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Nouvelles
  • 17.08.2022

L’apprentissage dans le cadre de la campagne #TeachersTransform : mettre l’accent sur l’apprentissage par l’expérience transforme l’intérêt des filles pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM)

Comment encourager davantage d’apprenants à choisir les STEM à l’école ? En développant l’enseignement fondé sur des projets et l’apprentissage par l’expérience, et en transformant l’apprentissage en une expérience visant à l’acquisition de compétences de vie plutôt qu’à l’obtention de résultats d’examens.

Telle est la vision de Kavita Sanghvi, directrice de la Chatrabhuj Narsee Memorial School à Mumbai, en Inde. Enseignante depuis 21 ans, Kavita a toujours aimé le défi de la « découverte » et transmet à présent cette compétence à ses apprenants grâce à une approche d’enseignement expérientielle innovante.

L’un des principaux objectifs de Kavita en tant qu’éducatrice est d’encourager davantage de filles à choisir des matières scientifiques et à entreprendre des carrières dans ces domaines.

Elle se reconnaît dans les filles qui rencontrent des obstacles pour étudier les STEM. « Mes parents m’ont toujours beaucoup soutenue. Mais traditionnellement, les matières scientifiques ne sont considérées comme utiles que si l’on devient médecin ou ingénieur. Or, la société s’attend encore à ce que les femmes se marient et fondent une famille, et l’investissement de moyens financiers dans la poursuite d’études des filles est souvent considéré comme un "gaspillage" ».

Publié en 2017, le rapport de l’UNESCO Déchiffrer le code : l’éducation des filles et des femmes aux sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (STEM) rend compte de cette réalité.

Il montre que le choix des STEM dépend des normes sociales, culturelles et de genre. « Les filles sont souvent amenées à croire que les STEM sont des matières "masculines" et que la capacité des femmes dans ces domaines est intrinsèquement inférieure à celle des hommes. Ces croyances peuvent saper la confiance et l’intérêt des filles et les détourner des STEM. »

Pourtant, Kavita s’est consacrée à sa passion de la science et a obtenu un master en physique nucléaire ainsi qu’un master en éducation. Elle est la preuve que les STEM ne sont pas réservées aux garçons, et elle encourage aujourd’hui d’autres filles à suivre son exemple.

Une nouvelle façon d’enseigner pour orienter les filles vers les STEM

En devenant directrice de la Chatrabhuj Narsee Memorial School, Kavita a très vite remarqué que de nombreux apprenants, en particulier des filles, délaissaient les STEM. Elle a également constaté que certains élèves qui excellaient dans le secondaire rencontraient des difficultés à l’université.

« J’ai compris qu’au lieu des aptitudes scolaires, l’enseignement supérieur privilégiait les compétences de collaboration, de pensée critique, de mise en réseau et de créativité. Cette tendance se retrouve dans le monde de l’entreprise et dans l’industrie. Pour autant, le programme scolaire national ne formait pas à ces compétences. »

« Je savais que nous devions changer notre façon de faire. J’ai donc proposé à mon équipe de repenser notre manière d’enseigner du CP à la 3e. »

Faire de l’apprentissage des STEM une expérience

Avec son équipe, Kavita a transformé la façon d’assurer les cours dans son établissement. Elle parle elle-même de « perspective globale ». Cette nouvelle approche met l’accent sur l’apprentissage expérientiel et relie chaque sujet à l’un des objectifs de développement durable des Nations Unies.

« Cette approche transformatrice intègre des scénarios réels comme le jour de la lessive, la vaisselle et la fabrication du savon. Il s’agit d’un apprentissage expérientiel qui forme en parallèle aux STEM », explique Kavita.

L’apprentissage expérientiel est un nouveau modèle d’éducation qui fait son chemin dans les salles de classe du monde entier. Des études montrent qu’il aide les apprenants à associer les notions abordées en classe à des situations concrètes.

En quatre ans à peine, les résultats sont déjà visibles.

