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  • 07.05.2020

L’enseignement en ligne pendant la crise du COVID-19

J’enseigne la physique à l’école secondaire (9e-12e années) depuis vingt-cinq ans et pendant tout ce temps j’ai toujours fait en sorte de partager et de publier ce que je fais avec mes élèves pour produire des exemples et des idées pouvant être utiles à mes collègues enseignants et à leurs élèves. La façon la plus simple de partager est de tout mettre en ligne afin que les élèves et les autres enseignants puissent accéder à ces ressources à tout moment. Que ce soit avoir en présentiel, avec des élèves dans une salle de classe, ou pour enseigner un cours en ligne, ce que j’ai fait avec l’Université Northwestern, les plates-formes Internet sur lesquelles télécharger des ressources d’enseignement et d’apprentissage ont toujours été un élément de mon travail d’enseignant et je recommande à tous les enseignants d’adopter cette approche si la technologie est disponible. Bien que je ne me sois jamais trouvé dans une situation telle que nous sommes aujourd’hui à cause de la crise du COVID-19, où les enseignants ont dû mettre en ligne leur matériel d’enseignement afin que leurs élèves puissent y accéder, la transition a été minime pour moi, puisque je suis déjà organisé pour l’enseignement et l’apprentissage en ligne.

Il existe de nombreuses plates-formes en ligne qui permettent de télécharger les ressources du travail en classe, ainsi que des plates-formes de visioconférence que l’on peut utiliser pour organiser des cours en direct avec les élèves ou des réunions avec des collègues. Grâce à la technologie, nous pouvons faire en sorte que l’apprentissage à distance se rapproche autant que possible d’un cours en présentiel. Les matériels de classe quotidiens sont téléchargés à l’intention de mes élèves sur une page Web Google connectée au site Web de mon école. Pour chaque classe, j’ai créé des dossiers distincts afin que les élèves puissent accéder aux matériels appropriés. Je tiens également depuis des années un blog de classe séparé. Il s’agit d’un outil normal que les élèves sont habitués à consulter puisque de nombreux billets sont inspirés de recommandations émises par eux, qu’ils veulent partager avec tout le monde. Sur le blog, j’ai créé différentes pages dédiées à différentes activités et ressources que les élèves trouvent utiles et intéressantes. Par exemple, avant l’ère de la Khan Academy et des travaux pratiques en ligne de type « how to », j’avais déjà réalisé des vidéos Screencast de la plupart des sujets qui sont couverts dans mes cours de physique et j’avais créé une bibliothèque en ligne contenant plus de 100 vidéos à l’intention des élèves. La création de ces vidéos répondait auparavant à un double impératif : que les élèves aient accès à une ressource en dehors de l’école, lorsqu’ils font leurs devoirs et qu’ils ont besoin de revoir les matériels à leur propre rythme ; et que si un élève est absent un jour, je puisse lui indiquer la vidéo appropriée pour qu’il puisse voir ce que nous avons fait en classe sur ce sujet. On constate aussi que le nombre de vues augmente avant les examens, lorsque les élèves révisent les sujets pertinents. Toutes les vidéos sont stockées sur YouTube, et elles sont publiques afin que chaque élève ou enseignant puisse les utiliser.

Dans la situation actuelle, je poste des liens vidéo que les élèves peuvent regarder avant (c’est-à-dire en classe « inversée ») ou après un cours en ligne. Mon outil de visioconférence préféré est Zoom. Les enseignants peuvent ouvrir un compte Zoom gratuit qui autorise des sessions de 40 minutes. Les élèves n’ont pas besoin d’avoir un compte Zoom, seulement d’un lien que l’enseignant peut publier sur une page Web ou envoyer par courriel aux élèves. J’enregistre chaque cours, je charge la vidéo sur YouTube, puis je partage avec les élèves sur le blog de la classe. Si un élève est absent ou qu’il a besoin de réviser un cours, il peut le visionner à sa convenance. Sur un site Web de classe, les enseignants peuvent publier des séries de devoirs, des travaux pratiques, des feuilles d’exercices, des devoirs, des ressources d’aide, des articles et toute autre vidéo ou site Web. Les élèves m’envoient des questions par courriel ou ils peuvent organiser des groupes d’étude virtuels par le biais de salons de discussion, de documents Google partagés, de Facetime, Zoom ou Skype ; ils peuvent aussi s’appeler par téléphone. Je crée une feuille Google Sheets pour chaque groupe d’élèves pour leur permettre de partager des questions sur les matériels, mais aussi les nouveautés qu’ils testent pendant leur temps libre, tout en étant confinés : il faut insister sur la santé mentale et émotionnelle des élèves, parce qu’ils vont se sentir isolés et l’école leur manquera !  Ne PAS les submerger de travail, cette situation est nouvelle pour eux aussi.

J’ai la chance que mon école ait mis en place d’excellents soutiens pour aider tous les enseignants et les élèves à faire cette transition vers l’apprentissage en ligne. Nous avons un personnel dédié qui nous offre de nombreuses options en ligne et forme le personnel sur la façon d’utiliser la technologie. Nous avons des réunions de département sur Zoom pour partager ce que nous faisons avec nos classes et des groupes de courriels et de SMS pour chaque discipline, afin que les enseignants puissent se soutenir les uns les autres. Le meilleur conseil que je puisse offrir est d’instaurer une bonne communication avec les collègues et les élèves : écoutez tout le monde et apprenez, demandez aux élèves de réagir. Ce sont les élèves qui comptent - ils reçoivent des présentations différentes de différents enseignants, et ce sont eux qui vous diront ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas, si vous leur posez la question ! Nous devons être à l’écoute des élèves afin de mieux les servir.

 

Mark Vondracek

Mark Vondracek a été finaliste du Global Teacher Prize de la Fondation Varkey.

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Ce blog fait partie de la campagne #RécitsdEnseignants de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants, créée pour mettre en avant les expériences des enseignants travaillant chaque jour pour s'assurer que leurs élèves continuent de bénéficier d'une éducation de qualité malgré la pandémie de COVID-19. Les modalités de participation sont disponibles sur notre site.

