvier dernier. Ainsi, après plusieurs semaines sans école et craignant d’être mal préparés pour leurs examens, les élèves ont manifesté pour exiger une résolution rapide du conflit entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants.

Alors que les pays sortent à peine des fermetures d’écoles liées à la pandémie de COVID-19, les élèves et leurs familles redoutent de perdre une année scolaire de plus. Au Sénégal, la crainte d’une année blanche a marqué le début de 2022. Après toute une série de démissions et de grèves, les enseignants ont exigé du gouvernement qu’il honore les accords conclus en 2018 concernant les structures de rémunération.

Les interruptions de l’éducation ne touchent pas seulement les populations locales, mais aussi le développement des connaissances à l’échelle mondiale. Des grèves académiques se déroulent actuellement au Nigeria pour réclamer l’application d’un accord de 2009 visant à améliorer la rémunération et à investir dans la recherche universitaire nigérienne.

L’une des difficultés entravant la défense des intérêts des enseignants dans la région réside dans la fragmentation en plusieurs petits syndicats d’enseignants qui, bien souvent, ne sont pas reconnus par les autorités. Au Togo, par exemple, le Syndicat des enseignants du Togo (SET) est en grève pour réclamer, entre autres, une indémnité de logement, le recrutement d’enseignants supplémentaires pour renforcer le corps enseignant et une meilleure reconnaissance de la profession. Cependant, du point de vue du gouvernement togolais, qui ne reconnaît pas officiellement le SET, cette grève est sans fondement juridique et plus de 100 enseignants grévistes ont été démis de leurs fonctions.

Il est crucial d’améliorer les mécanismes de dialogue social à tous les stades de l’élaboration des politiques pour prévenir et mieux gérer les crises

 La relation entre les gouvernements et les organisations d’enseignants, plus souvent caractérisée par le conflit que par la collaboration, doit être redéfinie. Le dialogue social, que l’Organisation internationale du Travail décrit comme étant « tous types de négociation, de consultation ou simplement d’échange d’informations entre les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs selon des modalités diverses, sur des questions relatives à la politique économique et sociale présentant un intérêt commun », constitue un moyen important d’aligner les objectifs du gouvernement et des enseignants et d’établir des relations harmonieuses entre les deux parties dans le but d’assurer une éducation de qualité.

Comme décrit dans le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante, l’élaboration de politiques efficaces suppose la création d’espaces et de mécanismes qui facilitent le dialogue social entre les gouvernements et toutes les parties prenantes, en particulier les enseignants et leurs représentants. L’urgence de la situation actuelle, où l’on doit remédier à des problèmes exacerbés par des crises, pourrait contribuer à renforcer la coopération entre les gouvernements et les syndicats d’enseignants en matière d’élaboration des politiques. Malheureusement, et en partie à cause des mesures mondiales rapides de fermeture des écoles, on a observé peu d’exemples de dialogue social fructueux entre les gouvernements et les syndicats au début de la pandémie de COVID-19. Cependant, dans le cadre de la reprise de l’enseignement, les conflits entre les syndicats et les gouvernements pourraient être atténués en veillant à inclure les enseignants à tous les niveaux du processus d’élaboration des politiques et ce, de manière permanente.

Enseignements cruciaux pour améliorer le dialogue social

Pour renforcer le dialogue social en Afrique subsaharienne, les dirigeants syndicaux et les gouvernements doivent comprendre clairement quels sont leurs rôles et responsabilités. Les dirigeants syndicaux doivent être mieux formés sur le fonctionnement des systèmes éducatifs afin de pouvoir communiquer efficacement les besoins des enseignants au moyen des canaux existants, participer à l’élaboration des politiques, et plaider en faveur de leurs membres et mobiliser ces derniers. Pour leur part, les gouvernements doivent comprendre leurs responsabilités de garantir les principes et droits fondamentaux au travail, dont la liberté d’association et la négociation collective. Par exemple, on pourrait renforcer la pratique du dialogue social dans l’éducation au moyen de formations conjointes réunissant les gouvernements, les organisations d’employeurs concernées et les syndicats d’enseignants.

