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  • 23.03.2021

Vacciner les enseignants est crucial pour assurer un bon retour à l’école

Cet article a été initialement publié le 15 mars 2021 sur le site du Partenariat mondial pour l’éducation.

A l’heure où les pays mettent en œuvre des plans de vaccination de leurs populations contre la COVID-19, le besoin de vacciner les enseignants semble de plus en plus urgent. La pandémie a paralysé les systèmes éducatifs du monde entier.

En avril 2020, la plupart des écoles à travers le monde étaient fermées. Pour accélérer leur réouverture, les pays doivent agir pour protéger la santé, la sécurité et le bien-être des enseignants. C’est un préalable essentiel à la « renormalisation » de l'enseignement et de l'apprentissage en personne et au retour si nécessaire de la fonction de socialisation de l'éducation.

En décembre 2020, l'UNESCO et l'Internationale de l'Éducation (IE), la fédération mondiale des syndicats de l'éducation, ont lancé un appel aux gouvernements et à la communauté internationale pour qu'ils examinent l'importance vitale de la vaccination des enseignants et du personnel scolaire.

Comme le disent la Directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, et le Secrétaire général de l’IE, David Edwards, dans leur message vidéo commun : « réouvrir les écoles et les institutions éducatives en toute sécurité et les maintenir ouvertes le plus longtemps possible est un impératif. Dans le contexte actuel et face aux développements positifs en matière de vaccination que nous constatons, nous pensons que les enseignants et le personnel d’appui des établissements scolaires doivent être considérés comme un groupe prioritaire ».

Dès mars 2020, l’Équipe spéciale internationale sur les Enseignants pour l’Éducation 2030 avait lancé un appel international à l'action pour les enseignants dans le but de mettre en évidence les mesures critiques que les pays devraient prendre concernant les enseignants dans ce contexte de pandémie, en recommandant notamment d’assurer la « protection de la santé, de la sécurité et du bien-être des enseignants et des élèves ».

Cela a d’ailleurs été réaffirmé lors de la session extraordinaire de la Réunion mondiale sur l'éducation (RMSE 2020), convoquée par l'UNESCO en octobre 2020. Au cours de cette réunion, les chefs d'État et les ministres se sont engagés à soutenir tous les enseignants et le personnel de l'éducation en leur qualité de travailleurs en première ligne ; et à accorder la priorité à leur santé et leur sécurité.

 

Quels pays vaccinent les enseignants ?

L’Équipe spéciale sur les enseignants note que, malgré l’urgence de protéger les enseignants et les autres personnels de l’éducation et les efforts de la communauté internationale pour promouvoir le caractère prioritaire de la vaccination des enseignants, ces derniers ne sont pas véritablement considérés comme tels dans les plans nationaux de vaccination. Une situation en partie dû à un déploiement de la vaccination plutôt lent à l’échelle mondiale.

Là où des plans de déploiement bien définis existent, la plupart des pays ont tendance à donner la priorité aux agents de santé, aux personnes âgées et à ceux dont l'état de santé les expose à un risque élevé d’attraper le virus.

Il existe cependant une exception : la juridiction de New Delhi en Inde, où toutes les personnes, y compris les enseignants, ayant été activement impliquées dans les efforts de gestion de la COVID-19 dans la ville seront vaccinées en priorité, car considérés comme travailleurs en première ligne.

Le Chili a relativement bien réussi son programme de vaccination des enseignants. Pour préparer le retour dans les salles de classe, le gouvernement chilien a impliqué très tôt les enseignants et les travailleurs de l’éducation dans la campagne de vaccination massive du pays. Au cours des deux semaines précédentes, plus de la moitié des 513 000 enseignants et travailleurs de l’éducation à travers le pays ont été vaccinés à temps pour le début de l’année scolaire.

UNICEF/ Raphael Puget/UNI342143
Pendant la pandémie, cette enseignante donnait des cours d'arabe dans un centre pour filles victimes de violences sexistes à Nouakchott, en Mauritanie.
Credit: UNICEF/ Raphael Puget/UNI342143

 

Des enseignants dans la deuxième vague de vaccination

Dans d'autres pays, les enseignants font partie du deuxième groupe prioritaire pour la vaccination. C’est le cas notamment en Argentine, en Colombie et en Turquie. Au Vietnam, les enseignants sont encore mieux lotis car, ils seront vaccinés dans le même groupe que les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques, au même titre que d'autres travailleurs fournissant des services essentiels et des diplomates.

Pendant ce temps, au Royaume-Uni, les enseignants feront partie du deuxième groupe prioritaire dans lequel on retrouve également les premiers intervenants, les militaires, les personnes travaillant dans le système judiciaire, les travailleurs su secteur des transports et les fonctionnaires essentiels à la riposte à la pandémie. Des citoyens remettant en question ce classement ont lancé une pétition en ligne pour demander au Parlement de donner la priorité aux enseignants et au personnel des écoles et garderies.

L'Afrique du Sud a conçu un plan en trois phases dans lequel les enseignants font partie d’un très grand groupe de personnes prioritaires de deuxième niveau qui comprend environ 17 millions de personnes dont des travailleurs essentiels tels que les policiers, les personnes vivant dans des lieux de confinement comme les prisons et les refuges, les personnes âgées de 60 ans et plus et les personnes atteintes de comorbidités diverses.