 

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  • 06.05.2020

Comment travaillons-nous avec les élèves et les collègues pour assurer la continuité pédagogique malgré la crise ?

La sagesse populaire nous dit que le changement est la seule constante de notre vie, mais qui aurait pu s’attendre à un changement si drastique qu’il remette en question nos chances de survie ? L’école CNM accueille plus de 3000 élèves. Nous avons dispensé nos cours normalement jusqu’au 13 mars, date à laquelle le gouvernement nous a imposé de fermer. La réouverture était initialement prévue pour le 31 mars, mais la fermeture est maintenant prolongée jusqu’au 3 mai et des discussions sont en cours pour la prolonger encore jusqu’au 18 mai.

Le lundi 16 mars, les enseignants sont allés à l’école pour discuter de la voie à suivre et l’évaluer. Nous avons organisé de nombreuses réunions, puis nous sommes rentrés chez nous avec toutes nos ressources pour nous préparer pour les semaines suivantes. Dans le même temps, certains enseignants ont créé des vidéos pédagogiques. Nous les avons téléchargées pour les rendre accessibles à tous et les parents ont été ravis.

Le 18 mars, l’école a été fermée à tous, de telle sorte que les seuls soutiens et appuis disponibles ont été les cours en ligne organisés depuis chez nous. En 3 jours, nous avons réalisé une cinquantaine de vidéos pédagogiques, téléchargé des feuilles d’exercices et des présentations sur notre portail scolaire, mais cela ne semblait pas suffisant. Il semblait que la communication n’allait que dans un sens. Certes nous dispensions un enseignement, mais les élèves apprenaient-ils ? Avaient-ils accès aux matériels ? Y avait-il un moyen de suivre leur engagement et leur enthousiasme ?

La semaine suivante, nous avons débuté les cours Zoom pour les élèves les plus âgés et les enseignants se sont mis à créer des tranches d’une heure auxquels les élèves se sont connectés et l’apprentissage est alors devenu bidirectionnel. Nous avons pu voir nos élèves, répondre à leurs questions et télécharger des fichiers. Il restait cependant un problème. Que faire pour les élèves pour qui il était impossible de se connecter ? Comment nous assurer que ces cours d’une heure étaient à leur disposition pour qu’ils puissent les regarder de nouveau et les retravailler ? Comment afficher une évaluation après la fin d’une unité de cours pour tester les acquis ?

C’est ainsi que, tout en continuant à diffuser nos vidéos pédagogiques et nos cours sur Zoom, nous avons dû trouver autre chose pour rassembler les élèves sur une plate-forme commune. Je me suis donc connectée par LabXchange, une plate-forme en ligne gratuite qui intègre des expériences d’apprentissage et de recherche, initialement via Twitter. Le mercredi 25 mars, j’ai discuté avec Ilyana et Jessica de LabXchange, de la formation à la plate-forme et du soutien souhaité. J’ai également demandé à mes enseignants de me confirmer qu’ils étaient disposés à apprendre à utiliser cette nouvelle plate-forme. Le vendredi 27 mars, une formation a eu lieu pendant une heure et demie, s’adressant à environ 85 enseignants. Elle s’est très bien déroulée et le lendemain, nos comptes ont été créés sous le nom « École SVKM CNM » et les élèves ont été ajoutés. La plate-forme permet aux enseignants d’utiliser leur matériel virtuel en ligne et en particulier les simulations de laboratoire les plus importantes, en utilisant leurs propres matériels pédagogiques. Cela permet d’effectuer des tests et de réutiliser les matériels ; quant aux élèves, ils peuvent les revoir à tout moment. LabXchange a totalement répondu à nos besoins en matière d’enseignement et d’apprentissage.

Chaque jour, la presse et les réseaux sociaux rapportaient un accroissement du nombre de personnes infectées par le COVID-19 et la nécessité pour la population de prendre des précautions vitales. La panique est devenue un mode de vie. Nous avons voulu appuyer la santé mentale des élèves et pour ce faire, nous avons créé sur la page Facebook de l’école, des événements en direct tous les jours du lundi au vendredi, de 16 h à 16 h 30, qui nous ont permis d’aider nos élèves par le yoga, la cuisine, la musique, les jeux, les quiz et les histoires. Nous avons créé un emploi du temps pour les enseignants, indiquant à quel moment ils seraient en ligne avec leurs élèves, en compagnie d’un co-animateur, pour animer un événement dynamique et positif à travers lequel les élèves pourraient faire part de leurs sentiments à travers des commentaires et des émoticônes.

Jamais nous n’avions pensé que l’enseignement en ligne pouvait être aussi puissant que l’enseignement en face à face et qu’avec l’arrivée d’un virus, le monde entier devrait se recentrer, se réaligner et revoir la définition de la vie, du travail et du jeu. La crise nous a complètement mis à genoux, mais elle a aussi ouvert des fenêtres, pour manifester notre immense gratitude vis-à-vis de notre mère Nature et de tous les êtres humains.

 

Kavita Sanghvi

Kavita Sanghvi a été finaliste du Global Teacher Prize de la Fondation Varkey.

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Ce blog fait partie de la campagne #RécitsdEnseignants de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants, créée pour mettre en avant les expériences des enseignants travaillant chaque jour pour s'assurer que leurs élèves continuent de bénéficier d'une éducation de qualité malgré la pandémie de COVID-19. Les modalités de participation sont disponibles sur notre site

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  • 04.05.2020

Enseigner malgré le COVID-19 en Afrique du Sud- #RécitsdEnseignants

 

Quelle est votre expérience en tant qu’enseignante utilisant des outils et des plates-formes d’enseignement / apprentissage à distance ?

Avant le Covid-19, j’utilisais Skype en classe comme outil d’enseignement à distance. Je faisais participer des enseignants du monde entier à mes cours et je contribuais également à des cours internationaux. Quand notre école s’est apprêtée à fermer en raison du Covid-19, nous utilisions déjà Microsoft TEAMS et Google Classroom en classe. Lorsque l’école a fermé, nous avons été invités à les utiliser pour enseigner en ligne, et pour donner et noter les devoirs.