La liberté d’association et la négociation collective, de même que l’autonomie et la légitimité des syndicats, sont également essentielles pour éviter d’être perçu comme étant trop politisé. En soutenant des voies de communication transparentes et en trouvant des arguments clairs et rassembleurs, les syndicats peuvent acquérir la force nécessaire pour exercer efficacement leur droit de négociation collective. Ils doivent éviter la fragmentation et les intérêts concurrents et s’unir pour défendre les intérêts des enseignants à différents niveaux et dans différentes circonstances. Par ailleurs, les syndicats doivent mieux impliquer les femmes, qui sont souvent sous-représentées, en particulier aux postes de direction.

Afin de favoriser la participation et la gouvernance démocratique, les gouvernements et les syndicats doivent privilégier une approche fondée sur le contexte national ou local assortie d’un dialogue politique transparent, participatif et responsable. Il faut également que les principales activités favorisant le dialogue social (partage d’informations, consultation, négociation) puissent être organisées régulièrement en toute transparence et qu’elles génèrent des résultats positifs.

Stratégies de médiation et de résolution des conflits visant à éviter de perdre de vue l’objectif commun d’une éducation de qualité pour tous

 Dans certains cas, les organes de médiation et une participation sociale globale à l’éducation ont joué un rôle important pour faciliter la conclusion d’accords à l’amiable entre les syndicats et le gouvernement. Au Sénégal, la Coalition nationale de l’éducation pour tous considère que sa mission consiste en partie à garantir l’apaisement du système éducatif, et elle a pris part à la négociation réussie des récents accords concernant les régimes de retraite et de validation de carrière.

Le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante indique que la participation à l’élaboration des politiques peut prendre de nombreuses formes, comme des consultations, des requêtes officielles et non officielles pour conseils, des réunions publiques et un plaidoyer de la part de différents acteurs. On peut citer un exemple d’élaboration inclusive d’une politique au Ghana, où l’équipe spéciale nationale du Ghana sur les enseignants a été mise en place pour soutenir l’élaboration d’une politique nationale complète sur les enseignants, qui définit une vision et une orientation en matière de recrutement, de formation, de développement professionnel et de bien-être des enseignants. La mission de cette équipe spéciale consistait avant tout à établir un cadre pour le dialogue social et à améliorer les mécanismes de retours d’information aux niveaux local, régional et national.

Au Bénin, en Guinée et au Togo, les décideurs politiques et les parties consultées pendant l’élaboration des nouvelles politiques enseignantes holistiques ont accepté d’élaborer un module supplémentaire sur le dialogue social, en reconnaissance de son importance au vu du contexte national.

Le dialogue social comme moyen d’améliorer la qualité de l’éducation

Bien que les progrès réalisés précédemment en matière d’accès à l’éducation soient importants, pour atteindre le quatrième objectif de développement durable qui vise à « assurer à tous une éducation équitable, inclusive et de qualité et des possibilités d’apprentissage tout au long de la vie », il faut adopter une approche globale incluant une meilleure compréhension des motivations des enseignants, et notamment de leurs efforts pour participer à des actions collectives visant à satisfaire leurs besoins, y compris, si nécessaire, des grèves. L’institutionnalisation du dialogue social, en incluant les enseignants à chaque étape de l’élaboration des politiques, et l’intégration explicite de son rôle ans des politiques enseignantes holistiques demeureront des leviers importants pour soutenir la négociation collective et favoriser l’appropriation par les enseignants des priorités et des politiques éducatives nationales.