Certains pays ont donné la priorité aux enseignants de manière indirecte, en adoptant une approche qui donne la priorité aux travailleurs au sens large, afin de stimuler les différents secteurs de l’économie jusqu’ici paralysés par la pandémie. En Indonésie, par exemple, les enseignants et les personnes âgées forment un deuxième groupe prioritaire dans le plan national de déploiement. Le pays a pour objectif de vacciner 5 millions d'enseignants d'ici juin.

De même, au Bangladesh, il a été annoncé début février que tous les enseignants du primaire seraient vaccinés et que, d’ici la fin du mois [de mars], les enseignants de moins de 40 ans inscrits sur la liste de la direction de la santé pourraient s’inscrire en ligne pour recevoir le vaccin.

Avec un déploiement de plus en plus important à l’échelle mondial, des engagements majeurs ont été pris un peu partout. Aux États-Unis, par exemple, il a été demandé à tous les États de donner la priorité aux enseignants dans leurs plans de vaccination, conformément à l'objectif de faire en sorte que tous les enseignants et les intervenants de la chaine éducative, de la maternelle au secondaire, reçoivent leur premier vaccin d'ici la fin du mois de mars.

De même, le ministère de l'Éducation à Singapour a annoncé qu'il commencerait à vacciner 150 000 enseignants et autres membres du personnel des établissements d'enseignement à partir de début mars.

Peu d'informations sont disponibles sur les pays africains. Cependant, le Rwanda, qui a reçu 347000 doses de vaccin de l'initiative COVAX (soutenue par l'ONU) début mars, a mis l'accent sur la vaccination des enseignants, le ministère de la Santé déclarant que « les enseignants font partie des travailleurs en première ligne qui seront [parmi les premiers à être] vaccinés contre la COVID-19. »

Ailleurs sur le continent, comme en Ouganda par exemple, les enseignants seront inclus dans le deuxième groupe prioritaire après les agents de santé et le personnel de sécurité. Le Kenya a également placé les enseignants dans un groupe hautement prioritaire, après les agents de santé et le personnel de sécurité, mais avant les personnes âgées de plus de 58 ans et celles présentant potentiellement des comorbidités.

 

Les enseignants encore ignorés ailleurs

Dans d'autres pays comme l'Italie et le Brésil, les enseignants sont relégués à une position inférieure dans les plans nationaux de hiérarchisation des personnes devant recevoir des vaccins. Le Brésil a placé les enseignants dans le même groupe que les agents de sécurité et le personnel pénitentiaire, ce qui a conduit à des grèves à Sao Paulo pour protester, entre autres, contre les problèmes de santé auxquels les enseignants sont confrontés dans les écoles.

En Fédération de Russie, une certaine méfiance à l'égard du vaccin peut entraver les efforts de vaccination des enseignants, en dépit du fait que ces derniers aient été classés dans un groupe de priorité élevée, aux côtés du personnel médical et des travailleurs sociaux au tout début de la vaccination de masse.

De nouvelles statistiques ont révélé que les deux tiers des pays les plus pauvres seront confrontés à des réductions de leur budget alloué à l'éducation. Ceci est problématique pour de nombreuses raisons, deux des principales étant la nécessité de vacciner les enseignants et de recruter du personnel pour faire face aux défis liés à l'augmentation de la charge de travail des enseignants, la fatigue et la maladie.

Il est peu probable que de nombreux pays à faible revenu obtiennent des doses suffisantes pour vacciner leurs enseignants pendant un certain temps. Cela met une pression énorme sur les enseignants qui devraient enseigner en présentiel sans avoir été vaccinés, mettant ainsi leur santé et celle des autres en danger.

Une étude récente révèle qu’à défaut d’une plus grande coopération internationale, plus de 85 pays pauvres n'auront pas un accès généralisé aux vaccins contre le coronavirus avant 2023.

Quelques recommandations

Compte tenu de la situation mondiale décrite plus haut, l’Équipe spéciale internationale sur les Enseignants pour l’Éducation 2030 formule les recommandations suivantes :

  • Comme demandé par l'UNESCO et l'Internationale de l'Éducation, les enseignants doivent être considérés comme des travailleurs en première ligne et comme un groupe hautement prioritaire à vacciner tôt pour garantir que les écoles puissent rouvrir en toute sécurité pour la reprise des enseignements en présentiel.
  • Les gouvernements devraient travailler avec les syndicats d'enseignants pour s'assurer que toutes les écoles continuent de respecter strictement les règles de sécurité de fonctionnement et que les enseignants non vaccinés ont accès à des soins psychologiques et socio-émotionnels, à des congés maladie et au soutien des chefs d'établissement et des autorités au niveau central et au niveau décentralisé.
  • Là où des groupes hautement prioritaires doivent être identifiés pour accéder au vaccin, les ministères en charge de l’éducation doivent s'assurer que les listes d'enseignants sont correctes et que ces derniers sont identifiés de manière adéquate.
  • Les leçons tirées des pandémies précédentes devraient éclairer les plans de vaccination, afin de garantir que les mécanismes de diffusion sont effectivement mis en place et gérés de manière efficace pour que tous les enseignants y aient accès, y compris ceux des régions éloignées.
  • Les gouvernements devraient veiller à ce que des fonds adéquats soient disponibles pour soutenir le déploiement de la vaccination, afin de garantir la sécurité des enseignants et du personnel d’appui à l’éducation d’une part ; et la réouverture des écoles en toute sécurité d’autre part.

