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#LesEnseignantsTransforment l’éducation de la petite enfance : Poser les jalons de l’avenir des enfants

« Au fil des années, je me suis rendu compte que nous sommes bien plus que de "simples" enseignants. Nous sommes aussi des modèles, des amis, des parents et des confidents pour nos élèves. »

Après avoir travaillé pendant 18 ans comme analyste de données en Jamaïque, Sheryl Miller a pris la décision spontanée de quitter son emploi pour retourner à l’université et préparer un diplôme en éducation et protection de la petite enfance (EPPE). Dix ans se sont écoulés depuis l’obtention de sa qualification, et elle n’a aucun regret. 

« On m’a toujours dit que je ferais une excellente enseignante. Alors, à l’âge de 39 ans, j’ai décidé qu’il était temps de changer de voie professionnelle et de me reconvertir dans l’enseignement. »

Sheryl a suivi deux ans d’études pour obtenir son diplôme de premier cycle universitaire, avant de consacrer quatre années à la préparation de son diplôme en éducation de la petite enfance. Après une dizaine d’années au service de la petite enfance, elle reste convaincue d’avoir fait le bon choix.

« C’est un métier qui peut parfois sembler ingrat parce qu’il demande énormément de temps, d’énergie et de ressources. Mais notre récompense, en définitive, c’est de voir les enfants s’épanouir », explique Sheryl. 

« À mes yeux, il ne s’agit pas d’un simple travail, mais d’un métier à part entière. »

L’UNICEF considère que l’éducation de la petite enfance constitue le fondement même d’un apprentissage de base de qualité et qu’elle aide les enfants à acquérir non seulement des compétences essentielles en lecture, en écriture et en calcul, mais également les aptitudes sociales et émotionnelles nécessaires pour réussir dans la vie.

« Au fil des années, je me suis rendu compte que nous sommes bien plus que de "simples" enseignants. Nous sommes aussi des modèles, des amis, des parents et des confidents pour nos élèves. Il arrive qu’ils nous racontent des choses qui se passent chez eux, et que nous soyons obligés de prendre des mesures et d’intervenir pour leur sécurité. Parfois ils ont juste besoin qu’on les prenne dans nos bras ou qu’on les encourage. »

Les enseignants et les établissements du secteur de l’EPPE font face à une série d’obstacles

Bien que l’éducation de la petite enfance soit reconnue comme revêtant une importance fondamentale pour tous les enfants, les enseignants en EPPE font encore face à de nombreux obstacles aux quatre coins du monde. 

« Nous essayons de rendre nos leçons aussi interactives que possible pour retenir l’attention des enfants de 3, 4 et 5 ans. Ils apprennent par le toucher, la vue, le goût… et pour y parvenir, nous avons besoin de ressources. Les enseignants finissent souvent par acheter des fournitures du bureau, des livres, des supports d’apprentissage ou autres qu’ils payent de leur poche. Dans ma salle de classe, il y a beaucoup de matériel que je finance moi-même pour l’enseignement des sciences ou les activités d’alphabétisation.

J’ai rejoint le Comité pour la petite enfance de l’Association des enseignants jamaïcains dans le but de défendre la profession enseignante et de sensibiliser au manque de soutien et de moyens dont nous pâtissons. »

Les enseignants ont besoin d’être davantage reconnus et respectés pour leur engagement en faveur de l’éducation

Sheryl estime que le manque général de reconnaissance quant à l’importance des apprentissages fondamentaux constitue une difficulté supplémentaire pour le secteur de l’EPPE. 

« Certains parents nous considèrent comme de simples "babysitters". Cependant, il faut toujours garder à l’esprit que nous ne sommes pas là pour les adultes, mais pour les élèves. 

Les enfants évoluent : ils rampent, se mettent à quatre pattes, arrivent à se tenir debout, puis se déplacent et finissent par faire leurs premiers pas. Il en va de même dans le cadre de l’éducation de la petite enfance. Nous les guidons étape par étape dans l’apprentissage des lettres et des nombres, des formes et des couleurs. »

Sheryl est persuadée que si la pandémie de COVID-19 a gravement perturbé l’apprentissage, elle a également engendré des conséquences positives. 

« Cela a permis aux parents de réaliser combien l’éducation de la petite enfance est importante. C’est au cours de cette période où ils ont supervisé l’apprentissage en ligne de leurs enfants qu’ils ont réellement pu voir ce que nous faisons, et comment nous le faisons. Cette expérience a contribué à renforcer la relation de confiance qui existe entre les parents et les enseignants », précise-t-elle. 

Bien que les enseignants du secteur de la petite enfance aient peut-être bénéficié d’un soutien et d’un respect plus marqués de la part des parents pendant la pandémie, un grand nombre d’entre eux ont dû élaborer leurs propres stratégies et utiliser leurs propres ressources pour aider leurs élèves à poursuivre leur apprentissage au cours des périodes de confinement. 

Dans son Rapport mondial de suivi sur l’éducation [concernant] les acteurs non étatiques dans l’éducation, l’UNESCO indique que 55 % des pays seulement ont fourni des instructions permettant aux enseignants des établissements pré-primaires d’assurer la continuité de l’apprentissage pendant la pandémie, alors que cette proportion s’élève à 70 % pour les autres niveaux d’enseignement. 

La pandémie de COVID-19 a également montré que les États doivent investir pour équiper les écoles en ressources et en technologies

« Sur le plan éducatif, de nombreux enfants ont pâti des périodes de confinement parce qu’ils n’avaient pas accès aux appareils ou aux données dont ils avaient besoin. Quand les écoles ont rouvert leurs portes, nous avons remarqué une baisse du niveau des élèves en lecture, en écriture et en calcul », rapporte Sheryl. 

Les règles de distanciation physique ont également forcé beaucoup d’établissements à réduire le nombre d’enfants présents dans les classes. 

« En Jamaïque, les règles de distanciation physique sont toujours en vigueur, et certains élèves n’ont pas pu retourner à l’école car les établissements abordables financièrement affichent complet, et les parents n’ont pas les moyens d’inscrire leurs enfants dans d’autres structures. »

La pandémie a par ailleurs entraîné un épuisement professionnel chez de nombreux enseignants, ainsi que des démissions 

« Pour encourager les enseignants à rester dans la profession, afin qu’ils continuent à transformer l’éducation au niveau de la petite enfance, nous avons besoin d’un soutien financier et de moyens supplémentaires. Nous devons veiller à ce que les enseignants soient davantage respectés et reconnus pour le travail qu’ils accomplissent », affirme Sheryl.

La Conférence mondiale sur l’éducation et la protection de la petite enfance, organisée par l’UNESCO du 14 au 16 novembre à Tachkent, en Ouzbékistan, vise à réaffirmer l’engagement des États membres à soutenir le droit de chaque jeune enfant à une éducation et à une protection de qualité dès la naissance. 

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Crédit photo : Sheryl Miller