« Nos élèves participent à des événements interscolaires et gagnent des prix », déclare fièrement Kavita. « Et nous avons fait partie des dix finalistes du World’s Best School Prize for Innovation. »

Sensibiliser aux opportunités de carrière

Kavita se passionne pour la promotion des STEM dans son école et encourage les filles à poursuivre des carrières dans ces domaines. « Tous les ans, nous invitons les universités à participer à notre salon de l’emploi. Nous organisons aussi un événement appelé Hi-STEAM, qui combine l’histoire et les STEM. »

« L’année dernière, le thème était L’espace et au-delà, et nous avons accueilli des femmes astronautes de l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO) », explique Kavita, qui profite de ces événements pour mettre à bas les stéréotypes. « Cette année, le thème est La gamification dans les STEM. » 

Kavita constate que la rencontre avec des modèles féminins invités à assister aux journées d’orientation professionnelle et aux expositions scientifiques motive ses apprenantes à s’orienter vers les STEM.

Cette observation correspond aux conclusions du rapport Déchiffrer le code de l’UNESCO, selon lequel les mentors et les modèles peuvent encourager les filles à poursuivre des études dans ces domaines. Selon le rapport, « La présence de modèles féminins dans les matières des STEM permet d’atténuer les stéréotypes négatifs sur les aptitudes sexospécifiques et d’offrir aux filles une compréhension authentique des carrières des STEM. Ces modèles peuvent conduire les filles et les femmes à revaloriser leur image d’elles-mêmes et leurs attitudes à l’égard des STEM, ainsi qu’à renforcer leur motivation à poursuivre des études dans ces domaines. »

L’avenir de l’apprentissage

Kavita pense que la mise en œuvre de l’approche expérientielle de l’enseignement dans les salles de classe de demain permettrait de transformer l’éducation et d’encourager les filles à choisir les STEM.

« Nous passons d’une classe centrée sur l’enseignant à une classe où les apprenants sont beaucoup plus impliqués. En tant qu’enseignants, nous devons leur donner des ressources pour s’exprimer et la capacité de le faire. »

Pour Kavita, la salle de classe de demain intègre l’informatique spatiale. « Je vois un conservateur guider les apprenants dans une visite des pyramides d’Égypte, et je nous vois rejoints par une école européenne. Je vois un espace où nous sommes tous connectés et collaborons virtuellement, sans frontières. Je crois que c’est l’avenir de l’apprentissage des STEM : où que nous soyons, nous serons connectés au reste du monde. C’est l’essence même de l’apprentissage expérientiel. » 

En savoir plus sur la campagne #TeachersTransform dans le cadre du Sommet sur la transformation de l’éducation.

Blog
  • 20.05.2020

Enseignement : une nouvelle méthode mixte

En tant que professeure principale, j’ai toujours pensé que l’enseignement ne se limite pas à la préparation d’un programme scolaire pertinent et à la transmission des connaissances connexes. L’enseignant a également pour mission d’encourager les enfants à penser par eux-mêmes en leur apprenant à prêter attention à leur vie et en leur inculquant les compétences nécessaires à des fins diverses. Les processus scolaires habituels m’ont toujours semblé trop rigides. Si les enfants ne passent pas du temps à ne rien faire, comment vont-ils comprendre l’importance de la discipline et de l’engagement ?

Le confinement dû au COVID-19 m’a réellement aidé à trouver la réponse à une question qui me taraudait depuis longtemps : « Est-il nécessaire que l’enseignement et l’apprentissage soient confinés entre les quatre murs d’une salle de classe ? La réponse dans le cadre de cette nouvelle situation est « absolument pas ». La technologie a donné à cette vaste planète une vraie dimension locale. La présence physique n’a pratiquement pas d’importance, mais, les outils adéquats et leur utilisation pertinente sont déterminants.

 En 2008, j’ai lu que de nombreux travaux étaient en cours pour généraliser les activités en ligne et qu’à l’avenir, des dispositifs d’autoapprentissage conviviaux verraient le jour. Ce n’est que pendant le confinement que j’ai compris que cette nouvelle ère était arrivée. En quelques jours, j’ai appris à utiliser et à manier Zoom, Jitsy, Microsoft team, Google Hangouts et de nombreuses autres plateformes. Le monde numérique est devenu la nouvelle réalité !