 

Comment travaillez-vous avec les élèves et les collègues pour assurer la continuité pédagogique malgré la crise ?

Les deux plates-formes, Microsoft TEAMS et Google Classroom, se sont avérées excellentes pour l’enseignement en ligne. Je donne (et j’enregistre) des cours destinés simultanément à un maximum de 30 élèves à la fois et je réponds aux questions pour que le cours soit interactif. J’ai également créé des groupes WhatsApp pour chacun de mes cours, pour un échange rapide de messages et pour recevoir des questions. J’envoie aussi de courts messages vocaux, pour rappeler aux élèves qu’ils doivent remettre quelque chose ou pour leur envoyer de brefs messages de soutien. J’ai téléchargé des clips de l’académie Kahn, des clips YouTube, ou des liens vers des leçons que j’ai téléchargées sur Google Classroom, et j’ai aussi donné du travail par ce moyen, assorti de délais.

L’école a fourni aux élèves de milieux défavorisés une clé et des données ainsi qu’un iPad pour qu’ils peuvent suivre les cours.

 

Comment faites-vous face à ces nouvelles conditions de travail ?

Les élèves ont réagi chacun à leur façon, et il m’a donc fallu adapter mon enseignement pour ceux qui apprennent moins vite, parce qu’ils manquent d’autodiscipline ou qu’ils sont déprimés à cause du confinement. Je débute chaque cours par des encouragements émotionnels, je demande aux élèves comment ils se sentent et j’ai globalement réduit mon rythme ou mes attentes. Certains élèves travaillent vite, mais d’autres ont ralenti, parce que des membres de leur famille ont été diagnostiqués positifs au virus ou pour d’autres raisons personnelles. Je trouve que c’est également difficile pour les parents car toute la famille est à la maison et ils demandent à l’école de donner un jour chaque semaine pour permettre aux élèves de rattraper leur retard et de ne pas recevoir de nouveaux devoirs. Pour certains cours, quand je dis « au revoir » aux élèves, ils se mettent parfois à larmoyer. Les élèves sont vraiment motivés pour suivre la classe. Je suis très fière d’eux, mais je me rends compte combien ils ont besoin d’explications et de soutien au jour le jour. J’ai essayé de simplifier mes cours, car ils ont beaucoup de leçons en ligne. Ils se déconnectent et se connectent aux cours de différents enseignants pendant 5 heures, avec peu de pauses. Nous sommes un établissement secondaire du deuxième cycle, mais certains enseignants ne respectent pas toujours l’emploi du temps et leurs tests ont débordé du temps imparti, etc.

Je dirige des activités importantes comme la responsabilité sociale, où nous travaillons avec des enfants des quartiers pauvres qui ont le SIDA, et une modélisation des Nations Unies, et le travail que je fais avec d’autres organisations sur les ODD, tout cela a ralenti et a été en grande partie mis en pause pendant les 21 jours de fermeture complète.

 

Quelles directives et quel appui avez-vous reçu (le cas échéant) ?

Nous avons le soutien en ligne de notre personnel informatique. Les membres du personnel partagent des informations sur les applications et les programmes qui ont fonctionné pour eux. Le personnel est invité à respecter l’emploi du temps normal des cours et nous préparons également des rapports en ligne en ce moment. Nous communiquons nos problèmes à l’équipe informatique qui s’efforce ensuite de les résoudre.

Au début du mois d’avril, j’ai été invitée à participer à un séminaire internet Jakes Gerwel Fellowship en Afrique du Sud, intitulé « Educating in Interesting Times » (éduquer dans une période intéressante), qui traitait de l’utilisation de différents outils pour l’éducation en ligne.

Je fais aussi partie du réseau Varkey Teacher Ambassador (VTA) de la Fondation Varkey et je partage et je reçois des idées dans ce cadre également.

 

Marjorie Brown

Marjorie Brown a été finaliste du Global Teacher Prize de la Fondation Varkey.

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  • 30.04.2020

« Zoom » sur l’apprentissage pendant le Covid-19

Je m’appelle Anne-Fleur Lurvink et j’enseigne au Lycée Kralingen qui est une école secondaire de Rotterdam, aux Pays-Bas. J’enseigne l’anglais langue étrangère à des élèves âgés de 15 à 18 ans. Je fais aussi du mentorat pour un groupe de 21 élèves et je suis chef de département et coordinatrice pour le Réseau des écoles associées de l’UNESCO. En plus d’enseigner, je travaille aussi dans le domaine du développement international où je suis consultante en autonomisation et en éducation des jeunes.

Jamais, lorsque j’ai rejoint le domaine de l’éducation, je n’aurais pu imaginer qu’une crise comme la crise actuelle du COVID-19 puisse frapper à notre porte. Le fait de faire partie d’une équipe enthousiaste et dynamique, engagée à assurer la continuité pédagogique dans ces moments difficiles, a fait toute la différence.

 

La nécessité est la mère de l’invention

Dès l’annonce de la fermeture des écoles, nous nous sommes réellement mis à fonctionner en équipe. Les enseignants se sont réunis à l’école pour une courte séance de brainstorming et, en une seule journée, ils ont commencé à transformer le programme d’enseignement en un programme en ligne. Naturellement, nous continuons d’apprendre et nous inventons au fur et à mesure, mais ce qui rend le processus gérable, c’est le fait que nous soyons tous dans le même bateau.

Le développement des enseignants s’est trouvé accéléré et l’apprentissage par les pairs a été au cœur de cet effort. Lorsque l’un de nous est confronté à certains défis, les autres entrent en action, organisent un Zoom d’équipe, et nous apprenons les uns des autres. Nous faisons aussi jouer notre créativité et notre réflexion sort des sentiers battus. Par exemple, nous avons remplacé les tests par de petits projets de recherche. Il existe aussi toute une gamme d’applications gratuites pour apprendre en ligne. Un site Web est très utile : https://www.todaysteachingtools.com/ ; il propose différents diagrammes qui permettent de trouver l’outil TIC le mieux adapté à un objectif. On y trouve aussi un cours gratuit pour l’apprentissage des langues en ligne.