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Crédit de la photo de couverture : Bret Bostock/Flickr
Légende : Une seringue médicale contenant des doses de vaccin

 

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  • 22.01.2021

Voici comment nous soutenons les enseignants dans le monde en 2021

Célébrée cette année le dimanche 24 janvier, la Journée internationale de l’éducation a reconnu l’apport des collaborations internationales fructueuses qui ont permis de protéger le secteur de l’éducation en temps de crise. Pour l’occasion, nous avons mis en lumière les initiatives, partenariats et bonnes pratiques visant à soutenir les enseignants et les apprenants.

Nous avons demandé aux membres de l’Équipe spéciale sur les enseignants de nous faire part de leurs projets pour 2021, une année charnière au cours de laquelle nous devrons nous unir et mutualiser nos ressources afin de nous remettre de la pandémie et de renforcer ensemble le soutien apporté aux enseignants.

Au moins un tiers des élèves dans le monde n’ont pas pu bénéficier de l’apprentissage à distance mis en place à la suite des fermetures d’établissements scolaires en raison de la COVID-19. Les élèves vivant dans des pays à revenu faible et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure ont perdu en moyenne quatre mois d’enseignement – la perte étant estimée à six semaines dans les pays à revenu élevé. Se remettre de cette situation présente un défi sans précédent.

La fermeture des établissements scolaires a néanmoins permis à tout un chacun d’apprécier l’importance de l’école et le rôle clé joué par les enseignants, non seulement sur les plans académique et économique, mais également concernant le développement socioémotionnel des apprenants. La pandémie de COVID-19 nous alerte sur la nécessité de renforcer les systèmes éducatifs afin qu’ils soient plus résilients, plus inclusifs, plus flexibles et plus durables. Elle démontre également la capacité des systèmes et des enseignants à innover afin d’assurer la continuité de l’enseignement et de l’apprentissage malgré un contexte difficile.

 

Des approches novatrices

Les membres de l’Équipe spéciale sur les enseignants ont expliqué comment les initiatives pédagogiques mises en œuvre en 2020, dans le prolongement de la fermeture des établissements, ont façonné une feuille de route pour 2021.

En cette année, l’organisation VVOB – education for development mettra l’accent sur la gestion des nouvelles perturbations que connaîtra le secteur éducatif, la compensation des pertes d’apprentissage consécutives, et le développement du bien-être socioémotionnel des jeunes. Elle favorisera des axes d’intervention mixtes au profit des enseignants et des chefs d’établissement, visant à inclure les élèves marginalisés. Pour ce faire, l’organisation s’appuiera sur les expériences de différents pays, notamment le Rwanda.

La riposte du Partenariat mondial pour l’éducation à la pandémie s’est traduite par la distribution de radios portatives en Sierra Leone et par la diffusion régulière d’un programme éducatif, et ce, moins d’une semaine après la fermeture des établissements scolaires. En 2021, le Partenariat mondial pour l’éducation continuera à financer les systèmes d’information en lien avec la gestion et la formation, en collaborant avec les pays partenaires afin d’identifier les défis et de trouver des solutions.

L'utilisation de la radio pour atteindre les établissements scolaires en milieu rural au Chili ou encore le recours à la télévision au Nigéria et à une plateforme en ligne améliorée en Malaisie sont quelques-unes des 50 initiatives dont font état les rapports du réseau mondial Teach For All. Celles-ci révèlent comment le leadership enseignantl’apprentissage à distance et les efforts déployés par les communautés ont permis d’assurer la continuité de l’apprentissage des enfants dans le contexte de la pandémie. En 2021, le réseau poursuivra son initiative « Learning Through the Crisis » (Apprendre en temps de crise) afin de soutenir la réouverture des établissements scolaires et la création de systèmes éducatifs plus résilients et plus durables.

La Commission internationale sur le financement des opportunités éducatives mondiales et l’Education Development Trust, en partenariat avec le programme éducatif WISE, collaborent avec les gouvernements afin de bien comprendre le rôle des chefs d’établissement et le soutien qu’ils ont apporté aux enseignants lors de la fermeture et de la réouverture des établissements l’année dernière. Les conclusions des recherches feront l’objet d’un guide stratégique axé sur les principaux enseignements tirés et éclairages issus des expériences de plusieurs pays.

 

Des technologies au service de la formation professionnelle

La pandémie a non seulement favorisé l’apprentissage en ligne pour de nombreux élèves, mais elle a également offert de nouvelles possibilités quant à l’utilisation de technologies dans le cadre de la formation professionnelle des enseignants. L’organisation STiR Education a mis en place des réunions virtuelles et s’est appuyée sur le média radiophonique pour former les enseignants en Inde et en Ouganda. En 2021, elle compte intégrer davantage les technologies dans le cadre de ses activités, tout en veillant à ce que l’ensemble des enseignants puissent en bénéficier de manière équitable.