La presse internationale ne s’intéresse pas encore assez aux grèves d’enseignants en Afrique de l’Ouest et dans la région plus large de l’Afrique subsaharienne, et elles ne font pas l’objet de recherches suffisantes concernant leurs effets sur la résolution des préoccupations des enseignants, la perte d’apprentissage, l’éducation et la société. Alors que certains éléments montrent que les grèves ont eu des effets à court et à long termes sur les élèves dans les pays à revenu élevé, on manque encore de données en Afrique subsaharienne. Pour comprendre la capacité du dialogue social à atténuer les effets des grèves de manière systématique et adaptée au contexte, il faut adopter des approches innovantes tirées de contextes variés et mener davantage de recherches pertinentes et opportunes.

Crédit photo : Education International

Document de réunion
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  • 15.11.2021
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13ème Forum de dialogue politique - Programme

Le 13ème Forum international de dialogue politique aura lieu du 1er au 3 décembre 2021, à Kigali (Rwanda) et en ligne. Organisé cette année par le Secrétariat de la TTF et le ministère de l’Éducation...
Événement
  • 19.10.2021

9e Conférence AFTRA sur l'enseignement et l'apprentissage et la 11e Table ronde

La Fédération Africaine des agences de réglementation de l'Enseignement (AFTRA) annonce par la présente sa 9e conférence internationale et sa 11e table ronde avec le thème Exposer l'enseignement et l'apprentissage en Afrique pour l'excellence.

L'AFTRA est l'organisation intergouvernementale des ministères de l'éducation et des agences nationales régulant l'enseignement dans les 55 États membres de l'Union africaine. En collaboration avec la Division de l'éducation de la Commission de l'Union africaine, l’Institut international de l’UNESCO pour le renforcement des capacités en Afrique (IIRCA), l'éducation l'Internationale de la Région Afrique, les bureaux régionaux de l'UNESCO, le Groupe de travail des enseignants, l'éducation Internationale et d'autres organisations internationales, AFTRA sert de plaque tournante pour l'articulation et la mise en œuvre de politiques et d'initiatives clés motivant l'enseignement et l'apprentissage en Afrique. La Conférence internationale et la Table ronde sont donc des événements continentaux annuels qui attirent des conférenciers, des délégués et des participants d'Afrique et d'autres régions du monde.

INVITÉ D’HONNEUR SPÉCIAL S.E. Nana Addo Dankwa Akufo Addo Président du Ghana

L’HôTE PRINCIPAL Hon. Dr. Yaw Osei Adutwum, MP. Ministre de l’Education, Ghana

LES HOTES Ministère de l'Éducation, Ghana ; Conseil national de l'enseignement ; Conseil National d'Inspection ; Service d'éducation du Ghana ; Association nationale des enseignants du Ghana ; Coalition des enseignants concernés; Association nationale des enseignants diplômés; & autres.

Pour plus d'informations, veuillez visiter: https://www.africateaching-authorities.org/

Lien d'inscription

Photo: Conférence AFTRA en 2019

Blog
  • 27.09.2021

Élaboration d’une politique enseignante adaptée aux situations de crise : webinaire et consultation internationale

Face à l’augmentation des perturbations et des crises mondiales, il ne sera pas possible de garantir une éducation de qualité inclusive et équitable pour tous d’ici 2030 ( ODD 4) si la planification de l’éducation n’est pas adaptée aux situations de crise. Les enseignants, qui sont le facteur le plus important au sein de l’établissement scolaire pour influencer les résultats de l’élève, sont souvent en première ligne dans les situations de crise. C’est pourquoi il est impératif de donner la priorité aux enseignants, de les soutenir et de les protéger par le biais d’une politique et d’une planification de l’éducation adéquates.

En s’appuyant sur la Note d’orientation sur l’élaboration d’une politique enseignante adaptée aux situations de crise élaborée conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), l’Organisation internationale du Travail (OIT) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en 2020 dans le cadre de l’Initiative norvégienne pour les enseignants (NTI), le webinaire sur les politiques enseignantes et la planification adaptées aux situations d’urgence et de déplacement qui s’est tenu le 16 septembre, a réuni des experts politiques, des représentants de pays et des enseignants pour mettre en évidence ce qui est nécessaire pour garantir une politique enseignante adaptée aux situations de crise.