Par ailleurs, je m’efforce d’intégrer mes élèves au processus. Ils ont souvent une connaissance bien plus vaste des TIC, ils ont fait d’excellentes suggestions et fourni un excellent retour d’information (par exemple sur la façon de désactiver le mode Annotation dans Zoom si je ne veux pas que mes élèves expriment leur créativité dans mon PowerPoint).

Nous nous efforçons aussi de rester de bonne humeur en faisant preuve d’humour face à la réalité, d’accepter que les choses n’aillent pas comme prévu et de nous divertir de temps à autre. Il est également important de permettre à nos élèves de garder confiance dans le fait que cette situation prendra fin et que tout ira bien pour eux.

 

Les défis

En dépit des nombreuses solutions créatives et de la collaboration accrue entre les enseignants, il n’en demeure pas moins que de nombreux défis sont à relever. Les plus évidents sont l’équilibre entre le travail et la vie personnelle, difficile à préserver lorsqu’il faut être continuellement disponible en ligne, et les problèmes liés à la (non) connaissance du numérique.

L’apprentissage en ligne repose sur l’hypothèse que les élèves ont la possibilité de suivre cet enseignement à la maison. Ce n’est malheureusement pas le cas de tous les élèves. Les moins favorisés risquent davantage de prendre du retard et le déficit d’équité s’accroît pendant cette crise.

Nous nous soucions également du bien-être social et émotionnel de nos élèves. Il est devenu plus évident que jamais que les écoles ne sont pas seulement un lieu de transfert des connaissances. C’est un lieu où les enfants se socialisent et grandissent. L’école est un lieu sûr pour ceux qui vivent dans des foyers instables. Comment assurer ce soutien à distance ? Le rôle du mentor est devenu plus important parce que nous sommes responsables de la communication avec les élèves et avec leurs parents.

Outre les cours en ligne, nous organisons également un cours hebdomadaire réservé à la discussion, où nous cherchons à savoir comment les élèves font face. En collaboration avec l’équipe de soutien scolaire, nous essayons de suivre chaque élève et de nous assurer de son bien-être, mais c’est extrêmement difficile. Certains élèves « disparaissent » et les écoles n’arrivent pas entrer à en contact avec eux ou avec leurs parents.

 

Autonomisation des enseignants

Nous avons eu la confiance nécessaire pour trouver des solutions et des idées et nous participons au dialogue politique dans nos écoles. Je pense que c’est essentiel pour réaliser l’apprentissage à distance.

En tant qu’enseignant, vous connaissez votre contexte et vos élèves, vous savez ce dont ils ont besoin. En ce qui concerne l’apprentissage et la nécessité de faire en sorte que personne ne soit laissé de côté, l’aide apportée aux enseignants pour relever ce défi déterminera l’issue de la crise. J’apprécie d’être membre de plusieurs réseaux d’enseignants et d’éducateurs du monde entier, nous échangeons nos expériences et partageons nos connaissances. Je recommanderais aussi cela à d’autres enseignants.

Rejoignez ces réseaux et séminaires sur le web pour que nous puissions décupler nos forces !

 

Quelques réseaux et plates-formes

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  • 10.04.2020

Utiliser l’art pour aider les adolescents à faire face au COVID-19 - #RécitsdEnseignants

J’enseigne l’anglais et les arts du théâtre dans le secondaire, à des élèves âgés de 14 à 18 ans de la région de South Los Angeles, en Californie (États-Unis) et je travaille dans le domaine de l’éducation depuis près de 14 ans. Notre établissement est passé le 17 mars 2020 à un enseignement à distance, avec la suspension des cours en face à face. Le mardi, les élèves sont restés chez eux, après avoir passé la journée du lundi à recevoir des informations des enseignants sur ce qu’on allait sans doute attendre d’eux. Malheureusement, les enseignants ne connaissaient pas vraiment ces attentes. Ce n’est que maintenant, au bout de deux semaines, que nous commençons à mieux comprendre les différences de nomenclature liées à l’apprentissage en ligne.

La « suspension des cours en face à face » signifie que les apprenants suivent un enseignement par le truchement de plates-formes et de systèmes de gestion en ligne, tandis que la « fermeture de l’école » signifie qu’ils restent chez eux sans que l’on attende quoi que ce soit d’eux en termes académiques ou scolaires. Certains districts des États-Unis ont opté pour la fermeture complète des écoles, invoquant des soucis d’équité pour motiver leur décision. Un nombre beaucoup plus important d’écoles a cependant choisi de poursuivre « l’enseignement » par le biais de mesures d’apprentissage à distance.

À l’instar de nombreux enseignants à travers le monde nous avons dû, en moins de 24 heures, ajuster, modifier le programme d’enseignement et nous familiariser avec les outils numériques pour que les élèves, dès le mercredi matin, puissent continuer à recevoir leur enseignement habituel. Pour toute personne extérieure à notre district, il semblerait que nous ayons réussi en une vingtaine d’heures à assurer la transition de près de 6 000 élèves et de plus de 300 enseignants vers l’apprentissage en ligne. Certes, à bien des égards nous avons réussi à le faire, mais la vérité est que dans l’ensemble cela a représenté un échec massif.

Collectivement, la société et les gouvernements – locaux, des états et fédéral – n’ont pas répondu aux besoins des enfants et des parents. Pour être clair, cet échec n’est pas imputable aux éducateurs. Nous travaillons sans relâche, au mépris de notre propre santé ou des besoins de nos familles, à servir les intérêts de nos élèves en leur offrant une certaine stabilité. Aux États-Unis, nous sommes encore dans l’attente de directives fédérales concernant les préoccupations liées à l’enseignement en ligne. Dans l’État de Californie, certains matériels et ressources ont commencé à parvenir aux juridictions locales. Cependant, en tant que profession, nous restons largement dans l’ignorance de ce qui est juste et équitable.