Toujours en 2021, l’organisation Commonwealth of Learning proposera quant à elle des formations professionnelles sur mesure, en partenariat avec l’Open University (Royaume-Uni). Elle proposera aux enseignants des sessions sur l’apprentissage mobile et la cybersécurité, et aidera ceux issus du Commonwealth à mieux exploiter les ressources numériques spécifiques à leur domaine d’enseignement.

Créé par l’Organisation des États américains (OEA), le Réseau interaméricain de formation des enseignants vise à constituer des équipes de spécialistes éducatifs, qui ont notamment bénéficié d’une formation professionnelle virtuelle en Argentine, en République dominicaine et en Uruguay. Les candidatures pour rejoindre une équipe de projets en 2021 peuvent être déposées jusqu’au 1er février.

L’organisation Global School Leaders a créé Upya, un programme permettant aux chefs d’établissement des communautés marginalisées de diriger de manière efficace leur institution dans le contexte de la pandémie.

L’OEA poursuivra ses activités cette année afin de renforcer les capacités des enseignants dans la région ibéro-américaine, en se concentrant sur les compétences numériques. Certains projets auront pour objectif d’améliorer la méthodologie STEAM (sciences, technologie, ingénierie, arts et mathématiques), d’offrir des ressources numériques et de proposer de nouvelles bourses d’études afin de renforcer la formation doctorale dans la région.

L’organisation ProFuturo prolongera son offre de cours de formation gratuits en ligne aux enseignants du monde entier, tandis que l’agence Enabel continuera de former les enseignants au Burundi, notamment autour de l’intégration des technologies de l’information et de la communication, tout en mettant à disposition des cours en ligne et hybrides en Ouganda.

Parallèlement, le Center for Learning in Practice de l’organisme Carey Institute for Global Good collabore virtuellement avec les parties prenantes, notamment les enseignants, afin d’élaborer conjointement des supports de formation professionnelle destinés aux enseignants. Il s’agira de proposer un apprentissage en ligne holistique et de qualité aux populations déplacées au Moyen-Orient, en Afrique de l’Est ainsi qu’en Afrique de l’Ouest et centrale.

Bien que le numérique soit au cœur des futurs systèmes éducatifs, l’apprentissage en présentiel demeure déterminant. La Fondation LEGO continuera à soutenir ses partenaires au Bangladesh, au Ghana, au Kenya, au Rwanda et au Vietnam, lesquels proposent aux enseignants une formation professionnelle axée sur les activités ludiques ; près de 65 000 enseignants recevront cette formation en 2021.

 

Soutenir les systèmes éducatifs dans tous les contextes

Bon nombre des membres de l’Équipe spéciale sur les enseignants collaborent avec les gouvernements pour soutenir le renforcement et la gestion des capacités du système, ainsi que la performance globale du secteur.

Au Burkina Faso, l’Institut international pour la planification de l’éducation (IIPE) de l’UNESCO apporte son soutien au Gouvernement afin d’améliorer la gestion des ressources humaines et l’allocation budgétaire connexe dans le secteur de l’éducation. L’IIPE, en collaboration avec l’Education Development Trust, explore le rôle des « spécialistes pédagogiques » qui accompagnent les enseignants dans le renforcement de leurs compétences, hors du cadre d’évaluation formelle. L’Institut publiera ses recherches en 2021, notamment des études de cas (Pays de Galles, Inde, Shanghai, Jordanie, Rwanda et Kenya).

Le tout premier Hackathon de l’Institut qui a eu lieu en janvier 2021 a permis d’évoquer les défis liés à l’amélioration du déploiement des enseignants, la réduction des disparités inter-régionales et l’identification du phénomène des enseignants fantômes, qui peut représenter jusqu’à 20 % du budget de l’éducation dans certains pays. En outre, l’IIPE prévoit de publier, au cours de l’année, ses recherches sur la gestion des enseignants dans les contextes de populations réfugiées en Jordanie et au Kenya.

Cette année, l’Internationale de l’Éducation souhaite avant tout que les enseignants et le personnel éducatif soient considérés comme un groupe prioritaire dans le cadre des efforts mondiaux de vaccination. L’organisation entend également promouvoir l’adoption d’un Cadre mondial en matière de normes professionnelles pour l’éducation conçu conjointement avec l’UNESCO.

Étant entendu que les pays qui se distinguent dans la gestion de la pandémie sont ceux qui engagent un dialogue constructif avec les syndicats d’enseignants, l’Internationale de l’Éducation appelle à poursuivre les efforts dans cette voie autour de questions spécifiques telles que l’utilisation des technologies dans l’éducation, l’investissement en faveur du personnel enseignant, les conditions de travail décentes et le respect de l’autonomie professionnelle des enseignants.