Au cours d’une discussion qui a abordé les principaux aspects stratégiques du guide, les participants ont partagé les enseignements tirés des crises précédentes et actuelles, ont discuté du rôle des enseignants dans les contextes d’urgence et de déplacement, et ont plaidé pour un soutien accru des enseignants dans ces contextes.

Les déplacements créent des difficultés pour le recrutement, la formation et le déploiement des enseignants 

Si la COVID-19 a mis en lumière, à l’échelle mondiale, les difficultés auxquelles les enseignants sont confrontés lorsque la scolarité est perturbée, cette pandémie n’est qu’une des nombreuses situations de crise qui remettent en cause la continuité et la qualité de l’éducation à travers le monde. Selon le HCR (2021), fin 2020, 82,4 millions de personnes ont été déplacées de force en raison de conflits violents, de persécutions et de catastrophes naturelles.

Mme Angéline Neya Donbwa, secrétaire technique de l’Éducation en situation d’urgence au Burkina Faso, a fait écho au constat de Mme Alezuyo. Elle a ajouté qu’avec plus de 1,4 million de personnes déplacées et 2 444 écoles fermées au sein de son pays, le redéploiement d’enseignants depuis des zones ravagées par les conflits vers des villages déjà surpeuplés dans des zones plus sûres, représentait une difficulté majeure. Grace*, une enseignante déplacée originaire elle aussi du Burkina Faso, s’est exprimée sur les défis que pose l’enseignement à des enfants traumatisés. Elle a expliqué que certains de ses élèves rencontraient des difficultés à se concentrer en classe, avaient peur, ou réagissaient de manière agressive ou violente. Elle a également noté qu’au sein de sa classe, elle devait répondre non seulement aux besoins des enfants déplacés, mais aussi à ceux des enfants de la communauté du pays d’accueil.

Un soutien psychosocial et financier est primordial pour les élèves comme pour les enseignants

Un soutien psychosocial apparaît comme une dimension importante de la planification adaptée aux situations de crise. Mme Neya Donbwa a expliqué que la nécessité de recevoir cette forme de soutien avait été clairement exprimée par les communautés affectées par l’insécurité et la violence au sein de son pays. En plus d’avoir eux-mêmes besoin de soutien pour répondre aux épisodes traumatiques, les enseignants ont besoin de pouvoir faire face aux effets physiques et émotionnels de la crise sur leurs élèves. C’est ce qui a conduit l’équipe de Mme Neya Donbwa à élaborer un module pour faire face aux situations traumatiques. Ce dernier vient compléter leur formation « Safe Schools » (Écoles sûres), conçue pour préparer les enseignants aux situations de crises.  

En outre, la stabilité financière des enseignants est souvent mise à mal lors de situations de crises et d’urgence. Mme Neya Donbwa a expliqué que continuer à verser un salaire aux enseignants ayant dû fuir une zone à risques était l’une des dispositions de leur stratégie de gestion des enseignants en temps de crise. De même, Mme Alezuyo a précisé qu’en temps de crise en Ouganda, les enseignants des établissements publics avaient continué à recevoir leur salaire jusqu’à leur redéploiement. Cela n’était toutefois pas le cas des enseignants des écoles privées pendant la crise de la COVID-19, comme l’a souligné Mme Stella Turehe, une enseignante ougandaise. Mme Turehe a indiqué que les pressions financières auxquelles les écoles privées avaient été confrontées pendant cette crise avaient entraîné la fermeture de nombreuses écoles et la perte d’emploi d’enseignants.