Pour être sincère, cette transition a été difficile pour moi, sur le plan émotionnel et mental. J’ai l’impression de travailler plus de 14 heures par jour pour m’efforcer de maintenir le contact avec mes 140 élèves, veiller à ce que les matériels et les ressources soient accessibles et à ce que les attentes soient claires pour tous les apprenants. Bien que je sache que cela n’est ni sain ni durable, je continue à le faire pour plusieurs raisons. Premièrement, mes élèves se sentent tout aussi déphasés que moi et ils partagent ma frustration. Deuxièmement, j’ai pris l’engagement envers les élèves d’être toujours présente pour eux, au mieux de mes capacités. Troisièmement, la seule façon de surmonter cette pandémie mondiale est d’avancer tous ensemble. Enfin, il est essentiel de changer d’optique : même si cette situation est difficile pour moi, ma famille et mes élèves, je dois avoir de la reconnaissance vis-à-vis de tout ce à quoi j’ai encore accès. Plus important encore, je dois montrer l’exemple aux élèves.

Il est essentiel de changer d’optique

En tant qu’éducatrice des arts, j’ai le privilège de constater l’impact positif des beaux-arts sur les résultats scolaires des apprenants, sur leur bien-être socio-émotionnel et sur le développement de leur caractère. [Pour plus d’informations sur l’impact des arts sur les jeunes, consultez le rapport Otis.] J’ai la possibilité de côtoyer les élèves en dehors des cours ; nous organisons des spectacles, nous nous rendons à des événements communautaires, nous faisons des sorties sur le terrain et nous participons à des festivals. Ces sorties me donnent une vision claire de ce qui se passe dans la vie de mes élèves, leurs réflexions et leurs sentiments. Nos relations sont bâties sur des liens solides. Tous les matins, je les accueille à la porte de la classe et je m’assure de leur état émotionnel. Ne pas être en mesure de le faire a été pour moi une source de grande peine et de stress.

Pour de nombreux élèves, l’école est un refuge. J’ai grandi dans la communauté où je travaille. Plusieurs familles sont confrontées quotidiennement à des problèmes d’équité : expériences négatives dans l’enfance, traumatismes, pénurie alimentaire, absence de travail ou de logement et autres soucis qui interrompent l’apprentissage d’un enfant. Pour mes élèves, cette pandémie mondiale accentue – et aggrave – toutes ces préoccupations. Les parents perdent leur emploi. La pénurie alimentaire est en hausse à cause des achats de panique dans les communautés. Il devient de plus en plus difficile de conserver son logement quand le salaire n’arrive plus. Les élèves qui sont régulièrement confrontés à des traumatismes émotionnels, mentaux et physiques – ceux qui bénéficieraient de services grâce à l’école – sont maintenant livrés à eux-mêmes. Qu’en est-il de ceux qui ont des difficultés d’apprentissage diagnostiquées comme la dyslexie ou les troubles du spectre autistique ? L’enseignement à distance les prive de leurs soutiens et de leurs routines. Certains élèves n’ont pas accès à Internet et même s’ils veulent continuer à étudier, ils ne le peuvent pas.

Il est pourtant essentiel de changer d’optique. Je reconnais que la situation est beaucoup plus catastrophique pour de nombreux éducateurs et élèves à travers le monde. Nous perdons des proches et le temps du deuil semble nous échapper puisque que nous restons séparés par l’espace. Mes élèves et moi-même ne perdons pas de vue la souffrance des amis et des collègues à travers le monde, puisque nous œuvrons à être en empathie avec nos pairs du monde entier.

Ces pensées, et bien plus encore, m’obsèdent. Je pleure lorsque l’émotion me submerge, car je n’ai pas de solutions claires. J’adore mes élèves. Mes élèves me manquent. Je voudrais posséder le pouvoir de réparer tout cela d’un simple claquement de doigts. Je prépare mes cours, mais le travail scolaire semble sans importance quand je considère ce que vivent tous mes élèves. Comment combler des écarts d’équité qui étaient déjà massifs et sont exacerbés aujourd’hui par le COVID-19 ?

Dans les moments de lucidité, je me souviens que l’art possède le pouvoir incroyable de combler les inégalités et d’offrir aux jeunes des débouchés socio-émotionnels. L'intégration des arts, lorsqu’elle est inscrite dans le programme d’enseignement, a le pouvoir de soutenir de façon exponentielle la croissance scolaire des apprenants. Dans ce cas, comment puis-je intégrer les arts dans l’apprentissage à distance ?

10 façons d’assurer la continuité artistique en plein COVID-19

Voici quelques suggestions formulées avec l’aide de mes élèves en théâtre sur la façon dont vous pouvez utiliser l’art comme outil d’apprentissage alors que nous pratiquons la « distanciation sociale » :

  1. Plates-formes des réseaux sociaux - Si vous êtes autorisé à le faire, encouragez les enseignants et les élèves à créer des comptes appropriés pour l’école sur des plates-formes comme FlipGrid ou Tik Tok. Les élèves ont des façons incroyablement novatrices d’exploiter les réseaux sociaux pour échanger leurs idées. Cela permet également aux apprenants de rester connectés dans un contexte de distanciation physique.

  2. Diffusion en direct - Envisagez d’utiliser des plates-formes comme Twitch, YouTube, Facebook ou Instagram pour mettre en place la diffusion d’un cours en direct. Pour accroître l’intérêt, pensez à installer des accessoires ou des toiles de fond. Pour alléger la charge de travail, proposez à un collègue d’enseigner ensemble un cours en direct.

  3. Films - Proposez aux élèves un sujet intéressant et laissez-les créer un court métrage, une animation ou un documentaire. Ils peuvent ensuite télécharger leur film sur un service de « cloud » et le partager avec leurs pairs. Vous pourriez même envisager d’utiliser une plate-forme de réseau social pour publier le travail des élèves. C’est le moment idéal pour que les jeunes enquêtent sur l’histoire de leur famille.