 

Une collaboration en faveur des enseignants

L’année 2020 a été unique à bien des égards, tous secteurs confondus. Pour ce qui est du secteur de l’éducation, cette année a mis en lumière non seulement les lacunes et les défis systémiques constatés dans le monde entier, mais également les mesures d’atténuation adoptées progressivement par les enseignants eux-mêmes. Elle a aussi connu l’élaboration de mesures d’urgence et leur mise en œuvre par les parties prenantes du secteur de l’éducation à différents niveaux, par les gouvernements et par la les acteurs internationaux du développement.

Nous avons également été témoins d’une accélération de l’innovation dans le secteur éducatif nous incitant à réinventer l’apprentissage du futur ; cette vision guidera les efforts que nous déploierons en 2021 afin de reconfigurer et renforcer les rôles des enseignants dans la conception de systèmes éducatifs plus résilients à l’horizon post-COVID-19. Les membres de l’Équipe spéciale sur les enseignants comptent être aux avant-postes pour mener cette mission à bien.

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Légende de la photo : Une enseignante de mathématiques au Cambodge.

Crédit VVOB – education for development  

Nouvelles
  • 20.11.2020

Avec OCDE nous collectons les innovations scolaires

Réponses scolaires innovantes dans le contexte de la Covid-19

Les écoles jouent un rôle de premier plan dans les efforts du monde pour répondre à la pandémie de Covid-19. Les enseignants, les chefs d'établissement et les éducateurs ont réagi de manière innovante pour servir leurs élèves et leurs communautés. Identifier et exploiter ces innovations est essentiel pour :

  • Soutenir les autres enseignants qui font face à des changements et des défis similaires dans le monde entier.
  • Façonner les efforts de la société pour construire des salles de classe plus solides pour l’avenir.
  • Reconnaître le dévouement et l'engagement sans faille de la profession.

Nous invitons les partenaires à se joindre à une campagne pour aider les écoles à faire entendre leurs innovations à l'échelle mondiale et à favoriser un dialogue transnational sur la reconstruction de l'éducation hors de ces temps difficiles et éprouvants.

 

Crowdsourcing d'innovations scolaires

Du 16 novembre au 20 décembre 2020, les enseignants, les formateurs d'enseignants et les chefs d'établissement peuvent télécharger une vidéo de deux minutes pour partager leurs points de vue sur trois questions importantes :

  • De quelles innovations dans votre enseignement êtes-vous le plus fier ?
  • Quelles nouvelles formes de collaboration avec vos pairs ont été les plus utiles ?
  • Qu'avez-vous appris et à quoi ressemblera votre enseignement à l'avenir ?

De nombreuses organisations travaillent d'arrache-pied pour soutenir les enseignants dans cet espace. Si votre organisation a déjà fait un exercice similaire pour identifier les innovations, veuillez inviter les enseignants ou les chefs d'établissement des innovations les plus prometteuses que vous avez identifiées à partager leur vidéo. Dans ce cas, les contributions apparaîtront sous le logo de votre organisation.

 

Identifier et exploiter les innovations les plus prometteuses

La communauté internationale des enseignants pourra visionner et interagir avec des vidéos via la plateforme Global Teaching InSights de l’OCDE. Parallèlement à un panel international, les enseignants pourront également identifier les innovations qui peuvent avoir un impact durable à grande échelle.

Une série d'événements et d'opportunités mondiales rassemblera des enseignants, des chefs d'établissement, des décideurs et des chercheurs pour discuter des principales idées et innovations de ces vidéos et de ce qu'elles signifient pour l'éducation à venir.

Cette campagne est menée par l'OCDE, l'UNESCO et l’Équipe Spéciale Internationale sur les Enseignants pour Éducation 2030 (TTF) avec le soutien de l'Internationale de l'Éducation, Teach for All et International Confederation of Principals.

 

Campagne sur les réseaux sociaux

Suivez le hashtag: #GlobalTeachingInSights

Visitez le site de la vidéothèque GTI

 

Nouvelles
  • 27.03.2020

L’Équipe spéciale sur les enseignants appelle à soutenir 63 millions d’enseignants touchés par la crise du COVID-19

Près de 63 millions d’enseignants du primaire et du secondaire à travers le monde sont touchés par la fermeture des écoles dans 165 pays à cause de la pandémie de Covid-19.

Ils sont en première ligne pour assurer la continuité de l’apprentissage pour près de 1,5 milliard d’élèves, un nombre qui devrait continuer à augmenter.

Partout dans le monde, les enseignants et les responsables d’établissement scolaires se sont rapidement mobilisés et ont innové pour mettre en place un enseignement à distance de qualité pour les élèves confinés, avec ou sans l’utilisation des technologies numériques. Ils jouent également un rôle clé dans la communication des mesures prévenant la propagation du virus, en veillant à ce que les enfants soient en sécurité et bénéficient de soutien.

Cette situation sans précédent soumet les enseignants, les élèves et leurs familles à un stress.

Dans certains cas, les enseignants qui peuvent déjà être exposés au virus tentent de gérer l’anxiété liée au fait de devoir travailler dans des situations où les risques dus au COVID-19 sont croissants. travailler dans des situations où les risques dus au COVID-19 sont croissants.