Le respect des mesures sanitaires demande de la flexibilité et de l’innovation

Le respect des mesures sanitaires de lutte contre la COVID-19 s’est également montré difficile pour les écoles et a parfois conduit à leur fermeture complète. En Ouganda, les mesures émises par le ministère de la Santé ont limité à 20 le nombre d’élèves par enseignant. Selon Mme Turehe, les écoles des camps de réfugiés — qui ont un taux d’inscription élevé — ont eu du mal à rouvrir. Cependant, en réponse à ces mesures, des enseignants ont mis en place un certain nombre d’actions avec le soutien d’organisations non gouvernementales, parmi lesquelles la création d’un système de double vacation pour permettre la réouverture des écoles, la promotion de l’apprentissage en ligne par le biais de tablettes, et de l’apprentissage en groupe dans les communautés d’étudiants réfugiés.

De plus, les enseignants ont également fait preuve d’innovation pour soutenir l’ensemble de la communauté scolaire pendant la crise de la COVID-19 en Ouganda. Ils ont organisé des campagnes promouvant le retour à l’école, mis en place des comités pour établir des liens avec les apprenants et les parents, créé des clubs d’étudiants et offert des conseils aux adolescents.

L’importance des mécanismes de communication et de consultation

Les mécanismes de communication et de retour d’information des enseignants sont essentiels afin de s’assurer que les décideurs politiques sont suffisamment informés des conditions en évolution constante qui caractérisent les situations de crise. Mme Alezuyo a expliqué qu’il existe différents niveaux de communication entre les décideurs politiques, les enseignants et les communautés de son pays. Elle a précisé de quelle manière ces niveaux sont propices à la planification d’une éducation adaptée aux situations de crise. Le système d’information sur la gestion des enseignants recense les niveaux de formation et d’expérience, ce qui facilite le déploiement des enseignants et une planification efficace pendant les crises. La communication au niveau de l’établissement scolaire et de la communauté s’est adaptée, y compris par le biais de téléphones portables, de radios et de plateformes de réseaux sociaux.

Consultation pour un nouveau module sur la politique enseignante adaptée aux situations de crise.

Le webinaire a par ailleurs lancé une consultation internationale afin de développer un nouveau module sur la politique enseignante et la planification adaptées aux situations de crise qui vient compléter le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignante rédigé par l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030. 

Le projet de module est disponible pour commentaires et suggestions d’études de cas au lien ci-dessous.

https://docs.google.com/document/d/1NC8h2fNfjYj3CxSI2jkQWOYjy2v5Zz1N/edit

Veuillez envoyer vos commentaires et suggestions avant le 1er octobre à sm.richter@unesco.org.


*Pour des raisons de sécurité, ce nom a été modifié.

Crédit photo : HCR/Eduardo Soteras                                                                     

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  • 06.09.2021

Assurer l’inclusion et l’équité dans les politiques et pratiques relatives aux enseignants : une stratégie de relance durable au lendemain de la pandémie

Auteurs : James O’Meara, CIPE, et Purna Shresta, VSO.


Le Sommet mondial sur l’éducation, qui s’est tenu au mois de juillet, a permis de mobiliser 4 milliards de dollars US, un montant record qui permettra d’assurer l’apprentissage de 175 millions d’enfants.  Cet impressionnant investissement est un exemple de ce qui peut être accompli lorsque des gouvernements travaillent de concert avec l’Organisation des Nations Unies et d’autres entités intergouvernementales, aux côtés d’organismes d’aide au développement et d’organisations de la société civile et du secteur privé. Le déploiement de tels efforts concertés pourra nous aider à atteindre les cibles communes fixées par l’objectif de développement durable (ODD) 4, à savoir assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie.

Une éducation inclusive et permettant à chacun d'avoir une chance équitable d'apprendre n'est pas possible sans garantir à chacun l'accès à des enseignants de qualité. Pour ce faire, il est indispensable de mettre en œuvre des politiques et des pratiques qui favorisent l’inclusion et l’équité pour les enseignants, quel que soit le contexte éducatif, et qui tiennent compte du genre, du statut socioéconomique, du lieu, des capacités de chacun et d’autres facteurs pouvant conduire à l’exclusion.