  4. Podcasts - Dans le même ordre d’idées, encouragez les élèves à créer un podcast ou un enregistrement audio sur une question qu’ils auront étudiée. Aux États-Unis, la chaîne de radio publique nationale National Public Radio a une excellente ressource dans ce domaine.

  5. Collaboration - Encouragez les élèves à organiser leurs propres visioconférences pour continuer à travailler sur des projets en commun avec leurs pairs. Voici un tutoriel qui s’adresse aux parents et aux élèves.

  6. Conception graphique - Utilisez des plates-formes comme Canva pour concevoir de splendides graphismes adaptés à différents styles de projets et de cours. Canva facilite l’édition et le partage. C’est un excellent outil pour les enseignants et les élèves.

  7. Applications de numérisation de photos - Demandez aux élèves et aux parents de télécharger une application de numérisation gratuite sur leur appareil mobile pour pouvoir prendre facilement des photos de dessins ou de travaux écrits.

  8. Applications de dessin - Demandez aux élèves et aux parents de télécharger une application de dessin sur leurs appareils mobiles, telle qu’Adobe ou Autocad, pour créer des œuvres numériques qu’ils pourront facilement partager ou publier.

  9. Faites de la musique - Créez des nouvelles pièces musicales à l’aide de programmes comme Garage Band ou toute application mobile gratuite. Demandez aux élèves de partager leur musique entre eux et de s’encourager mutuellement.

  10. Literature - Gardez à l’esprit que l’écriture est un art. Encouragez les élèves à écrire des poèmes, des récits, etc. Publiez leurs œuvres avec les outils qui vous sont accessibles, qu’il s’agisse de médias sociaux ou d’un simple courriel.

  11. BONUS: les LEGO ou les briques de construction sont parfaits pour concrétiser un grand nombre d’idées de projets. En tant que professeur de théâtre, je pourrais demander aux élèves de créer des répliques ou des maquettes de scène. Encouragez les élèves à alléger la charge des collecteurs de déchets en recyclant des articles ménagers pour créer des modèles et des diagrammes. Si vous êtes à la recherche de listes plus complètes dans le domaine des arts du théâtre, explorez cette ressource développée par le Dr Daphnie Sicre de l’Université Loyola Marymount à Los Angeles.

Nous y arriverons, à condition d’être présents les uns pour les autres

L’avenir est incertain. Les éducateurs reconnaissent que les élèves ne réussissent pas bien, qu’il s’agisse de suspension des cours en face à face ou de fermeture des écoles. Là où j’enseigne, les élèves de la dernière année du secondaire sont dans un processus de deuil. La semaine dernière, j’ai demandé à mes élèves comment ils se sentaient. Leurs réponses ont été très émouvantes. Un élève a dit : « J’ai l’impression que tout ce pour quoi j’ai travaillé si dur au cours des quatre dernières années, tous ces cours, ne sert à rien. Tout ce stress pour avoir sans cesse de bonnes notes et postuler à l’université. À quoi bon ? »

L’achèvement de la scolarité dans le secondaire est un moment délicat, d’autant plus pour les jeunes confrontés à des obstacles insurmontables et à des expériences d’enfance traumatisantes. Nos jeunes vont bientôt arriver à l’âge adulte et ils sont privés maintenant de souvenirs qui les auraient accompagnés tout au long de leur vie. Le bien-être socio-émotionnel est aussi important, sinon plus, que les résultats scolaires. Depuis le 17 mars, je ne cesse de me demander ce que je pourrais faire de plus.

À travers le monde, les éducateurs se regroupent pour se soutenir mutuellement dans cette épreuve, comme je ne l’avais jamais vu auparavant. C’est beau et impressionnant, mais le volume des ressources peut devenir pesant. Nous pouvons œuvrer à gérer l’anxiété suscitée par le volume de matériels partagés en ligne. Nous pouvons continuer d’encourager l’innovation et la créativité et de reconnaître que les élèves sont des partenaires de réflexion dans ce travail. De même, les enseignants, les parents et les autres membres de la communauté doivent continuer à s’appuyer les uns sur les autres.

Nous nous en sortirons, tant que nous nous prendrons soin les uns des autres.

En attendant, consultez cette série de dessins « Comment transformer votre maison en école, sans y laisser votre santé mentale », How To Turn Your Home Into A School Without Losing Your Sanity (NPR)

Estella Owoimaha-Church

Estella Owoimaha-Church a été finaliste du Global Teacher Prize de la Fondation Varkey.

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Ce blog fait partie de la campagne #RécitsdEnseignants de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants, créée pour mettre en avant les expériences des enseignants travaillant chaque jour pour s'assurer que leurs élèves continuent de bénéficier d'une éducation de qualité malgré la pandémie de COVID-19. Les modalités de participation sont disponibles sur notre site.

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  • 08.04.2020

Teledidattica – l’enseignement à distance à l’ère du Covid-19 - #RecitsdEnseignants

Je m’appelle Barbara, je suis enseignante du primaire à Rome, en Italie, à l’Institut Padre Semeria-Principe di Piemonte, l’une des rares écoles publiques situées dans un parc. Cet emplacement nous permet de faire beaucoup d’enseignement en plein air. J’enseigne l’italien, l’histoire, la technologie, la psychomotricité, la musique et l’éducation civique. Mes élèves ont 10 ans (5e année).

Ma première expérience de l’enseignement à distance date de 2010, avec des leçons vidéo diffusées en direct de ma classe et destinées à des enfants traités pour un cancer à l’hôpital IFO de Rome. J’utilise aussi les ordinateurs et les téléphones portables avec mes élèves à l’école.

J’ai même mon propre espace à la chaîne de télévision RAI1, dans l’émission « Uno Mattina in famiglia », où je parle de mon enseignement et que j’utilise maintenant pour expliquer l’apprentissage à distance.

Mettre tout le monde en ligne

La nouvelle du Covid-19 a été si soudaine que nous avons d’abord été sous le choc. Toutefois, nous avons immédiatement commencé à activer différentes plates-formes pour être prêts à fournir un enseignement à distance. Dès que j’ai reçu l’autorisation du ministère de l’Éducation, de ma direction, et le consentement des familles de mes élèves, j’ai commencé à enseigner mes cours à distance.