L’Equipe spéciale sur les enseignants, une alliance internationale qui œuvre en faveur des enseignants et de l’enseignement, a lancé un Appel à l’action pour les enseignants afin d’assurer à ceux-ci protection, soutien et reconnaissance pendant la crise. Un leadership ainsi que des ressources financières et matérielles en faveur des enseignants sont nécessaires pour assurer la poursuite d’un enseignement et d’un apprentissage de qualité à distance pendant la crise, et permettre une reprise rapide.

L’Équipe spéciale appelle les gouvernements, les prestataires de services éducatifs et les bailleurs de fonds, publics et privés, ainsi que tous les partenaires pertinents à :

  • Préserver l’emploi et les salaires : cette crise ne peut servir de prétexte pour abaisser les normes et les standards, ni pour passer outre le droit du travail. Les salaires et les avantages de l’ensemble du personnel enseignant et de soutien à l’éducation doivent être préservés.
  • Donner la priorité à la santé, à la sécurité et au bien-être des enseignants et des apprenants : les enseignants ont besoin d’un soutien socio-émotionnel pour faire face à la pression supplémentaire qui leur est imposée pour dispenser un enseignement en temps de crise et pour apporter un soutien à leurs élèves dans ces circonstances angoissantes.
  • Inclure les enseignants dans l’élaboration des réponses éducatives à la crise due au COVID-19 : les enseignants auront un rôle crucial à jouer dans la phase de reprise lorsque les écoles rouvriront et ils doivent être inclus à toutes les étapes de l’élaboration et de la planification des politiques éducatives.
  • Fournir un soutien et une formation professionnels adéquats : peu d’attention a été accordée à la formation adéquate des enseignants sur la manière de garantir la continuité pédagogique. Nous devons agir rapidement afin que les enseignants reçoivent le soutien professionnel nécessaire.
  • Placer l’équité au cœur des réponses éducatives : un soutien et une flexibilité accrus seront nécessaires pour les enseignants qui travaillent dans des régions reculées ou avec des communautés à faible revenu ou minoritaires, afin de garantir que les enfants défavorisés ne soient pas laissés pour compte.
  • Inclure les enseignants dans les réponses de l’aide internationale : L’Équipe spéciale sur les enseignants invite instamment les institutions financières à aider les gouvernements à soutenir les systèmes éducatifs, en particulier le développement professionnel du personnel enseignant. Un tel soutien est particulièrement urgent dans certains des pays les plus pauvres du monde, qui ont déjà du mal à répondre aux besoins en matière d’éducation, en raison d’une grave pénurie d’enseignants qualifiés.

Pour en savoir plus, téléchargez l’appel en anglais, arabe, espagnol et français.

Nouvelles
  • 19.05.2020

Les efforts de retour à l’école doivent inclure les enseignants

L’Équipe spéciale sur les enseignants, l’UNESCO et l'Organisation internationale du Travail ont élaboré des orientations destinées à soutenir les autorités nationales dans leurs efforts de réouverture des écoles, examinant en particulier la meilleure façon de soutenir les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation lors de la planification et dans les processus de retour à l’école.

Depuis le début de la crise du COVID-19, les enseignants ont joué un rôle essentiel dans l’assurance de la continuité pédagogique par l’apprentissage à distance, chaque fois que possible, et dans la prise en compte du bien-être des apprenants. Avec la réouverture des écoles, les enseignants, les responsables scolaires et le personnel de soutien à l’éducation vont continuer de jouer un rôle clé dans la création d’espaces d’apprentissage sûrs, dans l’ajustement des programmes d’enseignement et de l’évaluation, et dans le soutien aux apprenants marginalisés.

Dans le sillage de l'Appel à l’action lancé par l’Équipe spéciale sur les enseignants, les orientations conjointes de l’UNESCO, de l’Équipe spéciale sur les enseignants présentent une série de recommandations à l’intention des décideurs politiques, tout en reconnaissant la nécessité pour les pays d’identifier leurs propres priorités en fonction de leur contexte national et local.

Ces orientations mettent en évidence la façon de garantir que les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation bénéficient d’un soutien adéquat dans les efforts de réouverture des écoles, en particulier :

  • Inclure les enseignants et leurs organisations dans la planification du retour à l’école

Les pays devraient veiller à ce que toutes les perspectives soient entendues lors de la planification de la sécurité à l’école et de l’élaboration de pratiques d’enseignement destinées à atténuer les déficiences de l’apprentissage après la pandémie. Les enseignants, le personnel de soutien à l’éducation et leurs représentants doivent être consultés dans la prise de décision et la planification, notamment en ce qui concerne le calendrier et les processus pour la réouverture des écoles en toute sécurité.

 

  • Garantir la sécurité des apprenants et de tout le personnel éducatif des écoles

Les mesures visant à assurer la sécurité et la santé dans les écoles, pour les apprenants et le personnel, devraient être adaptées au contexte local, les autorités nationales fournissant aux enseignants des informations sur les risques encourus dans le cadre scolaire.

Les enseignants et leurs organisations représentatives devraient participer aux discussions sur la façon d’appliquer les normes internationales dans leur salle de classe et à l’échelle de l’école, sur l’élaboration de critères d’évaluation et sur les règlements portant sur la réorganisation de l’apprentissage en classe. Ils devraient également participer à l’élaboration de mesures pour faciliter la distanciation physique.