 Garantir l'accès de tous à des enseignants de qualité nécessite des niveaux d'investissement importants, en particulier dans les pays les moins développés et les petits États insulaires en voie de développement. Ainsi,  afin d’assurer une éducation de qualité pour tous d’ici à 2030, l’Afrique subsaharienne, région comptant le plus grand nombre de pays parmi les moins développés, devra recruter et former 15 millions d’enseignants supplémentaires.

Assurer à tous la possibilité de bénéficier d'enseignants de qualité requiert de :

En permettant à 175 millions d’enfants d’apprendre, nous nous rapprochons de la vision commune exprimée par l’ODD 4. La communauté internationale de l’éducation pourra ainsi maintenir la dynamique initiée par le Sommet mondial de l’éducation – et contribuer à garantir l’accès à un enseignement de qualité pour tous les apprenants – à l’occasion du 13e Forum de dialogue politique et des réunions de gouvernance de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 (TTF), qui se tiendront à Kigali, au Rwanda, et en ligne du 1er au 3 décembre 2021. Ces réunions constituent le cadre idéal pour se réunir à nouveau et investir dès maintenant dans les enseignants pour garantir une reprise durable après la crise de la COVID-19 et préparer les apprenants d’aujourd’hui au monde de demain.

Participez vous aussi à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des politiques d’enseignement

Le groupe thématique Inclusion et Équité dans les politiques et pratiques relatives aux enseignants prévoit de lancer une série de discussions en ligne synchrones (septembre 2021) et asynchrones (octobre et novembre 2021). Ces discussions sont conçues pour que vous permettre de contribuer à l’élaboration de politiques et de pratiques qui encouragent l’instauration de conditions équitables pour tous les enseignants. En partageant votre expérience, vous pouvez contribuer à combler les lacunes croissantes en matière de recrutement, de préparation et de déploiement des enseignants, qui ont été exacerbées par la crise de la COVID-19.

Votre participation à ce dialogue politique inclusif permettra aux enseignants et aux organisations qui les représentent de mieux faire entendre leur voix dans les processus d’élaboration des politiques. Vous pouvez prendre part à ces discussions a et où vous le souhaitez, et ainsi proposer différentes perspectives sur la manière d’offrir des voies vers l’enseignement à destination des personnes défavorisées, vulnérables et sous-représentées (notamment les migrants, les personnes en situation de handicap, les populations autochtones, les personnes issues de minorités ethniques et les personnes démunies) et ainsi pallier à la pénurie d’enseignants à travers le monde.


Des informations sur la première session synchrone du 24 septembre seront prochainement publiées sur le site Web de la TTF. Si vous êtes déjà membre de la TTF, rendez-vous sur le site Web de la TTF et rejoignez le groupe thématique Inclusion et équité dans les politiques et pratiques relatives aux enseignants en vous connectant à l’espace de travail réservé aux membres avant le début de l’événement. Vous pourrez ainsi recevoir des informations relatives aux événements de la TTF. Si vous n’êtes pas membre de la TTF, veuillez contacter directement les coordinateurs du groupe thématique : Purna Shrestha à purna.shrestha@vsoint.org ou James O’meara à  president@icet4u.org .


Photo : Une enseignante et ses élèves dans une école primaire au Rwanda. Crédit : Partenariat mondial pour l’éducation.

Nouvelles
  • 27.07.2021

La pénurie persistante d’enseignants en Afrique subsaharienne compromet la reprise de l’éducation

Les nouvelles prévisions publiées le 21 juillet révèlent qu’il faut investir mieux et davantage dans les enseignants et l’enseignement pour permettre aux enfants et aux jeunes africains d’accéder à une éducation de qualité. Selon de nouveaux calculs, l’Afrique subsaharienne a besoin de 11 millions d’enseignants supplémentaires pour garantir une éducation de qualité à tous les apprenants. Pour atteindre les objectifs en matière d’éducation d’ici à 2030, la région devra recruter 15 millions d’enseignants supplémentaires.