Le processus n’a cependant pas été sans accroc. Pour organiser la connexion de chez moi avec mes élèves, nous utilisons plusieurs plates-formes : ZOOM, le registre de classe électronique AXIOS, EDMODO, Hub Class et Google Classroom. Nous avons heureusement pu obtenir l’aide d’un père qui possède des compétences numériques pour installer certaines plates-formes!

Le Ministère a également alloué des fonds pour la formation des enseignants et mon directeur a organisé les différentes activités avec « l’animateur numérique » pour communiquer avec nos élèves et débuter les cours.

Une première réunion de plate-forme a été organisée avec les parents de nos élèves, au cours de laquelle chacun a été encouragé à faire part de ses doutes, de ses préoccupations et de ses problèmes, dans le but de créer une organisation fonctionnelle interne pour les familles, sur la gestion des espaces et des outils informatiques.

Le partage et la coopération avec chaque enseignant ont joué un rôle fondamental dans la création du plan organisationnel, en particulier pour l’adapter à la capacité personnelle de chacun tout en tenant compte du bien-être émotionnel des élèves.

Activités d’enseignement électronique

Nous nous efforçons de préserver la notion d’emploi du temps. Toute la classe participe à des séances vidéo le matin à la même heure, de 10h30 à 13h. Les enseignants sont toujours présents afin que les cours vidéo ressemblent autant que possible à ceux qui sont dispensés en salle de classe. Nous écrivons nous-mêmes l’emploi du temps des différentes matières afin d’être mieux organisés. Pour ce qui est des enfants ayant des difficultés d’apprentissage, l’enseignant chargé du soutien est également toujours présent pour assigner aux élèves des tâches personnalisées dont il assure le suivi, même en apprentissage à distance. Nous avons également la possibilité de nous connecter aux plates-formes à tout moment.

Mon équipe d’enseignants a travaillé sur le registre de classe électronique AXIOS et sur la plate-forme EDMODO où les devoirs assignés à la classe sont affichés et où les élèves téléchargent leur travail. Les exercices sont fonction des sujets déjà abordés en salle de classe, l’examen des concepts impliquant l’utilisation de matériels en ligne téléchargeables tels que des feuilles d’exercices adaptées à partir des manuels mis à disposition par les éditeurs, et des applications spéciales offrant des exercices interactifs et des quiz.

Les enfants utilisent les plates-formes de façon autonome pour échanger des informations, étudier, jouer ou travailler ensemble sur des projets créatifs. Par exemple, ils ont créé des cartes pour la Fête des Pères et produit une vidéo pour célébrer le premier jour du printemps.

Nous essayons également de maintenir les activités parascolaires pour nos élèves. Nous avons créé des réunions virtuelles de Cineforum et un après-midi par semaine nous regardons des films à thème tous ensemble et nous travaillons ensuite sur la rédaction de textes narratifs. Nous faisons également des visites virtuelles à l’intérieur des musées. Nous avons une connexion qui nous permet de jouer et de chanter les airs d’Elisir d’Amore pour le projet Opéra.

Objectifs et résultats

Le travail est réalisé dans le respect du bien-être des enfants. La plupart d’entre eux se sont sentis immédiatement à l’aise avec les ordinateurs, les tablettes et les téléphones portables. Nous avons même vu que les enfants ayant des difficultés d’apprentissage semblaient plus motivés et confiants dans leur travail.

J’ai noté que les élèves suivant des cours vidéo étaient plus impliqués, motivés et prêts à suivre les leçons tous les matins et nous sommes contents de recréer le même environnement et les mêmes activités que dans la salle de classe. Même virtuellement, l’aspect communautaire de notre méthode d’apprentissage, où tout le monde aide tout le monde, est mis en évidence.

Nous avons vu que l’enseignement quotidien produisait d’excellents résultats en termes d’autonomie, d’autorégulation, d’auto-évaluation et de résolution de problèmes par les enfants. Cela sera également utile lorsque nous retournerons à l’école. Cependant, en ce qui concerne l’évaluation et les tests des élèves, nous, les enseignants, suivons les indications du ministre de l’Éducation.

Cela a été un défi, mais j’ai l’impression que cela donne de bons résultats.

Recherche et expérimentation

Nous avons également commencé à étudier l’impact de l’apprentissage à distance sur les élèves. Cette recherche est menée par le Professeur Margherita Orsolini de la Faculté de psychologie et de pédagogie du développement de l’Université La Sapienza. Nous utilisons APISMELA, un ensemble d’activités de formation qu’elle a conçu, servant à stimuler l’attention, le contrôle cognitif et la flexibilité, la mémoire de travail verbale.

Dans la mesure où cela constitue un nouveau mode d’instruction collective virtuelle et que c’est la première fois que la méthode est utilisée avec une salle de classe entière, les cours sont enregistrés et ils feront l’objet d’études et d’analyses pour voir quelles sont les implications de cette méthode sur les résultats d’apprentissage des élèves, en particulier des élèves présentant des difficultés d’apprentissage.

Barbara Riccardi

Barbara Riccardi a été finaliste du Global Teacher Prize de la Fondation Varkey.

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  • 31.03.2020

Ne pas lâcher prise : l’enseignement en période de Covid19 - #RecitsdEnseignants

Je m’appelle Michelle et j’enseigne un cours d’acquisition de la langue anglaise en 10e année et un cours Individus et sociétés en 7e année à Bangkok, en Thaïlande, à des élèves dont l’âge varie entre 12 et 16 ans.

La vie d’un enseignant international requiert une incroyable flexibilité car nous naviguons entre les pays, les cultures et les écoles. Rien, cependant, n’aura exigé autant de volonté d’adaptation et d’évolution de ma pratique que le fait d’être confinée dans mon appartement et de devoir réinventer mon approche pédagogique.  