 

  • Reconnaître l’importance du bien-être psychologique et socio-émotionnel des enseignants et du personnel de soutien à l’éducation

Lors de la réouverture des écoles, les enseignants doivent faire face à la fois aux risques pour la santé et à une charge de travail accrue pour enseigner de façon nouvelle et parfois difficile, souvent sans formation adéquate. Les autorités nationales doivent veiller à ce que les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation bénéficient d’un soutien psychosocial continu pour assurer leur bien-être socio-émotionnel. Cela sera particulièrement important pour les enseignants qui sont chargés d’offrir ce même soutien aux élèves et aux familles..

 

  • Aider les enseignants à s’adapter aux nouvelles conditions d’enseignement

L’inclusion des enseignants et de leurs organisations représentatives dans les discussions sur le retour à l’école est également essentielle afin que les enseignants et le personnel de soutien à l’éducation bénéficient d’une formation et de ressources adéquates pour reprendre l’enseignement en classe, dans le respect de la réglementation sur la distanciation physique.

Ils doivent participer aux consultations nationales pour identifier les principaux objectifs en matière d’éducation, réorganiser les programmes d’enseignement et harmoniser l’évaluation sur la base du calendrier scolaire révisé. Ils devront être consultés sur les questions relatives à la réorganisation du travail en classe.

 

  • Veiller à ce que les conditions de travail des enseignants soient protégées

Les efforts en vue du retour à l’école pourraient révéler des lacunes dans les ressources humaines et créer des horaires de travail et des emplois du temps compliqués. Les enseignants et leurs organisations représentatives devront être inclus dans le dialogue sur l’élaboration de stratégies de recrutement rapide en respectant un minimum de qualifications professionnelles et en protégeant les droits et les conditions de travail des enseignants.

 

  • Maintenir ou accroître les ressources financières

Pour assurer la continuité pédagogique, les autorités éducatives vont devoir investir dans les enseignants et dans le personnel de soutien à l’éducation, non seulement pour maintenir les salaires, mais aussi pour fournir une formation et un soutien psychosocial essentiels. Il est important que les gouvernements résistent à l’adoption de pratiques susceptibles de porter préjudice à la profession enseignante et à la qualité de l’éducation, telles que l’augmentation du nombre d’heures d’enseignement ou le recrutement d’enseignants non qualifiés. Les gouvernements devraient également faire preuve de courage pour que les prestataires privés continuent de verser des salaires réguliers aux enseignants et aux autres membres du personnel de soutien. 

 

  • Permettre aux enseignants de s’exprimer sur le suivi de la situation du retour à l’école

Il sera essentiel de procéder à un suivi-évaluation rapproché du retour à l’école pour adapter la stratégie et éclairer la prise de décision. Les enseignants et les responsables scolaires devront être consultés dans l’élaboration des cadres de mesure et de comparaison des progrès accomplis grâce aux efforts de retour à l’école. 

 

Vous pouvez télécharger les Orientations en anglais et en français (la version en espagnol sera disponibles prochainement).

Blog
  • 08.07.2020

Les répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les enseignants contractuels en Afrique subsaharienne

Basé sur une recherche effectuée par Pierre Varly pour la TTF, ce document s’intéresse aux répercussions du COVID-19 sur les enseignants contractuels des secteurs public et privé dans plusieurs pays d’Afrique et propose des recommandations visant à améliorer la résilience du système éducatif en cas de fermeture des établissements scolaires. Il a été publié pour marquer la sortie du rapport de l’Équipe spéciale sur les enseignants sur le recours aux enseignants contractuels en Afrique subsaharienne (résumé exécutif disponible en français et rapport complet disponible en anglais).

 

La crise mondiale de l’éducation à l’heure actuelle

La pandémie de COVID-19 a eu une incidence sans précédent sur les systèmes éducatifs. Au plus fort de la pandémie, 194 pays ont décidé de fermer l’ensemble de leurs établissements scolaires, affectant ainsi 63 millions d’enseignants des cycles primaire et secondaire. L’Afrique subsaharienne n’a pas été épargnée pendant cette crise : on estime que les fermetures d’établissements scolaires à l’échelle nationale ont affecté 6,4 millions d’enseignants.

 

Qui sont les enseignants contractuels ?

Les enseignants contractuels sont recrutés par des voies différentes et acceptent de travailler en dehors des régimes d’emploi classiques dans le cadre d’une convention collective de la fonction publique. Ils perçoivent un salaire pour le travail effectué, mais ne bénéficient d’aucun des avantages prévus par les normes du secteur public, tels que les congés annuels, la pension de retraite ou encore l’assurance maladie.

Si les enseignants contractuels détiennent généralement les mêmes qualifications académiques que leurs collègues de la fonction publique, ils sont souvent mal formés en pédagogie et ne bénéficient pas des programmes de formation professionnelle continue. En raison de leur statut, les enseignants contractuels sont généralement moins bien payés et ont une situation moins stable, car leur emploi dépend des fluctuations du budget public, de la pression exercée sur les marchés et des capacités de paiement des prestataires d’éducation. 