La note de sensibilisation Closing the gap – Ensuring there are enough qualified and supported teachers in sub-Saharan Africa est publiée par l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030, hébergée au Siège de l’UNESCO. Elle montre que malgré les avancées obtenues ces cinq dernières années, le recrutement de nouveaux enseignants a progressé trop lentement, et que beaucoup de pays devront accroître le nombre d’enseignants engagés chaque année.

Parmi les pays de la région, le Mali, le Niger, la République centrafricaine et le Tchad devront réaliser la plus forte augmentation du nombre d’enseignants recrutés par an au niveau primaire (6 % ou plus de croissance annuelle). En ce qui concerne le secondaire, une croissance annuelle encore plus élevée est nécessaire : plusieurs pays, dont le Burundi, le Mozambique, le Niger, la République centrafricaine, la République-Unie de Tanzanie et le Tchad doivent atteindre une croissance annuelle supérieure à 10 %.

Les pays ont besoin d’enseignants dotés des compétences nécessaires pour fournir aux enfants et aux jeunes une éducation de grande qualité. Or, en raison de la croissance des taux de scolarisation des dernières décennies, de nombreux enseignants n'ont pas de qualifications. En 2000, 84 % des enseignants du primaire, en moyenne, détenaient les compétences requises, contre 65 % en 2019.

En Afrique subsaharienne, le ratio élève/enseignant qualifié s’est amélioré dernièrement dans le primaire, mais reste élevé. En moyenne, on compte un enseignant qualifié pour 58 élèves dans le primaire, tandis que pour le secondaire, ce ratio avoisine les 43 élèves par enseignant qualifié. Or, plus le rapport élève/enseignant qualifié est élevé, plus le temps d’enseignement présentiel et personnalisé est réduit, et plus l’offre d’éducation de qualité est faible. 

L’Afrique subsaharienne reste la région qui présente le plus bas pourcentage d’enseignantes dans le primaire, avec à peine 50 %. Dans le secondaire, elles représentaient 30 % des effectifs en 2018. Au niveau national, la pénurie d’enseignantes est particulièrement marquée dans les zones rurales, ce qui a des répercussions considérables pour la scolarisation des filles, car les enseignantes jouent un rôle positif pour les inciter à s’inscrire et à rester à l’école.

Des ressources sont nécessaires pour recruter en nombre de nouveaux enseignants, mais aussi pour retenir ceux qui débutent et ceux déjà en poste. L’enquête montre que, même lorsque les pays prennent en charge la majeure partie de leurs dépenses d’éducation, les pays à faible revenu auront besoin d’une aide financière extérieure pour couvrir les dépenses hors salaire essentielles, notamment celles liées à la formation initiale et continue des enseignants, la préparation pour l’apprentissage mixte, l’accès aux TIC et l’amélioration des conditions de travail. Le Burkina Faso, par exemple, fait face à un déficit de financement de 97 millions de dollars des États-Unis pour assurer la formation des enseignants et mettre en œuvre d’autres interventions pour la période 2021-2025.

Pour offrir aux enseignants cette indispensable formation initiale et continue, il faudra augmenter le financement au niveau national ainsi que l’aide internationale. Il conviendra en outre d'instaurer des politiques et une gouvernance plus performantes afin de garantir la rentabilité et l’efficacité des dépenses.

La crise de la COVID-19 a mis en lumière l’importance des enseignants, mais aussi leurs conditions de travail difficiles. Les données font état d’une lourde charge de travail et de niveaux élevés d’épuisement professionnel, étant donné qu’il leur a été demandé de soutenir les communautés et de garantir la continuité pédagogique avec une préparation et un accompagnement faibles, voire nuls. Les pays et la communauté internationale se concentrent désormais sur la relance des systèmes d’éducation, par le biais d’ambitieux programmes de rattrapage visant à combler les retards d’apprentissage, ce qui signifie que le soutien et la préparation des enseignants seront, plus que jamais, vitaux. Mais sans investissements supplémentaires en matière de perfectionnement des enseignants, de gouvernance et de responsabilisation, il est peu probable que ces ambitions se concrétisent.