L’enseignement numérique a été beaucoup plus facile que je ne l’anticipais. Pour être sincère, il a fait progresser ma pratique et mon approche pédagogiques d’un nombre incalculable de façons, et les effets continuent de s’amplifier. J’en suis reconnaissante – c’est le bon côté de la situation ! Mais il y a aussi des orages qui se préparent.

Un lent détricotage

Je suis confinée dans mon appartement depuis 2 semaines, et selon la dernière mise à jour du gouvernement, cela va durer encore un mois. L’une de mes filles est ici avec moi et nous essayons de nous distraire entre nos cours. La plupart de nos amis et proches sont dans d’autres pays et le sentiment d’être dans une solitude absolue nous assaille aux moments où nous nous y attendons le moins. Je ne sais pas quand je reverrai ma fille aînée et je ne peux pas la protéger depuis l’autre bout du monde. Ensuite, ce matin on m’a téléphoné pour m’annoncer que ma mère qui souffre de la maladie d’Alzheimer a été admise en soins intensifs avec une pneumonie, une masse dans les poumons, et qu’elle a peut-être le Covid19.

Je ne peux pas imaginer à quel point elle doit avoir peur ou se sentir seule. Même si je pouvais prendre un avion de Bangkok à Houston, je ne serais pas autorisée à pénétrer dans l’hôpital pour lui rendre visite. Comme tant d’autres, nous sommes confinées et dans l’impossibilité de communiquer. Je pense que c’est le plus grand facteur de stress pour moi – je n’ai aucun contrôle sur cette situation.

>Jusqu’à ce que ma mère tombe malade, rien n’a été extraordinairement difficile, mais les soucis à propos des personnes que j’aime, les nouvelles incessantes, les courriels scolaires, les messages des élèves emplis d’anxiété et de peur, l’apprentissage de nouvelles plates-formes et de solutions technologiques finissent par s’additionner. En tant qu’enseignante, il m’est difficile d’accepter l’absence totale de contrôle sur quoi que ce soit autour de moi. Je suis dans l’incapacité de créer un espace entièrement sûr pour mes élèves, mes filles, ou moi-même. Je partage donc ci-dessous ce qui m’a aidée à braver la tempête. J’espère que vous y trouverez quelque chose qui vous aidera aussi.

Conseils en période de confinement

Détendez-vous

>Respirez profondément et rappelez-vous que quoi qu'il arrive, vous êtes toujours l’incroyable enseignant que vous étiez avant la fermeture de votre école. Vous continuerez d’être ce professeur et le stress et l’inquiétude que vous ressentez sur la façon dont vous allez continuer d’enseigner aujourd’hui sont la preuve de votre dévouement et de votre engagement vis-à-vis de vos élèves.

Reprenez depuis le début

>Vos élèves ne doivent pas s’adapter uniquement à votre nouveau cours et aux modes d’enseignement numérique. Ils s’adaptent aussi à tous les autres enseignants qu’ils ont et à leurs nouveaux systèmes. Faites comme si la première semaine était la première semaine d’une nouvelle année scolaire. Formulez les attentes, fixez les limites, apprenez à connaître vos élèves de cette nouvelle façon, trouvez un nouvel équilibre et une nouvelle norme.

Adoptez un rythme moins soutenu

Ce qui m’a le plus étonnée a été de constater le peu de travail que mes élèves ont pu accomplir dans le même laps de temps. Même si je les ai gardés avec moi dans Zoom pour terminer quelque chose, ils ont tâtonné et rencontré des difficultés pour accomplir leur tâche. Nous tenons pour acquis qu’ils sont des magiciens du numérique parce qu’ils sont à longueur de journée sur leurs appareils. En réalité, ils n’ont pas plus d’expérience que nous à ce sujet et il leur faut du temps.

Concentrez-vous sur l’essentiel

Revoyez vos cours et choisissez ce qui est le plus important pour vos élèves, ce qu’ils doivent maîtriser, et concentrez votre attention sur ces composantes essentielles. Complétez avec le reste si vous avez le temps, mais concentrez-vous sur le cœur des matières et l’atteinte de ces objectifs en priorité.

Fixez des limites

Ne tombez pas dans le piège de confondre temps de loisir et temps de travail. Ce n’est pas parce que vous travaillez maintenant chez vous que le travail doit dominer votre vie. Vous – ainsi que vos élèves – avez besoin que vous soyez dans un parfait état de santé mentale et émotionnelle en ce moment. Faites des pauses, détendez-vous et ne laissez pas la situation envahir chaque compartiment de votre vie. Vous êtes aussi en train de traverser cette crise. Vous avez aussi des besoins sur le plan mental, émotionnel et physique. Respectez ces besoins en priorité pour avoir quelque chose à donner à vos élèves, arrivés à la semaine 3, 6 ou 10 de la fermeture des écoles. Vous êtes confiné ? Organisez une soirée de jeu ou un dîner entre amis sur Zoom. Faites une promenade. Vivez votre vie. Vous en avez besoin pour vous ressourcer.

Demandez de l’aide

Souvenez-vous que vous n’êtes pas seul. La plupart des enseignants sont dans la même situation que vous et nous essayons tous de nous en accommoder. Rejoignez un groupe où vous trouverez des ressources et des conseils d’autres enseignants comme Global Educator Collective. Ne vous contentez pas d’utiliser Zoom avec vos élèves, vérifiez auprès de vos collègues ce qu’ils font. N’ayez pas l’impression d’être seul à lutter. Nous nous adaptons tous et nous réunissons nos efforts comme jamais auparavant.

Appuyez-vous les uns sur les autres

En fin de compte, nous allons émerger de cette situation en étant de meilleurs enseignants, après avoir passé un nombre incalculable d’heures en perfectionnement professionnel et en auto-apprentissage de tous les nouveaux systèmes auxquels nous nous adaptons. Pour ce faire, allez à la rencontre de vos collègues enseignants et apprenez de leur expérience, enseignez-leur la vôtre et restez forts. Montrez à vos élèves ce que représente l’amour de l’apprentissage de toute une vie et emmenez-les avec vous dans ce voyage.

Michelle Overman

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