En pratique, les enseignants contractuels ne peuvent être définis d’une seule manière. En Afrique subsaharienne francophone, par exemple, les termes « enseignant à temps partiel », « enseignant contractuel de l’État », « enseignant communautaire », « enseignant contractuel du service national » et « enseignant bénévole » désignent tous différents types de contrats d’enseignant. Les enseignants du secteur privé sont aussi parfois considérés comme des enseignants contractuels, car ils sont souvent payés directement par les écoles grâce aux frais de scolarité versés par les familles des élèves. Ils sont généralement moins bien payés que leurs collègues du secteur public. Il existe également différents accords public-privé, qui affectent le versement des salaires de diverses manières.

 

Les enseignants contractuels, un moyen d’élargir l’accès à l’éducation 

Pour réaliser le quatrième objectif de développement durable (ODD) (« Assurer l’accès équitable de tous à une éducation de qualité et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie ») en 2030, le monde aura besoin d’environ 69 millions d’enseignants, dont 17 millions pour l’Afrique subsaharienne seule. Pour pallier la pénurie d’enseignants à laquelle sont confrontées de nombreuses écoles d’État, le secteur public a recours aux enseignants contractuels, notamment dans les pays d’Afrique subsaharienne où la population d’âge scolaire s’est développée plus rapidement que le système éducatif des pays. D’autres pays ont bâti des écoles communautaires dans les zones isolées et rurales sur le modèle public-privé, qui font appel à des enseignants payés par les communautés locales ou au moyen de subventions gouvernementales.  

Il est essentiel de comprendre l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les enseignants contractuels, car ils représentent une proportion élevée du corps enseignant dans de nombreux pays. Selon le Rapport d’État d’un système éducatif national (RESEN), ils représentaient au Niger 71 % de l’ensemble des enseignants des cycles primaire et secondaire en 2017, tandis que les enseignants communautaires sous contrat constituaient au Tchad 64 % des enseignants du cycle primaire en 2014. Si la proportion d’enseignants contractuels dans le corps enseignant du cycle primaire au Burkina Faso était infime en 2002, elle est passée à 81 % en 2015. À l’inverse, la proportion d’enseignants contractuels au Mali est passée de 79 % à 29 % entre 2009 et 2014. Cette diminution fait suite à la décision prise par le gouvernement sous la pression des syndicats enseignants, à savoir intégrer plus de 40 000 enseignants contractuels et communautaires au corps enseignant de la fonction publique.

 

Paiements retardés et autres incidences sur les enseignants contractuels du secteur public

Le COVID-19 a affecté l’emploi et le salaire des enseignants contractuels du secteur public de différentes manières. Les contrats des enseignants contractuels du secteur public au Cameroun, au Niger et en Zambie n’ont pas été suspendus. Les enseignants ont également perçu des versements de salaire régulier malgré la fermeture des établissements scolaires. 

Cette situation contraste avec celle du Togo, où les enseignants « bénévoles » représentent respectivement 27 %, 41 % et 25 % du corps enseignant du cycle primaire, du premier cycle du secondaire et du second cycle du secondaire. Leurs contrats n’ont pas été suspendus ni résiliés, mais le versement régulier des salaires s’est avéré plus compliqué. Fin mai 2020, l’Agence nationale du Volontariat au Togo (ANVT) versait des paiements réguliers à près de 900 enseignants contractuels, mais 9 400 autres, soit environ 1 enseignant togolais sur 6, n’avaient reçu aucune aide de l’État. 

Il semble aussi que certains enseignants contractuels au Kenya n’aient pas été rémunérés : le versement des salaires dépend en effet des systèmes de gestion des établissements, et n’a donc pas été possible en raison de la fermeture des établissements scolaires. D’après l’étude menée conjointement par l’UNESCO, l’UNICEF et la Banque mondialesur la riposte des pays face à la crise, le Burkina Faso et la Guinée vont également interrompre les paiements versés aux enseignants contractuels, tandis que le Ghana et la Sierra Leone verseront des salaires revus à la baisse. Selon Filbert Baguma, le secrétaire général du syndicat enseignant de l’Ouganda (Uganda National Teachers’ Union), le versement régulier des salaires des enseignants contractuels a également été affecté dans le pays.

Même si leur situation n’est pas une conséquence directe du COVID-19, 2 500 nouveaux enseignants recrutés à la fin de l’année 2019 au Niger attendent encore de recevoir leur salaire pour les premiers mois de 2020. Comme ils s’étaient endettés pour se rendre jusqu’à leur lieu d’affectation, ils ont été forcés de quitter leur poste pendant le confinement, puis de revenir pour la réouverture des établissements le 1er juin (Internationale de l’Éducation, 2020). En Côte d’Ivoire, le ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle a annoncé le versement prochain des salaires de 10 300 enseignants recrutés en 2019.

En Gambie, les enseignants temporaires dont les contrats ont pris fin en mars 2020 n’ont pas pu repostuler en raison de la fermeture des établissements scolaires, et perdu de ce fait leur revenu régulier.

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Lisez le résumé exécutif en français et le rapport complet en anglais

Crédit de la photo utilisée pour cet article : Dietmar Temps / Shutterstock.com