L’Équipe spéciale sur les enseignants lance un appel à investir davantage dans les enseignants et l’enseignement pour garantir que tous les apprenants aient accès à un enseignant qualifié et soutenu à l’horizon 2030. Elle recommande aux gouvernements et aux partenaires de prendre les mesures suivantes :

  • Élaborer des politiques holistiques relatives aux enseignants et les chiffrer correctement, plus particulièrement dans les pays où la pénurie est la plus grave. Ces politiques aideront les pays à déterminer où les besoins d’enseignants sont les plus importants, notamment dans les régions défavorisées, ainsi qu’à identifier les interventions les plus rentables et les arbitrages à effectuer.
  • Augmenter les ressources nationales destinées à l’éducation et garantir aux enseignants un salaire décent. Les budgets nationaux de l’éducation doivent être augmentés ou maintenus pour faire en sorte qu’ils atteignent le niveau de référence convenu à l’échelle internationale, qui est de 15 à 20 % du PIB.
  • Augmenter le financement international de l’éducation en mettant davantage l’accent sur les enseignants et l’enseignement, notamment en matière de formation initiale et continue.
  • Améliorer la préparation, le soutien et les conditions de travail des enseignants pour réduire le taux d’abandon et retenir, en particulier, les jeunes enseignants. Il faut agir d’urgence pour protéger les enseignants, que ce soit des attaques contre les écoles ou de la COVID-19. 
  • Recueillir davantage de données comparables sur le plan national et international, pour améliorer la planification relative au financement de l’éducation et aux enseignants et garantir que les investissements produisent les résultats escomptés.

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L’Équipe spéciale internationale sur les enseignants pour Éducation 2030 est un réseau mondial de plus de 155 membres (pays, membres des Nations Unies et organisations régionales, organisations de la société civile, corps enseignant et fondations) œuvrant en faveur des enseignants et des questions liées à l’enseignement. Son secrétariat est hébergé au Siège de l’UNESCO à Paris.

Consulter la note de sensibilisation Closing the gap—Ensuring there are enough qualified and supported teachers in sub-Saharan Africa.

Pour plus d'information, contactez Anna Ruszkiewicz (ae.ruszkiewicz@unesco.org).

 

Événement
  • 11.06.2021

Atelier régional virtuel de renforcement des capacités sur le développement des politiques des enseignants en Afrique

Regardez les enregistrements.

L'UNESCO, son Institut international pour le renforcement des capacités (IICBA) en Afrique et l’Équipe Spéciale Internationale sur les Enseignants (TTF), organisent une série de réunions en 2021 pour les décideurs nationaux et autres partenaires de l’éducation en Afrique, afin d'accroître leurs connaissances et leurs capacités en matière du processus d'élaboration des politiques enseignantes, les dimensions de la politique enseignante, et la manière dont le travail d'élaboration des politiques peut être mieux opérationnalisé au niveau national. Il s'agit d'un domaine critique qui nécessite une attention particulière pour assurer le développement des politiques enseignantes holistiques et complètes qui soient alignées sur les cadres nationaux et les plans du secteur de l'éducation, qui définissent les rôles et les droits des enseignants et déterminent leur travail.

Pendant ces réunions, deux ressources clés seront discutées : le Guide pour l’élaboration d’une politique enseignant (TPDG) et le guide contextualisé régionalement de l'IICBA, Politiques enseignantes et résultats d'apprentissages en Afrique Subsaharienne: résultats et modèles. Sur la base des contributions de la première session virtuelle, un ou plusieurs ateliers de suivi seront planifiés entre septembre et décembre 2021 sur des sujets spécifiques de l'élaboration de politiques relatives aux enseignants.

L'atelier se déroulera en anglais, français et arabe avec interprétation simultanée. Il comprendra également des groupes de travail spécifiques aux langues pour discuter plus en profondeur des questions liées à l'élaboration des politiques relatives aux enseignants.

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Photo : Peter Wallet