En une semaine, je dispensais mes cours par l’intermédiaire d’une application. J’ai suivi une formation formelle auprès de différents organismes, mais j’ai surtout appris à force d’expérimenter et d’essayer. Mes débuts dans le monde virtuel (électronique ou en ligne) n’ont pas été aisés, mais après quelques jours, j’ai constaté que la technologie fonctionne la plupart du temps, en dépit de quelques perturbations occasionnelles, de distractions virtuelles et de problèmes au niveau du son et des images. J’ai d’abord pensé que cette nouvelle modalité d’enseignement était une communication à sens unique mais j’ai rapidement compris qu’il est possible d’animer la pratique en ajoutant des enquêtes, des études et des vidéos entre les séances. J’ai été éblouie par la technologie, car dans les écoles rurales, nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre une telle diversité.

Les premiers jours, c’était comme un jeu et les élèves étaient nombreux à suivre les cours ; mais je me suis bientôt aperçue que leur assiduité déclinait et que le nouveau jouet ne les intéressait plus. De multiples hypothèses étaient envisageables : problème de réseau, impossibilité pour les élèves d’entendre ma voix, surcharge de travail dans les champs avec leur père ou dans la cuisine avec leur mère, impossibilité de voir mon écran ou – pire encore ! – il se pouvait que mes cours n’étaient pas intéressants. Mais quand j’ai utilisé la boîte de discussion, la conversation est soudainement devenue bilatérale – les élèves, auparavant muets, ont commencé à parler de leurs problèmes dans la boîte de discussion.

Quant à moi, des bruits simultanés me distrayaient, mais j’ai rapidement compris que je devais cesser de faire plusieurs choses à la fois, être attentive et transmettre la même attitude à mes élèves. Je leur ai finalement appris des processus cognitifs de haut niveau en lien avec la pleine conscience.

Chaque fois que vous pensez qu’une réponse n’est pas satisfaisante et que l’assiduité est insuffisante, il suffit d’appeler les élèves. Il est utile d’établir une bonne communication avec les élèves et de savoir les convaincre de la nécessité d’étudier. La culture de mon pays, l’Inde, est axée sur la famille, et il est toujours aisé de téléphoner aux parents pour que les enfants suivent à nouveau les cours.

Néanmoins, la piètre qualité des réseaux, et les coûts élevés des données et des dispositifs posent un réel problème, qui pourrait être résolu en fournissant un réseau subventionné et gratuit. Les bibliothèques des villages et des villes pourraient être transformées en salles virtuelles, dotées d’ordinateurs portables, de tablettes et de connexion à Internet. Si l’apprentissage est gratuit, tout le monde peut devenir ce qu’il veut.

Dr. Neeru Arora

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Cet article s’inscrit dans la campagne #RecitsdEnseignants de l’Équipe spéciale sur les enseignants, conçue pour mettre en avant les expériences des enseignants qui travaillent chaque jour pour que leurs élèves puissent continuer à bénéficier d’une éducation de qualité en dépit de la pandémie de COVID-19. Pour participer, consultez notre page Web dédiée.

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  • 06.05.2020

Comment travaillons-nous avec les élèves et les collègues pour assurer la continuité pédagogique malgré la crise ?

La sagesse populaire nous dit que le changement est la seule constante de notre vie, mais qui aurait pu s’attendre à un changement si drastique qu’il remette en question nos chances de survie ? L’école CNM accueille plus de 3000 élèves. Nous avons dispensé nos cours normalement jusqu’au 13 mars, date à laquelle le gouvernement nous a imposé de fermer. La réouverture était initialement prévue pour le 31 mars, mais la fermeture est maintenant prolongée jusqu’au 3 mai et des discussions sont en cours pour la prolonger encore jusqu’au 18 mai.

Le lundi 16 mars, les enseignants sont allés à l’école pour discuter de la voie à suivre et l’évaluer. Nous avons organisé de nombreuses réunions, puis nous sommes rentrés chez nous avec toutes nos ressources pour nous préparer pour les semaines suivantes. Dans le même temps, certains enseignants ont créé des vidéos pédagogiques. Nous les avons téléchargées pour les rendre accessibles à tous et les parents ont été ravis.

Le 18 mars, l’école a été fermée à tous, de telle sorte que les seuls soutiens et appuis disponibles ont été les cours en ligne organisés depuis chez nous. En 3 jours, nous avons réalisé une cinquantaine de vidéos pédagogiques, téléchargé des feuilles d’exercices et des présentations sur notre portail scolaire, mais cela ne semblait pas suffisant. Il semblait que la communication n’allait que dans un sens. Certes nous dispensions un enseignement, mais les élèves apprenaient-ils ? Avaient-ils accès aux matériels ? Y avait-il un moyen de suivre leur engagement et leur enthousiasme ?

La semaine suivante, nous avons débuté les cours Zoom pour les élèves les plus âgés et les enseignants se sont mis à créer des tranches d’une heure auxquels les élèves se sont connectés et l’apprentissage est alors devenu bidirectionnel. Nous avons pu voir nos élèves, répondre à leurs questions et télécharger des fichiers. Il restait cependant un problème. Que faire pour les élèves pour qui il était impossible de se connecter ? Comment nous assurer que ces cours d’une heure étaient à leur disposition pour qu’ils puissent les regarder de nouveau et les retravailler ? Comment afficher une évaluation après la fin d’une unité de cours pour tester les acquis ?

C’est ainsi que, tout en continuant à diffuser nos vidéos pédagogiques et nos cours sur Zoom, nous avons dû trouver autre chose pour rassembler les élèves sur une plate-forme commune. Je me suis donc connectée par LabXchange, une plate-forme en ligne gratuite qui intègre des expériences d’apprentissage et de recherche, initialement via Twitter. Le mercredi 25 mars, j’ai discuté avec Ilyana et Jessica de LabXchange, de la formation à la plate-forme et du soutien souhaité. J’ai également demandé à mes enseignants de me confirmer qu’ils étaient disposés à apprendre à utiliser cette nouvelle plate-forme. Le vendredi 27 mars, une formation a eu lieu pendant une heure et demie, s’adressant à environ 85 enseignants. Elle s’est très bien déroulée et le lendemain, nos comptes ont été créés sous le nom « École SVKM CNM » et les élèves ont été ajoutés. La plate-forme permet aux enseignants d’utiliser leur matériel virtuel en ligne et en particulier les simulations de laboratoire les plus importantes, en utilisant leurs propres matériels pédagogiques. Cela permet d’effectuer des tests et de réutiliser les matériels ; quant aux élèves, ils peuvent les revoir à tout moment. LabXchange a totalement répondu à nos besoins en matière d’enseignement et d’apprentissage.

Chaque jour, la presse et les réseaux sociaux rapportaient un accroissement du nombre de personnes infectées par le COVID-19 et la nécessité pour la population de prendre des précautions vitales. La panique est devenue un mode de vie. Nous avons voulu appuyer la santé mentale des élèves et pour ce faire, nous avons créé sur la page Facebook de l’école, des événements en direct tous les jours du lundi au vendredi, de 16 h à 16 h 30, qui nous ont permis d’aider nos élèves par le yoga, la cuisine, la musique, les jeux, les quiz et les histoires. Nous avons créé un emploi du temps pour les enseignants, indiquant à quel moment ils seraient en ligne avec leurs élèves, en compagnie d’un co-animateur, pour animer un événement dynamique et positif à travers lequel les élèves pourraient faire part de leurs sentiments à travers des commentaires et des émoticônes.

Jamais nous n’avions pensé que l’enseignement en ligne pouvait être aussi puissant que l’enseignement en face à face et qu’avec l’arrivée d’un virus, le monde entier devrait se recentrer, se réaligner et revoir la définition de la vie, du travail et du jeu. La crise nous a complètement mis à genoux, mais elle a aussi ouvert des fenêtres, pour manifester notre immense gratitude vis-à-vis de notre mère Nature et de tous les êtres humains.

 

Kavita Sanghvi

Kavita Sanghvi a été finaliste du Global Teacher Prize de la Fondation Varkey.

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Ce blog fait partie de la campagne #RécitsdEnseignants de l’Équipe spéciale internationale sur les enseignants, créée pour mettre en avant les expériences des enseignants travaillant chaque jour pour s'assurer que leurs élèves continuent de bénéficier d'une éducation de qualité malgré la pandémie de COVID-19. Les modalités de participation sont disponibles sur notre site